Depuis l’avènement des réseaux sociaux, les jeunes n’ont plus besoin de la télévision pour suivre l’actualité en direct. Cela fait plus d’une dizaine d’années que les nouvelles générations ne se sentent plus représentées par les émissions du petit écran, ce qui les a amenés à façonner leur propre système d’information sur internet.
Depuis la fin des années 2000, Youtube, Facebook, Twitch ou encore Instagram ont vu naitre du contenu culturel et humoristique. Mais ces plateformes ont aussi vu naitre des canaux d’information politique qui diffusent des débats et des vidéos informatives. Bien que le contenu le plus populaire traite de faits divers, de sujets culturels, ou humoristiques, ces réseaux sociaux ont aussi vu naitre des canaux d’information politique. Certains médias traditionnels ont rapidement compris la transition numérique et se sont mis à publier des vidéos informatives sur les réseaux. C’est le cas pour Le Monde, le Figaro, le Parisien et d’autres médias qui cumulent des centaines de milliers d’abonnés sur diverses plateformes. Malgré une certaine popularité, leur contenu attire souvent les plus politisés sans parvenir à rendre l’actualité politique intéressante aux yeux des non-initiés.
La jeunesse se laisse plus facilement attirer par des médias qui abordent les thématiques les concernant telles que le climat et la répartition des richesses. On peut le voir avec Blast, média de gauche créé en 2021 qui fait plus de vues que les médias traditionnels grâce à ses jeunes chroniqueurs, leurs enquêtes et leurs débats sur des sujets d’actualités. On retrouve cette méthode aussi chez Mediapart qui attire plus de gens sur la toile qu’en format papier. Le média d’investigation propose des débats plateau dans l’émission A L’air Libre et une chronique quotidienne animée par deux streamers, Usul et Ostpolitik, baptisée Ouvrez les Guillemets.
Dans le même style, Jean Massiet aborde l’actualité dans son émission Backseat avec divers intervenants dont une personnalité politique majeure chaque semaine, tout cela devant 40 000 personnes en direct sur Twitch et 50 000 en rediffusion sur Youtube. Ces programmes sont les héritiers de nombreuses émissions de discussions politiques qui se sont succédées à la télévision. La différence étant que ces contenus sont disponibles à toute heure, gratuitement, et que les jeunes s’identifient plus facilement au vocabulaire, aux références et aux idées avancées.
Toutes ces raisons justifient aussi l’énorme succès de la chaine Hugo Décrypte, aujourd’hui vu comme la référence française en matière d’information générale et politique sur Internet. Ce journaliste et son équipe publient quotidiennement une vidéo ‘Actus du jour’ de 10 minutes dans laquelle il retrace les évènements marquants de la journée à la manière des JT de 20h. Entre 200 000 et 600 000 personnes regardent ces vidéos chaque jour ce qui fait de lui une des principales sources d’information politique pour un grand nombre de jeunes. Comprenant son rôle lors des dernières élections présidentielles, il a publié une série de vidéos synthétisant les programmes des candidats en 10 mesures, puis interviewé tous les candidats sauf Emmanuel Macron qui n’était pas disponible. En plus des nombreux extraits qui ont tourné sur les réseaux, ces vidéos ont été visionnées entre 200 000 et plus d’un million de fois sur YouTube. De même, la Chaine Thinkerview et ses 1,1 million d’abonnés organise des entretiens avec des personnalités politiques majeures depuis 10 ans. Le média Brut quant à lui, offre l’opportunité de suivre des évènements en direct tels que des manifestations, en plus de ses vidéos traitant d’actualités et de faits divers. Créé en 2016, Il a rapidement fait l’unanimité et compte aujourd’hui presque 8 millions de suiveurs sur Facebook.
En un peu plus d’une décennie, les générations 1980, 1990 et 2000 ont réussi à créer et développer des canaux politiques similaires à ceux de la télévision sur internet. Ces nouveaux médias ont explosé en popularité ces dernières années et pourraient bien re-politiser la jeunesse.