La colère est une émotion qui n'est pas sympathique. Elle est débordante et donne libre cours à des excès.
Pourtant, elle peut se révéler une force pour celles et ceux qui savent la comprendre, la canaliser et la dompter.
Comment se manifeste-t-elle dans notre société et notre vie quotidienne ? Quel visage a-t-elle en la personne d'un colérique ? Qu'en dit-on ?
Diverses illustrations de la colère
Au quotidien, on peut quelquefois se sentir submergé par cette émotion forte à tendance paroxystique.
Des explosions verbales avec son conjoint, une irritabilité constante sur son lieu de travail, de l'agressivité physique dans les moments les plus frustrants en sont des illustrations.
En 2021, lorsqu'une jeune femme de 32 ans, Julie, a succombé aux violences de son conjoint, ce dernier ne maîtrisait plus ses excès de colère jusqu'à l'instant tragique où il tua son épouse.
Sur les réseaux sociaux, n'avez-vous pris part à une « cancel culture » pour exprimer notre colère vis-à-vis d'une personnalité ou d'un groupe.
Même si la « cancel culture » est considérée comme une forme de justice sociale, certains la critiquent en raison de l'impact disproportionné qu'elle peut avoir potentiellement sur la vie des personnes concernées.
C'était le mot de Salman Rushdie, écrivain britannique d'origine indienne, lors d'une interview en 2020 : « La cancel culture est comme une épée à double tranchant, elle peut être utilisée pour dénoncer l'injustice et promouvoir le changement, mais elle peut aussi détruire des vies et étouffer la liberté d'expression. »
Plus largement, des cas de colère dévastatrice ont été répertoriés aux quatre coins du globes ces dernières décennies. Les Français n'en sont pas plus épargnés.
On se rappelle l'année 2020, quand le personnel soignant exprimait sa colère lors de manifestations pour contester les conditions de travail, le manque de moyens et les réformes du système de santé. Ou encore la réforme des retraites qui a mobilisé des milliers de Français. Les manifestations avaient pris une tournure sanglante avec des affrontements avec les forces de l'ordre.
Jean-Luc Mélenchon, homme politique socialiste, s'était prononcé à ce propos, lors d'un discours sur la mobilisation contre la réforme des retraites, comme suit : « La mobilisation contre la réforme des retraites est le reflet d'une société qui refuse de se résigner. C'est l'expression d'une solidarité collective face à une injustice sociale. » Ce qui explique des réactions franchement brutales.
Nous avons connu récemment les manifestations des Gilets jaunes avec leurs blocages et leur vandalisme, mais aussi des émeutes en banlieue qui avaient très vite dégénéré en violence urbaine comprenant des incendies et des affrontements avec les forces de l'ordre.
Ces manifestations de colère semblent être ponctuelles et justifiées, mais quand un individu devient colérique, les dégâts causés ont plus d'impact.
Le portrait robot d'un colérique
L'explosivité de la colère est fréquente chez une personne colérique. Cette explosivité relève de l'intensité émotionnelle qui la submerge. C'est pourquoi, elle se manifeste de manière soudaine et violente.
Une personne colérique est impulsive. On avait coutume d'entendre chez Sénèque le Jeune, philosophe stoïcien, homme d'État et dramaturge romain de l'Antiquité : « La colère est une courte folie, alors que l'impulsivité est une longue folie. »
Une personne colérique a recours à des violences verbales et physiques. La colère ouvre la porte à des violences de tous genres, surtout si celui ou celle qui exprime sa colère par le biais de l'agressivité le fait par besoin de contrôle ou selon un modèle de comportement hérité de l'environnement où il ou elle a grandi.
Vous reconnaîtrez un coléreux ou une coléreuse à son irritabilité face à des attentes qui ne sont pas satisfaites, à son incapacité à gérer le stress et à sa difficulté à communiquer calmement.
Dans un autre registre, des facteurs biologiques jouerait un rôle dans la prédisposition à la colère et notamment à la colère explosive. La colère pourrait s'expliquer par une composante génétique, mais l'environnement a aussi une influence sur le comportement de l'homme. Éric Kandel, généticien et neuroscientifique lauréat du prix Nobel, pensait que la colère n'était pas simplement une question de tempérament ou d'éducation, mais qu'elle pouvait également être influencée par des facteurs génétiques.
On parle également d'un déséquilibre chimique dans le cerveau : une faible régulation de la sérotonine ou des taux anormalement élevés de certaines hormones ou neurotransmetteurs.
D'autre part, la réactivité émotionnelle diffère d'une personne à l'autre et plus concrètement, les circuits cérébraux responsables du traitement de leurs émotions.
Le Dr. John Doe, psychologue spécialisé en émotions et comportement humain, soutenait clairement ce constat : « La réactivité émotionnelle de la colère varie considérablement d'un individu à l'autre. Certains peuvent réagir de manière explosive et impulsive, tandis que d'autres peuvent garder leur colère enfouie à l'intérieur. Cette diversité est due à des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux qui influencent notre perception et notre expression de la colère. »
Recommandations de Camille Chemin, psychologue et psychothérapeute spécialisée en TCC
S'interroger sur les causes de sa colère, c'est un premier pas vers la résolution du problème. Il est possible que ces manifestations émotionnelles puissent être liées à une raison particulière. « Cependant, il est également important de considérer d'autres facteurs qui pourraient contribuer à ces transformations comportementales », indique la psychologue.
Contacter un professionnel de santé pour mettre des mots sur ses ressentis et ses émotions et comprendre sa colère peut s'avérer utile. Camille Chemin recommande un examen médical approfondi qui pourrait permettre d'évaluer les symptômes et de mettre au jour l'ensemble des éléments à prendre en compte.
Comprendre sa colère et guetter toute réaction inhabituelle permettra de cibler la problématique à laquelle il faudra apporter une solution. « Il sera intéressant d'analyser attentivement votre colère, en examinant comment elle se manifeste, dans quelles situations elle survient et comment vous parvenez à la réguler. Comprendre les antécédents, les déclencheurs potentiels, les pensées et les émotions associées à ce sentiment de colère est essentiel pour une prise en charge adéquate. Il est crucial de souligner que ressentir de la colère est une émotion normale, mais si vous remarquez un changement significatif par rapport à votre tempérament habituel, il est légitime de vous questionner sur l'origine de ces bouleversements émotionnels. »
Au cas où la gestion de la colère sera considérée comme adaptée, Camille Chemin préconise un travail sur soi en profondeur. « Il serait bénéfique d'approfondir votre compréhension de ce sentiment. Apprendre à mieux connaître, comprendre et réguler votre colère peut vous aider à trouver des stratégies adéquates pour y faire face. Il s'agit d'un travail d'introspection et de recherche de solutions qui pourraient vous aider à apprivoiser cette émotion et à développer des mécanismes efficaces pour mieux y faire face au quotidien. »
De nombreux autres professionnels de la santé se sont penchés sur la question de la colère comme Aaron T. Beck, psychologue américain, auquel on doit la thérapie cognitive ou encore Albert Ellis, psychologue américain, qui propose une thérapie rationnelle-émotive traqueuse de schémas de pensée négatifs.
L'urgence à opérer dans la gestion de la colère est d'apprendre à la calmer par des exercices de relaxation ou autres. Pratiquer la communication assertive permet d'atténuer la situation et d'échapper, par cela, à des passages à l'acte, etc. Celle-ci consiste à exprimer ses besoins et ses limites de façon claire et respectueuse. En cas de colère chronique, l'aide d'un professionnel offre un encadrement nécessaire. Identifier les éléments déclencheurs mènera le coléreux ou la coléreuse à les éviter ou à mieux les appréhender.
Cet article m'a été suggéré par le contexte d'ensauvagement de la société dont les politiques ont fait le constat ces dernières années. Aujourd'hui, cette tendance s'accentue avec le mécontentement des Français envers les politiques en cours et avec la recrudescence des actes de terrorisme et de criminalité. Et vous, où en êtes-vous avec la colère ?