« Le maître des maîtres », « Au-dessus de tout et de tout le monde » ou encore « au septième ciel », la presse française et internationale s’en donne à coeur joie pour qualifier la victoire du Serbe au tournoi des maîtres, acquise aux dépens de Jannik Sinner en deux sets secs (6-3, 6-3) dimanche 19 novembre au Pala Alpitour de Turin.
Les superlatifs vont commencer à manquer. Favori du dernier tournoi de la saison ATP, le Belgradois arrivait de Bercy en pleine confiance après sa victoire sur Grigor Dimitrov (6-4, 6-2) en finale du Masters 1000 parisien. Déjà sans être inquiété outre mesure, il a tout de même subi contre l’italien sa première défaite sur ses dix-huit derniers matchs, en phase de poules. Mais la demi-finale face à Carlos Alcaraz (novice à ce niveau) a montré la suprématie du Serbe sur surface indoor et le travail qu’il reste à accomplir à la relève pour espérer un jour soulever le tant désiré trophée. Car l’adversaire du soir, écrasé par l’événement, a sombré assez rapidement devant l’agressivité et l’autorité du Djoker. Plus solide et entreprenant à l’échange, faisant preuve d’un calme absolu, jamais breaké, l’affaire s’est soldée par un cinglant 6-3, 6-3 en à peine deux heures (1h43).
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Auréolé à l’Accor Arena au début du mois, Djoko a profité du tournoi des maîtres pour gonfler encore un peu plus son palmarès. Sa victoire sur le Bulgare a officialisé sa septième victoire en Masters 1000, son record à ce jour. Mais le plus beau est à venir : l’ATP Finals de Turin est devenu ce dimanche de mi-novembre le temple de son septième succès en carrière, ce qui le fait devancer Roger Federer d’une unité. Pas rassasié le moins du monde, avec une palette technique toujours aussi solide et un service létal, la (vraie) question est de savoir aujourd’hui si la concurrence a les moyens d’aller cueillir le Serbe dans un match à élimination directe au sein du tournoi le plus prestigieux de l’année. Là où Sinner a voulu faire carton plein, il s’est heurté au mur Belgradois et Alcaraz avait explosé deux jours avant au bout de quatre petits jeux là où l'on s’attendait à un autre duel titanesque, après les épiques finales de Wimbledon et Cincinnati. Et on peut difficilement compter sur Daniil Medvedev qui a coulé sous les revers de l’italien sur l’avant dernière marche, il semble avoir perdu la recette face au Djoker (5 défaites de rang depuis l’US Open 2021).
Sinner, manque de roublardise ?
Il a peut-être eu la solution. Son dernier match de poule face à Holger Rune, comptant pour du beurre (déjà qualifié grâce à ses deux victoires initiales) a probablement été le premier clou de son cercueil. Une défaite éliminait le Serbe alors qu’un succès le remettait en course. En sortant le Danois en trois manches, il s’est sérieusement compliqué la tâche, car croire battre Djokovic deux fois en cinq jours relève d’une certaine naïveté, voire de la science-fiction. Mais si on va au fond des choses, peut-on reprocher à l’italien sa compétitivité avec la possibilité de rester invaincu devant son public ? Même si, bien entendu, rien ne permet d’affirmer qu’il aurait pu s’offrir le scalp d’un autre larron en finale, Sinner restait tout de même sur quatre titres avant d’affronter le Serbe (Toronto, Montpellier, Pékin et Vienne) signant au passage la meilleure saison de sa carrière en terminant à la quatrième place mondiale, son meilleur classement. Doit-on lui jeter la pierre ? Ne pas avoir su achever le numéro un mondial en temps voulu lui a coûté son premier Masters et en voulant avoir le jackpot, prize money en prime, (n’oublions pas que le vainqueur repart avec plus de 5 millions de dollars), le natif de San Candido a possiblement été un poil trop gourmand et manqué de vice. Le temps et l’expérience lui permettront de ne pas reproduire l’erreur.
400 semaines sur le trône
Nouveau record là aussi. Décidément ces derniers mois, le Djoker met tout le monde d’accord. D’abord, son quatrième titre à Flushing en septembre lui a permis de se placer pour la toute première fois en haut de la hiérarchie mondiale avec un vingt-quatrième Grand Chelem. Ensuite, ce succès à Turin lui octroie le droit d’être pour la quatre centième semaine sur le trône. Chiffre ahurissant, mais pas le plus problématique pour ses rivaux, car avec plus de 2000 points d’avance sur son dauphin Carlitos grâce à son Petit Chelem (il a remporté l’Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open, finale à Wimbledon), Nole a maintenant le temps de voir venir. Comme l’été 2022 paraît loin. Un peu plus d’un an et pourtant, une époque où son rival espagnol remportait son premier majeur et où les puristes avaient fait de lui le nouveau patron du tennis mondial. New York est aujourd’hui de nouveau la propriété du Serbe, tout comme le fauteuil de numéro un.