La Galerie Perrotin est heureuse de présenter la première exposition personnelle de l’artiste japonais Izumi Kato à Paris, réunissant ses peintures, dessins et sculptures récentes.
Enfants aux visages inquiétants, embryons aux membres déjà développés ou esprits ancestraux enfermés dans des corps aux formes imprécises, les créatures d’Izumi Kato sont aussi fascinantes qu’énigmatiques. Leurs silhouettes anonymes et leurs visages étranges aux traits absents, figurent avant tout des formes simples et des couleurs fortes. Leur représentation élémentaire - une tête ovale, percée de deux grands yeux aux profondeurs abyssales, ne laisse apparaître qu’un nez et une bouche grossièrement figurés - peut faire songer aux arts premiers, et leur expression évoquer l’animisme, cette croyance qu’une seule force anime tous les êtres, vivants ou minéraux. L’aura qu’ils dégagent semble ainsi rendre manifeste les premiers mouvements de la vie, et l’intensité de leurs expressions nous autoriser à accéder à un degré de connaissance de l’homme moins fondé sur la raison que sur l’intuition. Incarnant une forme originelle et universelle d’humanité, ces êtres magiques invitent le spectateur à se reconnaître en eux comme dans un miroir.
Izumi Kato emploie des spatules en caoutchouc pour peindre les motifs et aplats de couleurs de ses arrière-plans, et s’aide également de ses doigts, enfermés dans des gants de vinyle, pour tracer les contours évanescents de ses personnages. Chez Izumi Kato, la peinture est une forme d’expression extranaturelle qui concurrence le monde réel et autorise l’artiste à créer un univers à part dans lequel l’imaginaire importe autant que la réalité. Dans le monde d’Izumi Kato, où se mêlent âges anciens et modernes, intuition et intellect, le corps et l’esprit sont réunis par les formes fluctuantes et les éclats de couleurs qui ponctuent ces êtres mystérieusement humains. Il en va de même pour ses sculptures, d’abord taillées dans le bois et réalisées ici pour la première fois, en plastique souple, un matériau qui autorise l’artiste à peindre, couper et tordre à mesure qu’il créé. Représentant des êtres tantôt seuls, tantôt en couple ou à plusieurs, allongés et réunis, ou simplement debout, ces créatures dont les yeux proéminents attrapent le spectateur pour lui parler silencieusement, semblent flotter dans l’espace, corps nus plantés sur des supports, ou simple tête nous fixant de son tabouret de bois, pour nous inviter à interagir avec eux. La matière manifeste par sa couleur, ses formes brutes et élémentaires, notre lien à la terre et la nature, mais aussi, par le plastique, notre inscription dans le monde d’aujourd’hui. Refuge d’esprits dont les expressions, taillées et peintes, restent ambiguës, elles s’offrent au spectateur pour le laisser explorer ses propres instincts face à elles.
Dépassant l’opposition classique entre abstraction et figuration, symbolisme et réalisme, Izumi Kato fond les traits stylisés des arts primitifs et ancestraux dans les formes de l’art contemporain en créant des fétiches modernes capables de nous relier, en même temps, à notre nature profonde et universelle, et à nos émotions individuelles et intimes. Ainsi l’évolution singulière de ses personnages reproduit-elle celle de l’art en suivant, non l’uniforme flèche du temps, mais la boucle fermée du cycle de la vie pour réunir les âges et les âmes dans l’humaine condition.
Izumi Kato est né en 1969, dans la région de Shimane, au Japon. Il est diplômé du département de peinture de l’Université Musashino en 1992. Il vit et travaille à Tokyo. Depuis 2000, Kato s’est fait remarquer lors d’expositions organisées au Japon et à travers le monde. Il a notamment été invité, en 2007, à la 52e Biennale de Venise (commissaire Robert Storr).