Le 10 septembre 2024, Kamala Harris et Donald Trump se sont rencontrés à Philadelphie lors d’un débat frontal très attendu. La candidate démocrate s’est d’emblée avancée vers son contradicteur républicain afin de lui serrer la main dans une forme de défi. Au cours d’une joute tendue, deux visions radicalement différentes des États-Unis et du monde se sont opposées. Retour sur un moment fort de la présidentielle américaine.

Dès les premières prises de parole, les deux candidats se sont affrontés sur la situation économique du pays. Après avoir annoncé son plan de crédits d’impôt pour les classes moyennes et les petites entreprises, Kamala Harris a prédit que la hausse des barrières tarifaires voulue par Donald Trump allait créer de l’inflation, tandis que ce dernier a accusé l’administration Biden-Harris d’avoir détruit l’économie américaine. La vice-présidente démocrate a par ailleurs déclaré que Trump a laissé le taux de chômage le plus important depuis la Grande Dépression, tandis que le représentant républicain a taxé son adversaire de marxiste.

Du point de vue sociétal, Kamala Harris a assené que Donald Trump veut interdire l’avortement sans exception, y compris en cas de viol ou d’inceste. Ce dernier a répondu par des infox en accusant sa rivale de vouloir légaliser les avortements jusqu’au neuvième mois de grossesse, voire d’autoriser l’exécution des bébés après la naissance. Depuis le début de sa campagne, Harris a multiplié les prises de parole pour la défense des droits reproductifs tandis que Trump paraît tiraillé entre une opinion publique majoritairement favorable à l’IVG et ses soutiens ultraconservateurs, qui y sont farouchement opposés.

Donald Trump a également usé de fausses informations au moment d’évoquer les questions migratoires. Il a ainsi repris l’accusation fallacieuse du camp républicain selon laquelle les immigrés haïtiens mangent des chats et des chiens à Springfield, une ville de l’Ohio. David Muir, journaliste d’ABC News, a immédiatement précisé que les autorités de la ville n’ont trouvé aucune preuve des faits supposés. Répondant à cette théorie du complot par un sourire narquois, Kamala Harris a par ailleurs rappelé que l’ancien président avait fait échouer un texte de loi bipartisan permettant de renforcer la sécurité à la frontière mexicaine. Acculé, Trump a établi un lien entre l’immigration et une hypothétique criminalité croissante, allégation une nouvelle fois contredite par le journaliste d’ABC News. En effet, selon le FBI, les États-Unis connaissent une baisse du taux de crimes violents.

Sur le plan international, les deux candidats ont affiché des visions diamétralement opposées. Donald Trump a notamment avancé que le conflit israélo-palestinien n’aurait jamais eu lieu s’il avait été à la tête des États-Unis. Kamala Harris a quant à elle déploré le bilan humain du conflit et appelé à un cessez-le-feu ainsi qu’à la libération des otages, tout en rappelant le droit d’Israël à se défendre. Concernant le dossier de la guerre en Ukraine, l’ancien président républicain a fait valoir une bonne relation et une capacité de dialogue aussi bien avec Volodymyr Zelensky que Vladimir Poutine. Harris considère au contraire qu’un nouveau mandat de Trump ouvrirait la voie de Kiev à Poutine.

Les commentateurs et tout particulièrement le camp démocrate estiment que Kamala Harris a globalement dominé l’échange. Soutien de marque, la chanteuse Taylor Swift, nantie de 283 millions de followers, a immédiatement appelé au vote pour la vice-présidente sortante, qui s’est empressée de proposer un deuxième débat à Donald Trump. Malgré une apparente satisfaction de sa prestation, le représentant républicain a refusé de relever le défi. Les deux candidats vont désormais accélérer le rythme de leurs campagnes respectives et arpenter les États décisifs, les fameux swing states, en quête des voix susceptibles de les départager le 05 novembre 2024.