Le 05 novembre 2024, Donald Trump a réalisé l’un des plus grands retours de l’histoire politique mondiale en battant sa rivale démocrate, Kamala Harris, à l’élection présidentielle des États-Unis. Seul chef d’État américain à avoir été visé par deux procédures de destitution, Trump est devenu le premier depuis plus d’un siècle à remporter deux mandats non successifs. Ce retour est d’autant plus remarquable que sa troisième campagne fut marquée par deux tentatives d’assassinat, quatre inculpations et une condamnation pénale.

D’après de nombreux observateurs, la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle s’est jouée en priorité sur l’économie. Si le chômage demeure à un niveau historiquement bas aux États-Unis et que la croissance progresse à un rythme soutenu, l’inflation constitue un sujet de préoccupation majeure pour le peuple américain. En effet, les prix ont grimpé de 20 % depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier 2021. Cette situation fut provoquée par les difficultés d’approvisionnement mondiales liées à la sortie de la crise du Covid-19 et alimentée par les généreux plans d'aides et d'investissements voulus par le président démocrate.

Après le pic des années 2021 et 2022, l’inflation est certes redescendue en 2024 à un taux équivalent à celui d'avant Covid. Cela n’a pas empêché Donald Trump d’attaquer Kamala Harris sur le sujet en invoquant son incapacité à résoudre le problème. Son discours a influencé les électeurs car 55 % des Américains font davantage confiance au nouveau président en matière d'économie, selon un récent sondage.

En matière économique, Trump fait du protectionnisme son cheval de bataille. Il compte ainsi taxer massivement les produits à l'import et augmenter les droits de douane. Ces taxes risquent néanmoins d’aggraver l’inflation et de pousser les États étrangers à imposer des mesures de réciprocité. En outre, les États-Unis importent la plupart des denrées alimentaires qu'ils consomment. Les soutiens du président élu affirment pour leur part que les suppressions de taxes et les mesures de dérégulation prévues pour les entreprises vont au contraire stimuler la croissance et les investissements. Ils estiment également que la promesse d'accroître la production d’énergie sera efficace pour faire baisser les prix.

Concernant la question migratoire, Donald Trump s’est toujours affiché en faveur de politiques plus strictes, telles que la construction d'un mur le long de la frontière mexicaine ou les déportations de millions de clandestins. L’un de ses principaux arguments de campagne fut de taxer l’administration Biden de laxiste en la matière. En effet, le nombre d’arrivées illégales aux États-Unis a fortement augmenté durant le mandat du président sortant.

Selon certaines analyses, les déportations massives coûteraient des centaines de milliards de dollars. En outre, elles pourraient également avoir une conséquence sur les prix des denrées alimentaires car le secteur agricole américain, confronté à des pénuries constantes de main-d'œuvre, repose principalement sur les travailleurs immigrés, dont la moitié environ est sans papiers.

Tandis que Donald Trump a pilonné l’action des démocrates sur les plans économique et migratoire, Kamala Harris a échoué à rassembler les minorités autour de sa candidature, en réalisant de moins bons scores que Joe Biden en 2020. Harris a ainsi fait un point de moins que le président sortant chez les électeurs noirs, douze points de moins chez les électeurs hispaniques, cinq points de moins chez les 18-29 ans et trois points de moins chez les femmes, selon les sondages à la sortie des urnes. En parallèle, Trump a gagné des électeurs dans presque toutes ces catégories. S’il n’a recueilli que 12 % du vote noir, comme en 2020, il a en revanche progressé de treize points chez les électeurs hispaniques, de six points chez les 18-29 ans et de deux points chez les femmes.

L’échec de Kamala Harris pour recueillir le suffrage des femmes est d’autant plus cuisant qu’elle avait fait de la défense de l’avortement son axe principal de campagne, en multipliant les discours et en promettant une loi fédérale qui garantit le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Néanmoins, la candidate démocrate n’a pas réussi à imposer ce thème lors de la présidentielle. Loin derrière l’économie et l’état de la démocratie, l’avortement est arrivé en tête des préoccupations pour seulement 14 % des électeurs, selon les sondages à la sortie des urnes.

Le 24 juin 2022, la Cour suprême a annulé l'arrêt Roe v. Wade qui protégeait depuis 1973 le droit à l'avortement dans tout le pays. Une vingtaine d'États ont dès lors institué des lois strictes et plusieurs d’entre eux ont introduit des restrictions sur le franchissement des frontières pour procéder à des interruptions de grossesse. Ces mesures suscitent l’inquiétude des spécialistes, car les États ayant des lois restrictives sur l'avortement comptent des taux de mortalité maternelle bien plus élevés que ceux où l'accès est plus facile.

Sur le plan environnemental enfin, Donald Trump a promis de revenir sur les mesures de protection mises en place par Joe Biden et d'en bloquer de nouvelles, tout en demandant aux dirigeants du secteur pétrolier de lever un milliard de dollars pour sa campagne. Trump s'est par ailleurs engagé à développer la production d'énergie nucléaire et à mettre fin au Green New Deal. Il a également réaffirmé sa volonté de quitter l'accord de Paris sur le climat de 2015, comme il l'avait fait lors de son premier mandat. La mesure avait été annulée par Biden en 2021 dès son arrivée à la Maison blanche.