Le 1er janvier 2024, les BRICS (Brésil, Russie, l'Inde, Chine et l’Afrique du Sud), fondés en 2009 à l’initiative de la Russie, sont devenus les BRICS+. Quatre nouveaux pays (Les Émirats arabes unis, l'Iran, l'Égypte, l'Éthiopie) ont intégré ce club multilatéral informel de puissances émergentes prônant un nouvel équilibre des pouvoirs plus favorable aux intérêts du Sud global. Tandis que l’Arabie saoudite tergiverse, le processus d’adhésion de l’Argentine fut interrompu par l’élection de Javier Milei en tant que président de la nation. En outre, une trentaine d’autres pays ont exprimé leur souhait d’un rapprochement lors du XVe sommet des BRICS à Johannesburg les 23 et 24 août 2023.
Avant ledit sommet, les BRICS représentaient 25 % du PIB mondial, un niveau proche de celui des pays du G7 (27 %). Calculée en parité de pouvoir d’achat (PPA), cette part équivalait à 32 % du total mondial, soit un niveau supérieur à celui du G7 (30 %). Ce chiffre traduit la montée en puissance économique du groupe, même si le PIB par habitant des pays industrialisés demeure nettement supérieur. Sur le plan démographique, les BRICS représentaient 42 % de la population mondiale et un tiers de la surface planétaire.
À travers son élargissement, le groupe s’est renforcé sur le terrain géoéconomique. En intégrant deux des dix premiers pays producteurs de pétrole (Émirats arabes unis, Iran), les BRICS+ représentent désormais une part importante de la production mondiale, ainsi que de celle des réserves de gaz naturel et de charbon. En outre, ils confortent leur position de pôle agricole mondial incontournable. En effet, le groupe compte quatre des cinq principales puissances d’exportation mondiale (le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine), auxquelles s’ajoutent des pays de poids comme l’Égypte et l’Éthiopie dans les filières des agrumes ou du café.
Forts de ces atouts, les BRICS+ affichent de nouveaux objectifs en matière de réforme de la gouvernance mondiale. Dans la déclaration finale du sommet de Johannesburg, les pays membres avaient ainsi revendiqué la construction d’un « multilatéralisme inclusif » fondé sur le respect du droit international, le rôle central des Nations unies, le rejet des « mesures coercitives unilatérales » et « le droit au développement » des pays émergents. Ils avaient également exigé « une plus grande représentation des pays en développement dans les organisations internationales et les forums multilatéraux ».
Désormais, les BRICS+ exigent un renforcement du libre-échange au sein du commerce international et un accès plus important aux marchés des pays industrialisés par le biais d’une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la condamnation des « mesures restrictives » prises par les pays du Nord. Ils demandent également une réforme du Fonds monétaire international (FMI) plus favorable à leur représentation et une refonte du système de financement des dettes souveraines des pays du Sud, en vue de leur allègement ou de leur annulation. De plus, ils souhaitent la mise en place de systèmes de paiement utilisant les monnaies nationales en lieu et place du dollar afin de bousculer l’hégémonie financière des États-Unis.
Néanmoins, de nombreux défis et limites pèsent sur les orientations et le devenir des BRICS+. Ce sont notamment l’hétérogénéité et l’asymétrie économiques des divers membres, la persistance de la pauvreté et des inégalités dans de nombreux pays et le poids surdéterminant de la puissance chinoise. Par ailleurs, un risque de dilution de l’influence des pays fondateurs se profile à mesure que le groupe s’élargit et que la Chine vise un renforcement de ses soutiens au sein de l’ensemble dans sa confrontation stratégique avec les États-Unis. Pour leur part, plusieurs membres (le Brésil, l'Inde, Les Émirats arabes unis, l'Égypte) entretiennent des relations économiques, commerciales, financières, politiques, sécuritaires et militaires avec les États-Unis et les autres pays occidentaux.
Le 1er janvier 2025, les BRICS+ ont accueilli neuf États partenaires (la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l'Indonésie, le Kazakhstan, la Malaisie, l'Ouganda, l'Ouzbékistan et la Thaïlande). Lesdits États n’obtiennent pas le statut de membres à part entière, mais sont conviés aux sessions extraordinaires des sommets ainsi qu’aux réunions ministérielles. Ils peuvent ainsi contribuer aux déclarations finales et aux décisions stratégiques du groupe. Cet élargissement, acté lors du sommet de Kazan du 22 au 24 octobre 2024, renforce le poids politique et économique des BRICS+ sur la scène internationale, grâce à l’intégration de nouveaux acteurs issus de trois continents. Le club regroupe désormais 51 % de la population mondiale et génère 40,4 % du PIB global en parité de pouvoir d’achat.