C’est en tout cas la conclusion de nombreux rapports des grands cabinets de consulting, l’émergence de l’hydrogène vert devrait redessiner la carte mondiale des énergies. Cette ressource est vouée à décarboner les industries très émettrices (fabrication de ciment, la sidérurgie ou encore la pétrochimie) dans les prochaines années.
Comme de nombreux pays en ce moment, la France est en pleine réflexion sur sa stratégie en la matière. Les capacités de production vont être augmentées considérablement d’ici à la fin de la décennie. La stratégie nationale de l’hydrogène a été rendue publique en décembre, et prévoit d’augmenter les installations de capacité d’électrolyse pour atteindre 6,5 GW en 2030 et 10 GW cinq ans plus tard. On peut se demander si c’est atteignable, puisqu’à l’heure d’aujourd’hui seuls 2,5 à 3 GW sont sécurisés par des projets déjà validés.
L’État compte stimuler cette production à travers la mise en place d’appels d’offres dans les deux prochaines années. Ces contrats de différence seront garantis sur 10 ans, assurant aux entreprises remportant les lots un prix compétitif par rapport à celui de l’hydrogène gris. Sur ces deux ans, 4 milliards d’euros de soutien public seront investis pour déployer 1GW d’électrolyseurs.
Malgré ces initiatives, il ne semble pas réaliste de penser que la production nationale sera suffisante.
C’est également l'avis du ministère de la transition énergétique et de nombreux acteurs de la filière, dont Philippe Boucly, président de l’association France Hydrogène. Tout comme nos voisins allemands, il va falloir se résoudre à importer mais en faisant attention de garder une certaine indépendance énergétique. Cet apport semble essentiel pour décarboner les zones industrielles, notamment celles de Dunkerque, Fos sur mer, du Havre-Estuaire de la Seine et dans la vallée de la chimie, extrêmement émettrice.
Pour cela, il faudra probablement se tourner vers le Maghreb, considéré comme l'une des régions propices à la création d’hydrogène vert. Le Maroc semble se positionner comme pionnier en la matière, comme la réaffirmer le roi Mohammed VI dans un discours en juillet dernier. Il souhaite utiliser la production nationale de cette énergie pour la création d’engrais, et en exporter une partie vers l’Europe.
On attend le rapport sur l'opportunité et les modalités d'importation préparé par l'Inspection générale des finances (IGF), l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) et le Conseil général de l'économie. Demandé par le gouvernement, il devrait être rendu publique dans les prochains mois.
Parmi tous les types d’hydrogène, un autre semble apparaître comme un vecteur énergétique pour le futur : L’hydrogène blanc.
Cette ressource à faible émission carbone, qui résulte de l’interaction naturelle entre l’eau et les roches, est avantageuse tant sur le plan environnemental qu'économique, avec un prix inférieur à un euro le kilo. L'hydrogène blanc représente une opportunité prometteuse pour la France, notamment à la suite des modifications législatives d’Avril 2022 qui ont acté son intégration au code minier. Le premier permis d’exploration a été obtenu début décembre par la société TBH2 Aquitaine pour chercher de l’hydrogène natif dans les Pyrénées Atlantiques. Cette initiative a été suivie par quelques demandes soumises dans d’autres régions françaises.
Cette source d’énergie suscite un engouement récent, alors que le seul gisement exploité aujourd’hui est celui de Bourakébougou au Mali. Des forages sont également en cours au Brésil, en Islande, et en Australie ou plus d’une trentaine de permis ont déjà été donnés. Aux États-Unis, la Natural Hydrogen Energy fore déjà depuis 2019 dans le Nebraska, et un consortium réunissant l’Institut d’études géologiques des États-Unis, l’École des Mines du Colorado et des grands groupes pétroliers (Shell, BP et Chevron) évaluent le potentiel du pays.
À suivre…