Comme chaque année outre-Manche, le fameux Boxing Day a rythmé les fêtes de fin d’année. Entre les diverses tensions, le juteux business que cela représente et les enjeux sportifs, le pays de Charles III a vécu la fin 2023 de la même façon qu’il a débuté la saison: sur fond de polémique.
Sir Alex Ferguson le disait lui-même de son vivant : “le titre ne se gagne pas en décembre, mais peut très bien s’y perdre”. À ce jeu-là, la question est de savoir qui a donc laissé des miettes en route pendant les fêtes et à contrario, qui a le mieux digéré la bûche et le champagne. Sur ce dernier point, on peut dire que l’heureux élu se nomme Liverpool. Invaincus dans ce Boxing Day, les Reds de Jürgen Klopp ont (pratiquement) fait carton plein et ainsi profité que la concurrence patine pour prendre les commandes du championnat. Mohammed Salah a retrouvé son coup de rein et son efficacité au meilleur moment pour afficher les ambitions du club de la Mersey.
Arsenal perd la tête
Les Gunners ne peuvent pas en dire autant. Toujours privés de quelques éléments (dont Thomas Partey) en plus des blessés de longue date (Jurrien Timber), les protégés d’Arteta ont laissé des plumes et on peut le dire clairement : déjà grillé un joker dans la course au titre. D’abord arrachant un point heureux à Anfield (1-1), ensuite en se faisant cueillir par le voisin West Ham à l’Emirates (0-2), pour finalement céder chez un autre club londonien, Fulham (1-2). Dans les trois cas, Arsenal a ouvert le score par deux fois avant que sa défense ne craque. Face aux Hammers, il a carrément offert deux buts sur un plateau. Facile depuis quelques années dans l’art du sabordage, cet opus 2023-2024 n’échappe pas à la règle. Reverra-t-on les Gunners cette saison dans le Big 3 ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain en revanche, c’est que sans quelques réajustements urgents, cette équipe-là ne pourra pas prétendre à grand-chose cette saison. Pas de plan B, jeu stéréotypé, possession à outrance et sans génie, Mikel Arteta va avoir du pain sur la planche en janvier pour remettre la machine en marche. Gabriel Jesus ne marque plus et le duo d’ailiers Saka-Martinelli est sans éclat depuis plusieurs semaines, avec pour couronner le tout, un Declan Rice qui ne parvient pas à faire oublier Granit Xhaka dans l’entrejeu.
City sacré… à Djeddah
Alors que l’équipe de Guardiola a réalisé entre la mi-novembre et début décembre sa pire série depuis l’arrivée de l’ancien du Barça sur le banc (4 matchs sans victoire dont une défaite), les Citizens se sont bien repris en remportant la Coupe du Monde des clubs en terre saoudienne. En s’imposant à Everton (3-1) puis face à Sheffield (2-0), ils limitent la casse en ayant le même nombre de points qu’Arsenal (40). Mais avec un match en retard contre Brentford et le retour de Erling Haaland, on peut supposer que les hommes de Pep finiront par réintégrer a minima le podium, du haut de toute leur expérience et du statut de triple champion du Royaume.
Aston Villa, le nouveau Leicester ?
Nos homologues anglais (et quelques autres) se posent la question aujourd’hui. Villa peut-il être l’ovni de la Premier League cette saison ? Va-t-il faire une Leicester 2015 ? Neuf ans après, la performance majuscule des hommes de Claudio Ranieri résonne encore. Quoiqu’il en soit et un peu plus de deux ans après son arrivée au club de Birmingham, fortement apprécié en Liga mais dénigré en Ligue 1, Unai Emery a conquis tout son monde. Le successeur d’un certain Steven Gerrard a réussi à monter un collectif capable de viser haut et à long terme, à tel point qu’il est devenu l’épouvantail du championnat. Cette saison, il a déjà eu le scalp du champion sortant Manchester City et d’Arsenal. Aujourd’hui deuxième à trois points des Reds, il se murmure de plus en plus outre-Manche que la leçon de Ranieri n’a pas forcément été retenue et que le championnat, aussi serré soit-il en ce début d’année, laisse présager (pourquoi pas) une immense surprise. Il se dit aussi que le Villa d’Emery craquera par son manque de banc et d’inexpérience dans la dernière ligne droite. Deux hypothèses clairement recevables et bien malin celui qui saura donner le nom du futur vainqueur, sachant que la Premier League est le seul championnat européen où aucun club ne se détache. Faute à qui ? Car c’est justement l’absence de locomotive qui pourrait amener un nouveau vent de stupeur sur l’Angleterre. Un City orphelin de Kevin De Bruyne et moins souverain, le voisin United toujours aussi inconstant et des Blues, candidats au titre pendant vingt ans sous Abramovitch, pointant à une peu glorieuse dixième place. Sans oublier le terrible mois de décembre de Newcastle, fraîchement éliminé et bon dernier de sa poule de Ligue des Champions, avec ses six défaites en dix matchs. Le manager Eddie Howe est sur un siège éjectable et les supporters des Gunners avec leur “It’s time to go!” sont les premiers à chambrer.
Klopp dénonce encore le calendrier surchargé
Le fait n’est pas nouveau mais continue à agacer en Angleterre. C’est le sempiternel refrain d’un mal profond qui gangrène les effectifs les moins garnis. Déjà en 2021, l’allemand était l’un des rares à pointer le nombre de matchs joués en Premier League. Le côté paradoxal de la chose est qu’il est avec City le seul manager capable d’aligner deux onze types différents sans impacter le banc et sans avoir à piocher chez les équipes de jeunes. À titre de comparaison, il est impossible pour Unai Emery, Mikel Arteta ou Ange Postecoglou de pouvoir en dire autant. Les trois hommes sont donc dans l’obligation d’aligner régulièrement leurs titulaires, augmentant ainsi le risque de potentielles blessures. Et difficile de compter sur les remplaçants, rarement au niveau. Avec respectivement 220, 525 et 550 millions d’euros de budget, Villa, Arsenal et Tottenham sont incapables d’avoir un banc de touche digne de ce nom. La faute au calendrier, vraiment ?