Il ne sert à rien à un Etat de diminuer les tests Covid-19 pour “réduire” le nombre de cas de contamination sur son territoire et “protéger” ainsi son image. Ni de se vêtir de blanc sur les cartes sanitaires de l’Europe pour masquer sa couleur rouge. Il ne sert à rien qu’un Etat feigne d’ignorer qu’un autre Etat est passé rouge pour tenter de préserver ses relations commerciales. Les Etats qui se comportent ainsi détruisent leur crédibilité, non sans tuer au passage. Le prix est élevé, et le cours de la pandémie se chargera de rétablir la vérité.
Valeurs et réalités. Deux paroles que la crise du Coronavirus me permet plus d’ignorer.
C’est parce que les valeurs de la vie et de la solidarité sont, sur notre continent, depuis trop longtemps négligées que les décès s’y comptent à présent par dizaines de milliers.
C’est parce que le mensonge y prend trop souvent la place de la réalité que les négligences ont pu s’accumuler jusqu’à empêcher d’en reprendre le contrôle.
C’est parce que le pouvoir ne se soumet plus aux valeurs que les citoyens s’écartent de la démocratie, seul instrument qui permette de gérer la vie en société.
Depuis plus de vingt ans, l’Union Européenne est, pour ses citoyens, restée aux abonnés absents, et a fermé les yeux, trop souvent. Ces derniers mois, le Président du Parlement Européen, David Sassoli, et la Présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, s’efforcent de montrer le cap et de reprendre le timon. Quelques réflexions ci-dessous au détour du discours sur l’état de l’Union.
La politique environnementale commune veillera à se développer d’une manière compatible avec le maintien, sinon avec l’augmentation, de la qualité et du niveau de vie des citoyens, Ce ne fut pas toujours le cas ces dernières années. Développement durable et qualité de vie ne sont pas incompatibles, question de priorités et d’ingéniosité.
Les politiques sociales viseront par priorité à réduire l’écart entre les citoyens riches et pauvres, et entre les régions riches et pauvres sur le territoire européen. A défaut, l’Union Européenne continuera de se fractionner. Le temps est venu de réfléchir aux moyens que l’Union Européenne peut mettre en œuvre pour qu’un revenu minimum soit assuré à tous les citoyens, qu’il s’agisse de salaire, de pension ou de revenu de transition, permettant à tous de vivre dans la dignité.
Depuis sa naissance, la culture est le parent pauvre de la construction européenne, peut-être par disattention mais surtout sous pressions “économiques” préférant créer un peuple d’esclaves plutôt qu’un peuple européen de citoyens. Ces dernières ont failli réussir. Elles sont à présent sur le point d’échouer : non seulement la citoyenneté s’est réveillée, mais il sera impossible de maintenir un espace européen ouvert, sans que les peuples y adhèrent. Et, les puissances économiques ont besoin de cet espace ouvert.
Le temps est donc venu pour les politiques culturelles de ne plus se limiter aux bénéficiaires d‘Erasmus, et de s’étendre à tous les citoyens.
Deux clés, notamment, sont essentielles. La formation linguistique doit être efficace. Et les moyens de communications doivent favoriser l’accès de tous aux biens culturels. Il n’est plus temps d’utiliser ces moyens pour transformer, comme c’est le cas depuis un demi-siècle, les citoyens en consommateurs compulsifs. La communication forme les esprits.
La survie de la société démocratique a besoin d’acteurs de la vie sociale libres, conscients et, dès lors, informés.