Chloé Vancaeyzeele, alias @qdvchlo sur Instagram, c’est l’histoire d’une jeune femme qui, à la question «qu’est-ce que tu veux faire de ta vie ?» a répondu «comment je suis censée choisir si je ne teste pas ?».

Infatigable touche-à-tout, créative invétérée et multi-passionnée, Chloé est d’abord passée par la case «école de commerce», avant de réaliser que cela ne comblait pas sa soif d’aventure, de liberté, de créativité et de nouvelles expériences. «J’avais l’impression de ne pas exploiter pleinement mon potentiel et les forces de ma personnalité, et à la fois, j’avais la sensation qu’il était si compliqué de lancer des projets artistiques !».

Mais comment faire lorsqu’on n’a pas une passion, mais des dizaines ? Quand la liste de ce qui nous intéresse pourrait remplir plusieurs carnets ? Chloé, elle, décide d’aller jusqu’au bout de ce qui la caractérise. Quitte à être polyvalente, autant l’être à fond. Elle compte bien tester tous les projets dont elle a toujours rêvé et nous emmener avec elle dans ses tribulations. L’idée ? Elle dispose d’un pot de confiture rempli de petits papiers sur lesquels figurent les noms de tous les métiers qu’elle aimerait tenter. Tous les deux ou trois mois, il ne lui reste plus qu’à en piocher un pour savoir en quoi elle se transformera dans les semaines à venir. Un projet très challengeant, qui lui permet de laisser cours au destin tout en la canalisant, car elle doit rester concentrée à 100% pendant quelques semaines.

À l’heure où le taux de réorientation au sein des études supérieures explose, c’est une démarche qui résonne chez de nombreux jeunes. La jeune femme, qui compte désormais plus de 56.000 abonnés sur Instagram, raconte : «Au début, je me suis dit que j’allais partager et montrer mes résultats, comme dans un journal de bord ou un Portfolio qui retracerait tout ce que j'ai fait, et puis quand j’ai commencé à poster, j’ai eu plein de retours de personnes qui avaient le même parcours que moi».

Un aspect fédérateur qui, en plus de l’encourager, donne un relief inattendu à ses défis. En continuant de piocher une nouvelle activité professionnelle tous les trois mois, Chloé montre qu’il s’agit d’explorer pour trouver sa zone de génie. Un message d’autant plus important quand on sait la difficulté croissante qu’ont les jeunes à s’orienter, que ce soit après le baccalauréat ou à la sortie de leurs études.

Au fil de son parcours, Chloé a expérimenté ce sentiment de perte de sens, d’inutilité. Ce qui pèche, selon elle, c’est d’abord la présentation des métiers dans l’éducation secondaire. On colle sur les filières des étiquettes de métiers peu diversifiées et on restreint les perspectives d’avenir à des branches beaucoup plus minces que ce qu’elles sont en réalité. Les «S» sont destinés à devenir médecins, les «L» seront profs de français et les «ES» iront en école de commerce : autant de suites logiques, pourtant si réductrices par rapport à la diversité des corps de métier.

Pour Chloé, il faudrait au contraire attirer l’attention des élèves sur toutes les professions et leur expliquer que de nouveaux métiers sont en train d’apparaître. Selon ses mots, «aujourd’hui, on est tous un peu entrepreneurs... et donc, on est tous un peu plus des génies !». En outre, il s’agirait d’encourager les élèves à choisir un métier plutôt que des études, pour rétrocéder à ces dernières leur vocation initiale : donner à l’étudiant(e) les outils qui lui permettront d’exercer le métier auquel il ou elle aspire. En somme, substituer aux longs discours sur les débouchés des questions comme «qu’as-tu envie et besoin d’apprendre pour accéder à ce qui te plaît vraiment ?». Ce qui semble être la condition sine qua non pour que les études ne soient plus vécues comme une contrainte, mais comme la chance de recevoir une formation qui nous permettra, à terme, d’accéder à nos ambitions.

Vous l’aurez compris : le but de Chloé, c’est de montrer les débuts, ceux que l’on ne montre jamais, pour prouver à quel point le champ des possibles est large. D’ailleurs, pas question pour elle de se résigner à ne choisir qu’un seul métier : ce qui la fait vibrer, c’est d’imaginer une carrière où elle pourrait toucher à tout ce qui lui plaît.

À l’heure où ces mots sont écrits, Chloé a donc été peintre, graphic designer, photographe au Mexique et agricultrice - entre autres. Sur son compte Instagram, vous la verrez piloter une moissonneuse, créer une collection de tee-shirts, fabriquer des pâtes, et même traverser la Méditerranée en voilier. Avis aux multi-talentueux, aux «hors-cases» et aux éclectiques maladifs : les péripéties de ce «Martin Matin» moderne sauront vous redonner foi en vos potentialités !

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