Pourquoi tu m'appelles œuf coq alors que je m'appelle omelette ?
(Camille, Jeannine)
Mon activité principale est celle de la formation, et je l'exerce depuis plus de deux décennies… oops ! Et cette ancienneté m'a permis d'observer les évolutions dans les approches pédagogiques, mais aussi les évolutions dans les comportements des apprenants…
Dans cet article, je vais aborder les évolutions des pratiques pédagogiques, et dans l'article suivant celles des comportements des apprenants…
Pour ce qui concerne donc les premières, la digitalisation s'est immiscée peu à peu, puis de façon assez imposante, dans les techniques d'apprentissage, et pas forcément pour le meilleur. Évidemment, les formations en direct tout en étant en distanciel, comme cela est appelé, permettent aux personnes d'être connectées géographiquement et donc aux apprenants de bénéficier d'une formation dont elles n'auraient justement pas pu bénéficier sans ces possibilités technologiques incroyables. Et c'est formidable. De plus, de nombreux outils digitaux permettant aux formateurs qui s'en donnent la peine de proposer des activités ludiques, et pas seulement un format descendant qui devient vite barbant quand il s'agit pour l'apprenant de rester en face d'un écran toute la journée.
Par contre, je suis beaucoup plus réservée lorsque des modules de formation se font appeler « formation », alors que ce ne sont que des vidéos et transcriptions laissées à la « flexibilité » et au loisir de la personne formée… Elle a bon dos, la flexibilité !
Il y a une quinzaine d'années, certains organismes de formation, et parfois connus, avaient trouvé le système de laisser les stagiaires en « autonomie » derrière des logiciels d'apprentissage ludiques, avec un formateur pour 6 à 8 apprenants qui tournait dans la salle… que d'économies !… Pourquoi aller dans un centre de formation, si c'est pour se retrouver derrière un ordinateur avec un logiciel que l'on pouvait se procurer soi-même.
Ce sont ces mêmes organismes de formation qui proposent les plateformes digitales sans interactions avec des formateurs… le seul but étant de générer du chiffre d'affaires et des revenus automatisés.
Tout comme dans une salle de sport où l'on prend un abonnement annuel et où l'on est motivés au début, si on n'a pas un but final précis, et si on n'a personne pour nous pousser, la plateforme reste accessible sans que l'utilisateur ne l'utilise finalement… en attendant, l'organisme de formation a vendu sa formation préparée d'avance, et a encaissé de l'argent sans que le participant n'ait été formé ! et le même organisme de formation le sait parfaitement. Et c'est ce qui me gêne vraiment dans ce système, car en définitive, dans ce modèle la fonction première n'est pas celle de la pédagogie, mais bien celle de l'argent… La pédagogie est un moyen pour l'organisation de générer de l'argent, et le but n'est pas celui de former malheureusement.
Point de formation sans interactions réelles avec le formateur, et je ne parle pas de vidéos, mais d'échanges concrets, réels, que ceux-ci soient d'ailleurs en présentiel, en distanciel ou par téléphone. Ces outils digitalisés informationnels sont efficaces pour une infime partie de la population qui est capable de s'auto-motiver, et qui tout comme un sportif capable de faire son sport à la maison, sur son propre tapis, et n'a pas besoin de payer son abonnement, l'apprenant automotivé n'a pas besoin de payer une formation qu'il accomplira en totale autonomie… pourquoi aller payer pour quelque chose que je suis capable de faire moi-même ? Et pourquoi aller payer, si au final, je ne serai pas utilisateur.
La formation est un secteur idéal pour générer des revenus automatisés d'ailleurs. On crée des vidéos, des supports, et puis ensuite on paie des as du marketing digital, et puis on peut se faire dorer la pilule sur son bateau en attendant que les revenus passifs tombent. J'exagère à peine !
Pourtant, en France, il y a eu un durcissement des procédures administratives pour éviter ce genre d'abus, système de qualité appelé « Qualiopi », système payant pour avoir le label… payant, est-ce normal ? voilà un autre débat… La somme des papiers demandés pour obtenir le label freine toute personne qui voudrait se lancer, et est-ce que cela empêche vraiment les organisations aux mauvaises intentions de proposer des coquilles vides ? Peut-être y a-t-il eu un peu de ménage… peut-être, mais quand on connaît les rouages du secteur, il est tellement facile de les contourner. C'est peut-être moins facile qu'avant… mais si l'intention est de générer du chiffre, tous les systèmes de qualité pourront être mis en place, les stratégies derrière seront également adaptées. De plus, l'intelligence artificielle est devenue tellement puissante… et on en vante tellement les mérites… Nous ne sommes à l'abri de rien !
C'est pourquoi, le présentiel doit reprendre sa place de roi qu'il est, car les échanges, les interactions, le vivant ne peut être piraté par je ne sais quel arrangement !
La qualité de la formation en présentiel et l'expérience de la salle de formation est unique et irremplaçable. Je défends ces valeurs, et continuerai de le faire en demandant aux personnes de prendre des cahiers, d'écrire, de vivre leur expérience par le mouvement, par l'écriture par l'expérience irremplaçable, et de marquer leur formation par de l'inoubliable ancré dans de l'ADN. Engagement. Vrai !