On ne peut que saluer le courage des femmes et des hommes (il en existe, ne nous voilons pas la face) qui osent dénoncer leurs souffrances sous l’emprise de leurs tortionnaires, de leurs violeurs, de leurs agresseurs, ou encore, de leurs harceleurs. Mais, n’est-il pas de notre devoir d’écarter toute personne qui dénonce un crime non commis, qui ne serait que le pur produit de son imagination ?
Et si la présomption d’innocence vient à disparaître, où va la justice ? Quelle direction prend notre société ? Quelle vie offrons-nous à l’être humain dans un monde qui, à force de vouloir se montrer protecteur « à tout prix », maquille derrière le néo-féminisme, les résurgences d’un néofascisme autoritaire ? Notre civilisation n’est-elle pas en train de perdre la tête ?
L’histoire que vous allez lire est malheureusement vraie. Et elle se passe chez nous. Dans un pays libre et démocratique. Elle fait suite aux témoignages récents, recueillis auprès d’un adolescent injustement écroué. Pour ne pas perturber les enquêtes en cours, nous avons pris soin de changer les noms des protagonistes.
Luc, dix-huit ans à peine, a été incarcéré suite à une plainte pour viol, déposée par son ancienne professeure, âgée de plus de trente ans. Ils entretenaient une relation amoureuse depuis plus d’un an. Vous comptez correctement : Luc est bien mineur au début de leur rencontre. C’est sa première « petite amie ». Son unique partenaire. Celle qui l’a dépucelé. Mais aussi, celle qui lui offre gratuitement de la drogue. Qui l’incite à consommer les médicaments (des benzodiazépines) qu’elle se fait prescrire pour soigner ses troubles psychiatriques. À forte dose. Pour la défonce.
Sous emprise, Luc dort régulièrement chez sa professeure. Mais un beau matin, après qu’elle ait abusé de son jouet, une dispute éclate. Elle l’enferme chez elle et appelle une amie en lui demandant d’avertir la police. Qui débarque au domicile. Qui place l’adolescent en garde à vue.
Luc ne comprend pas. Il est incarcéré. Le parquet l’inculpe, car des traces d’ADN du violeur présumé sont présentes chez la prétendue victime. Pourtant, l’on ne connaît pas de couple sexuellement actif qui ne s’échange pas ses traces d’ADN. Qu’à cela ne tienne : c’est aux inspecteurs de mener leur enquête et de déterminer s’il y a eu un rapport consentant ou pas. Et la présomption d’innocence existe pour éviter des accusations et des peines infondées.
Sauf qu’aujourd’hui, la justice ne fonctionne plus comme ça. Pour protéger la victime, on n’hésite pas à incarcérer un innocent en préventive. Car à dix-huit ans, l’adolescent est majeur. Mais les délais de la justice sont tellement longs que cette « préventive » peut durer des années... passées en prison, dans une cellule surpeuplée, avec des codétenus qui peuvent s’avérer réellement dangereux.
Nous faisons cela au mépris d’une des précieuses possibilités qu’offre notre système judiciaire : la liberté conditionnelle. Car la publicité faite autour du harcèlement, du viol et des violences au sein du couple, pousse la justice à prendre des mesures parfois discriminatoires.
Le crime, serait-il sexué ou genré ? La victime, serait-elle toujours du sexe ou du genre féminin ? Le parquet et la magistrature n’hésitent plus à protéger la victime présumée, en assumant le risque de détruire la vie d’un jeune homme non-coupable.
Un juge n’est pas juste : à défaut de pouvoir trancher, il juge. C’est ce que la société lui demande. Donc la justice est loin d’être juste. Ce n’est plus un scoop. Mais ne risque-t-elle pas d’enfanter de futurs réels délinquants face à son manque de moyens et sa protection « à tout prix » ?
Dans mon premier recueil de nouvelles, « Le Diable est une Femme », paru en février 2021, j’explique que je ne me retrouve pas dans cette société qui fait progressivement marche-arrière et qui anéantit les avancées importantes des idées progressistes et libertaires que nos parents ont défendues à coups de pierres en mai 68. Sans faire de la philosophie politique, que je laisse aux spécialistes du genre, bien plus érudits que moi, je me bats dans ce livre, avec comme arme le second degré et la légèreté de ma plume, contre l’autoritarisme de l’État et d’une Presse à sens unique, qui le sert en épousant et promouvant l’idéologie d’une minorité bien-pensante, au mépris de la majorité silencieuse.
Le féminisme a du bon, pour autant qu’il respecte l’hominisme. Je rejoins Joseph Déjacque dans son pamphlet De l’Être-Humain mâle et femelle – Lettre à P.J. Proudhon – publié en 1857 :
L’émancipation ou la non-émancipation de la femme, l’émancipation ou la non-émancipation de l’homme : qu’est-ce à dire ? Est-ce que – naturellement – il peut y avoir des droits pour l’un qui ne soient pas des droits pour l’autre ? Est-ce que l’être-humain n’est pas l’être-humain au pluriel comme au singulier, au féminin comme au masculin ? Est-ce que c’est en changer la nature que d’en scinder les sexes ? Et les gouttes de pluie qui tombent du nuage en sont-elles moins des gouttes de pluie, que ces gouttes traversent l’air en petit nombre ou en grand nombre, que leur forme ait telle dimension ou telle autre, telle configuration mâle ou telle configuration femelle ?
Je me sens féministe, au sens strict du terme, mais pas pour ses dérives qui conduisent à la haine des hommes et desservent les femmes, puisque j’accepte les différences biologiques entre les sexes et les genres, et que je vénère leur complémentarité plutôt que de prôner une quelconque égalité ou supériorité d’un sexe ou d’un genre sur l’autre. Je pourrais également me qualifier de néo-antiraciste, puisque je respecte les différences biologiques entre les races, et que j’épouse leurs richesses culturelles et sociales plutôt que d’imposer une illusoire et appauvrissante supériorité de couleur.
Mais je ne cherche nullement à discréditer qui que ce soit en général. Surtout pas le mâle blanc soi-disant dominant, sur qui effectivement, la société actuelle, hypocrite et bien-pensante, n’hésite pas à tirer. Et pas à blanc. À boulets rouges. Surtout quand il a été blessé et capturé. Les médias, et donc ceux qui les suivent et les font vivre, retrouvent un malin plaisir ancestral à le lapider sur la place publique.
Pourquoi ne juge-t-on pas ces hommes, ou ces femmes, en respectant la présomption d’innocence, entre les quatre murs d’un Tribunal ? Pourquoi ne présume-t-on plus leur innocence ? Pourquoi la détention préventive quand il existe d’autres moyens ? Tant de publicité gratuite aux dépens des suspects, des inculpés et, inévitablement, des victimes (qui parfois s’enrichissent de cette nouvelle et inespérée célébrité) ?
Les bourreaux, les magistrats sous influence de la vindicte populaire et de la Presse encouragée par ses lecteurs avides de cancans, ne deviennent-ils pas des criminels par la même occasion, en détruisant inutilement la vie d’un homme (ou d’une femme) et de sa famille, en les enfermant avant le verdict ? Ils les jettent ainsi en pleine pâture du regard des autres alors que rien n’est prouvé.
Comment éviter les dérives des mouvements sociétaux comme celui du #metoo ? Face aux courants qui débordent, les contre-courants peuvent-ils sauver des vies ?
Probablement pas. Si vous aussi, avez été la victime d’une plainte injuste, je ne pense pas que dénoncer votre délateur en lançant par exemple un #youtoo soit l’unique solution. Mais cette sonnette d’alarme aurait au moins le mérite de poser la question : et si ce n’était pas vrai ?
L’avenir du Féminisme, ne serait-il pas simplement l’Humanisme ?