La persistance des actes d’inclinaison homosexuelle au travers du temps et le blâme auquel l’homosexualité continue d’être sujette à pousser les scientifiques à s'interroger sur ses origines et sa validité parmi les formes de sexualité qui répondent essentiellement aux normes hétérosexuelles.
Les théologiens, psychanalystes et politiciens ont aussi argumenté sur la question -en faveur ou pas de l’homosexualité- aux fins de solutionner les difficultés qui pèsent sur la communauté LGBT.
De nombreuses actions ont été menées, encouragées, entre autres, par des femmes et des hommes qui se reconnaissent comme homosexuels et qui revendiquent leur liberté et leur droit à la différence.
Jauger l’homosexualité à la lumière de la science
Comme l’affirmait Ambroise Tardieu au XIXème siècle, l’homosexualité, au même titre que toutes les pratiques, ne doit être oubliée par la science.
Dès lors, on s’est intéressé à l’aspect biologique et psychologique de ce phénomène. En France, jusqu’à la seconde guerre mondiale, on employait les médecines pour expliquer le fait qu’on devienne homosexuel. L’aspect psychique était une spécialité plutôt allemande.
D’un point de vue biologique, les comportements homosexuels s’expliquent de l’ordre de 1% par cinq variantes génétiques. Néanmoins, ces dernières ne suffisent pas pour prédire qu’un individu commettra des pratiques homosexuelles, car certaines personnes les détenant ne passeront pas à l’acte au cours de leur vie.
Donc l’homosexualité s’expliquerait, en partie, par des facteurs génétiques, la partie que l’on connaît le moins bien, selon Jacques Balthazart, chercheur belge, auteur de Biologie de l’homosexualité. On naît homosexuel. On ne choisit pas de l’être.
Le facteur environnemental et le fait que l’homosexualité soit corrélée à des troubles psychiques n'est pas non plus excluable.
Des études ont même révélé des spécificités anatomiques chez les homosexuels. Des imageries cérébrales ont permis de déceler des similitudes entre femmes lesbiennes et hommes hétérosexuels et entre hommes gays et femmes hétérosexuelles. Études restant incomplètes au regard des recherches manquantes en neurobiologie.
Autre spécificité : l’index et l’annulaire serait de taille égale pour les femmes hétérosexuelles et gays et inégale chez les hommes hétérosexuels et lesbiennes.
Les chercheurs ont récolté plus de données en hormonologie et ont pu déterminer, par des analyses, que l’homosexualité était en lien avec un désordre hormonal au stade prénatal. Lorsque la gestante était exposée à un fort stress, le taux de testostérone s’accroissait chez les filles tandis que chez les garçons, il s’affaiblissait.
En théologie, en politique et en psychanalyse
L’homosexualité est condamnable aussi bien dans l’Ancien que le Nouveau Testament. Cela est péché et est aussi sanctionnable que l’adultère et l’inceste.
Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. (Lv 18,22) Mais aussi : 1 Tm 1,9-10 : La loi n’a pas été instituée pour le juste mais pour […] les impudiques, les homosexuels, les trafiquants d’hommes, les menteurs, les parjures, et pour tout ce qui s’oppose à la saine doctrine.
Néanmoins, l’un des quatre courants de l’Église chrétienne : le courant modéré, bien que condamnant la pratique de l’homosexualité, prêche l’amour du prochain quel qu’il soit.
L’Église protestante, aux États-Unis et ailleurs, célèbre les unions homosexuelles depuis les années 70 tandis que d’autres ne conçoivent nullement que les personnes homosexuelles puisse être traités comme les hétérosexuels.
Aussi longtemps que l’Église a été au pouvoir, l’homosexualité a été sanctionnée durement : amputation des parties génitales, bûcher, « fer », destitution des droits canoniques, etc.
Jusqu’au milieu de l’année 1982, l’homosexualité était encore pénalisée. Tout acte impudique ou contre-nature avec un mineur du même sexe donnait suite à des poursuites judiciaires. L'acte homosexuel était considéré comme un outrage public à la pudeur.
Le 4 août 1982, François Mitterrand dépénalise l’homosexualité. Le 15 septembre 1999, le parlement vote le Pacte civil de solidarité (Pacs) : un statut pour les couples du même sexe. Le 5 juin 2004, Noël Mamère, écologiste, célèbre le premier mariage homosexuel.
Un mariage qui n’était pas du goût du maire de la commune des jeunes pacsé(e)s, mais aussi d’autres maires après lui (Bollène Marie-Claude Bompard).
Une aberration sexuelle ! Comme le jugerait le père de la psychanalyse. Pour Freud, plus qu’une maladie, lit-on dans un article de la Revue d’Histoire des Sciences Humaines, l’homosexualité est plutôt une aberration sexuelle, considérée comme une variation de la fonction sexuelle, provoquée par un certain arrêt du développement sexuel.
Selon lui, c’est la relation parents-enfant qui expliquerait cette déviance sexuelle. L’organisme et l’hérédité n’y seraient pas pour grand-chose. Cette théorie fut soutenue jusqu’à la naissance de la sexologie en 1960.
Des témoignages qui se veulent instructifs
La sexologie étudie les comportements sexuels depuis la révolution sexuelle des années 60-70. La sexualité est détabouisée et de plus en plus de personnes s’affirment sexuellement.
Pour les homosexuels, on appelle cette prise de conscience : le coming in ou autonomination. Que nous apprennent-ils sinon que leur inclinaison pour un ou des partenaire(s) du même sexe ne relève pas d’un choix ? Xavier Bettel, dirigeant de l’UE et marié à une personne de même sexe en a clairement témoigné, lors d’une prise de parole : l’homosexualité, ce n’est pas un choix : tu nais comme cela.
Mais l’acte, lui, relèverait-il d’un choix ? Oui, selon l’avis de plusieurs personnalités dont Éric Zemmour qui a déclaré sur la chaîne CNews : on assume ses choix : soit on couche avec l’autre sexe et on fait des enfants, soit on ne couche pas avec l’autre sexe et on n’a pas d’enfants.
Éprouver des sentiments ou du désir pour un ou des partenaire(s) du même sexe est une manifestation non dissociable d’une inclinaison inopportune qu’il siérait de combattre. Voici ce qu’en dit le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord :
La simple existence d’une envie ou d’une inclination n’est pas une indication qu’il s’agit d’un désir positif, ni une licence ouverte pour cultiver ce désir ou agir en conséquence (…). L’essence de notre religion repose sur le contrôle de nos pulsions et sur le fait de les aligner à la Chariʿah ; l’envie elle-même ne définit pas une personne, et vaincre les envies qui sont contraires à notre foi est une manifestation évidente de la piété.
Si passer à l’acte traduit une conduite pécheresse et qui plus est relève d’un choix, que penser d’une relation homo-hétérosexuelle ? Selon certains coachs love, la vie sexuelle manquerait d’inventivité, de communication et regrouperait bien souvent des rapports assez « basiques » c’est-à-dire que l’on n’écouterait pas les désirs et les attentes de l’autre. Il y aurait de la tendresse et de l’attention, mais il manquerait une fusion sexuelle, une excitation, une envie…
On peut considérer qu’il faille faire montre d’équité et penser enfin à officialiser un cadre légal pour les personnes homosexuelles souhaitant faire vie commune. Le pape François y avait encouragé les institutions politiques en ces termes :
Les personnes homosexuelles ont des droits à être dans une famille, ils sont enfants de Dieu, ils ont le droit à une famille. On ne peut pas expulser quelqu’un d’une famille ou lui rendre la vie impossible pour cette raison. Ce que nous devons faire c’est une loi d’union civile, car ils ont le droit à une couverture légale. C’est ce que j’ai défendu. Un projet parmi d’autres qui viendront à être pensés pour fermer le dossier, mais aussi des résistances toujours effectives quoi que dépourvues de leurs premières rudesses.