António Vieira a dit qu'« il n'y a pas de plus grand pouvoir au monde que le temps : tout est sujet, tout change, tout finit ». Mais pourquoi voir les choses ainsi ? N'est-ce pas aussi le temps qui allume la lumière de tous les commencements ? N'est-ce pas aussi le temps qui nous apprend à valoriser les choses, qui les rend si importantes ?
Le temps n’est rien d’autre que ce que nous en faisons, même si cela signifie vouloir le passer à nous souvenir du temps lui-même. Et accepter qu’il faut de la patience pour comprendre que tout a son temps, que tout vient en son temps et qu’il faut lui donner le temps nécessaire. Lui donner le temps. Naître, germer, fleurir et replanter. Il faut accepter le cycle de la vie, respecter l'écoulement du temps, observer le temps qui passe. Et attendre le bon moment, pour planter et récolter, pour agir et suivre, pour apprendre. Le temps est le plus grand professeur, la plus grande leçon, rien qu’en existant. Il y a ceux qui disent que le temps guérit tout et répare tout, et il y a ceux qui pensent que le temps est responsable de la réparation du temps lui-même.
Bien sûr, le temps fait parfois mal, mais si ce n’était pas le cas, quelle serait sa magie ? D'où viendraient les souvenirs, les moments, les souvenirs ? De quoi vivrions-nous si nous n’avions pas le temps ? Se souvenir, aimer et profiter à nouveau. Françoise Sagan a déclaré que « mon passe-temps favori est de laisser passer le temps, de profiter du temps, de perdre du temps, de connaître des échecs ».
Il n’y a pas de temps perdu, il y a du temps vécu. Il n’y aurait presque rien sans le temps, sans voir passer les heures et les minutes ou sans même les remarquer quand on vit tant.
Mais le temps ne peut être apprécié que s’il est respecté. Il faut respecter le temps, le temps où le passé met du temps à s'écouler, accepter le présent et espérer l'avenir. Ce temps qui vient et revient, qui naît et se souvient.
Parfois, nous avons envie d’embrasser le temps, comme un historien qui veut comprendre plusieurs siècles dans une seule époque. Jusqu'à ce que tu réalises que tu n'as pas compris depuis un moment. Il y a du temps qui passe simplement et qui vit simplement en nous. Et parfois on a envie d’arrêter le temps, d’aller et venir, de jouer avec le temps. Jusqu'à ce que vous compreniez que seul le temps peut jouer avec le temps. On ne peut que le regarder, l'aimer pour son passage si fluide et si intense.
Il faut du temps pour aimer le temps, le monde, les gens. Nous devons donner du temps pour que cela se produise. Antoine de Saint-Exupéry nous rappelle « c'est le temps que vous avez passé avec votre rose qui la rendait si importante ». Et nous repensons à ce temps qui apporte toutes les roses et fait de chacune ce qu'elle est. Le temps qui nous apprend à arroser, planter et récolter chacun, au bon moment. Et la vie est faite de roses qui poussent chaque jour, à chaque instant qui compose le temps.
Nous sommes des instants. Nous faisons partie d’une époque qui est la nôtre et qui ne nous appartient pas en même temps. Un temps qui passe et qui nous dépasse, mais qui est immense, intense.
Il faut apprendre à aimer le temps, à le laisser laisser en nous une part, un souvenir, tout ce qui nous permet d'écrire une histoire. Et les histoires ont besoin de temps, de temps pour être racontées, entendues. Il y a du temps pour écouter, pour laisser passer le temps.
C'est comme la mer, comme ses vagues qui atteignent le sable, qui meurent mais naissent toujours, qui reviennent dans un instant très bref, qui renaissent. La mer est immense comme le temps et ce qui la compose, des gouttes d'eau infinies qui sont des secondes, des secondes qui ensemble sont tout. Aimons le temps comme nous aimons la mer. Apprenons à écouter la météo comme on écoute la mer, laissons-nous emporter, apprenons de tout ce qu'elle a à nous apprendre.
Et puis nous construisons une époque pour vivre dans une époque, sans jamais nous l'approprier. Nous apprenons simplement à le respecter, à le donner et à le pardonner, lorsque cela est nécessaire, même si c'est parce que cela passe trop vite, mais c'est peut-être pour cela que tout cela en vaut la peine. Le temps vaut la peine en soi, il vaut la peine d’être vécu et de le regarder passer. Rappelons-nous encore combien il est heureux que le temps puisse nous donner.
le temps de savoir en profiter, le temps de vivre et le temps de rêver. Il est temps d’avoir plus de temps et d’aimer regarder le temps passer.
Mais le temps fait aussi mal. Le temps fait mal, même si parfois on ne fait que le voir passer. Le temps s'écoule effectivement entre les paysages, sans que nous puissions nous en apercevoir. Le temps passe vite, et il s'envole au point qu'il est difficile de rattraper son retard.
Au fond, ces moments dont nous sommes faits sont si brefs qu’il est difficile de les voir passer. Au fond, tout est bref et tout est difficile à accepter. Selon les mots de Luís de Camões :
Parce qu'à la fin, tout passe / Le temps ne sait pas être fermé en quoi que ce soit / Et notre vie est rare / Elle s'enfuit si vite / Que quand elle commence, elle finit.
Le passé passe vite et le futur ne prend pas si longtemps. C'est peut-être pour cela qu'il nous est difficile de regarder le présent. Et c'est peut-être aussi difficile de voir ce cadeau si tôt. On a envie de bien retenir le temps pour qu'il reste, reste bien, empêché de s'envoler. Mais nous ne pouvons pas. Nous ne pouvons pas parce que le temps ne s'arrête pas, seule la nostalgie fait que les choses s'arrêtent dans le temps. Ce que nous étions et ce qui me manque.