Pourquoi tu m'appelles Carine avec un C alors que j'm'appelle Karine avec un K ?
(Camille, Jeannine 2)
Je travaille principalement dans la formation, et ce depuis plus de 20 ans, J’ai commencé en 2002 dans le sud de la France. Et cette ancienneté m’a permis d’observer les évolutions dans les approches pédagogiques, mais aussi les évolutions dans les comportements des apprenants… Lors de mes articles précédents articles, j’ai traité des évolutions des premières, et dans cet article, je vais traiter des secondes.
La grande différence de ces dernières années réside dans plusieurs phénomènes, qui peuvent converger vers une « screenisation » de la formation et de l’enseignement. Le premier phénomène réside dans l’apport au sein des salles de classe des ordinateurs portables et des téléphones pour les apprenants, et aujourd’hui même des tablettes pour les collégiens. Le téléphone est devenu un accessoire indispensable à avoir partout avec soi - pass sanitaire oblige-, puis autres applications qui ont suivi, banque, santé, etc.
Le second phénomène est l’existence du distanciel dans la formation, que ce soit pour de l’individuel ou du groupe. Ce phénomène, qui n’était pas envisageable alors, ou encore dans des cas très particuliers, et si vraiment on ne pouvait pas faire autrement, est que le télétravail est devenu pour un temps, un quotidien obligatoire. Bien obligés donc de trouver des solutions pour que la formation et l’enseignement continuent, et cela a été bien utile et pratique d’ailleurs !
Le tout faisant, nous nous retrouvons aujourd’hui avec une sur-présence des écrans dans nos salles de cours, où les formateurs se retrouvent à faire des sondages digitaux en face d’une classe en présentiel… je ne vois vraiment pas l’intérêt …
On se retrouve avec des apprenants qui ont des ordinateurs connectés sur l’intelligence artificielle, internet, et tous leurs comptes persos… Comment savoir s’ils suivent le cours ? Le formateur se retrouve à faire le clown devant une salle de classe où certains peuvent faire des commandes sur des sites, ou encore jouer en réseaux… Comment le savoir ? Ils ont besoin de l’ordinateur pour travailler paraît-il ? Et à côté de cela, vous leur demandez de prendre un stylo, personne n’a de stylos.
J’ai demandé à une classe de niveau master de venir avec des cahiers et des stylos, je me suis fait lyncher. Voilà où nous arrivons ! Je ne m’oppose pas au changement, à condition que celui-ci n’écrase pas tout sur son passage, et si celui-ci est justifié, et si celui-ci est ouvert !
Nous sommes donc à une époque où les élèves adultes viennent en cours sans stylos, et refusent de prendre des notes sur des cahiers. Et tout cela, nos élèves le paieront, car à force de ne pas écrire avec un stylo, eh bien on ne sait plus prendre de notes. De plus, il a été prouvé que le cerveau retient mieux ce qui est noté à la main !
On se retrouve aussi avec des impératifs de qualité qui requièrent que les supports pédagogiques soient déposés dans des plateformes. Cela est très bien car les apprenants bénéficient de leurs supports en ligne, et cela cadre et contrôle ce qui est déposé, mais après … que deviennent ces supports ? Quid de la propriété intellectuelle relativement à ces supports ?
Nous sommes à une époque où le distanciel prend le pas sur le présentiel, où les personnes communiquent plus facilement par email que par téléphone.
Pourtant, la qualité relationnelle est, et restera dans l’échange humain, et aucun écran ne pourra remplacer cette qualité impalpable, car l’humain est irremplaçable, et bien fort heureusement !