Le défenseur central des Gunners, chouchou des supporters, a mis le cyborg Erling Haaland dans sa poche face à Manchester City, en clotûre de la trentième journée de Premier League (0-0). Blessé au dos l’année dernière à la même période et contraint de mettre fin à sa saison, le joueur formé chez les Verts espère bien, cette fois, mener Arsenal vers le titre. Pourquoi pas ?

Un être vous manque, et tout est dépeuplé. Si on revient un an en arrière, sa blessure avait fait tanguer le navire au point que le titre avait échappé à des Gunners au parcours pourtant presque parfait pendant plusieurs mois, avant que le trimestre mars-avril-mai ne se transforme en chemin de croix. On n’avait alors à l’époque peut-être pas suffisamment mesuré l’importance du central droit français, pur produit du Forez.

Après le match nul glané à City, chez le mentor de Mikel Arteta, avec un clean-sheet en plus du reste, on doit aujourd’hui souligner le fait que William Saliba est bien le taulier de cette équipe, car sa paire ultra-complémentaire avec le Brésilien Gabriel Magalhaes fait désormais taire l’armada mancunienne, contre laquelle Arsenal a donc pris quatre points sur six cette saison. Colossal quand on sait que lors du tournant de l’opus 2022-2023, c’est dans le jardin des Cityzens que les Gunners avaient définitivement abandonné tout espoir de sacre, prenant une valise au passage (4-0). Cette fois, la donne a changé, et les Gunners pourraient enfin aller chercher, avec toutes leurs forces vives, un titre de champion qu’ils attendent depuis vingt ans.

La Ligue des Champions comme baromètre ?

Alors qu’il va leur rester neuf matchs à disputer (soit un total de 27 points à prendre), la réception de Chelsea (23 avril), un déplacement chez l’ennemi juré Tottenham cinq jours plus tard, avant de terminer par un voyage jamais très confortable à United (11 mai), Saliba et les Gunners devront aussi batailler contre le Bayern en quarts de finale de la reine des compétitions, dont ils vont (re)découvrir le parfum après seize longues années de vache maigre.

Car après avoir sorti le FC Porto au bout de la nuit et de la séance de tirs au but au tour précédent (1-1 au score cumulé, 4-2 aux t.a.b), les hommes d’Arteta ont par la même occasion dit bonjour au Top 8 européen, une première depuis… avril 2008 et une élimination face au Liverpool de Dirk Kuyt et Steven Gerrard (1-1, 2-4). Une anomalie mise enfin à terme par la bande de l’ancien milieu du Barça et du PSG, dont la majorité de l’effectif n’avait que huit ans à cette époque, ce qui fait d’eux la définition même de « baby Gunners ».

Un duo ou trio pour le titre ?

Décrocher la couronne d’Angleterre est l’un des objectifs affichés par Arteta depuis le soulèvement de ses troupes il y a quatre ans. En lutte avec City ces deux dernières saisons, toujours placé mais jamais vainqueur, son Arsenal avait craqué la saison dernière dans la dernière ligne droite faute d’expérience, et peut-être même la peur de gagner un titre qui lui tendait pourtant les bras. Chute improbable à l’époque (comme je l’avais stipulé), finalement bien réelle.

Ce qui change aujourd’hui ? Man City est moins souverain, Haaland ne connaît pas la même réussite et les retours des blessés lui ont seulement permis de battre Aston Villa comme Top 5 cette saison alors que Liverpool, pour la dernière de Klopp, espère bien finir en beauté en offrant le trophée à l’allemand en guise de cadeau de départ. Les Reds, justement, ont profité du nul des deux protagonistes du week-end pascal pour battre Brighton à Anfield (2-1), puis, quatre jours plus tard, de prendre le meilleur sur Sheffield (3-1), prenant ainsi les rênes du championnat pour la première fois de la saison. Ainsi, en ce début avril, trois points séparent les coéquipiers de Mohammed Salah à ceux de Rodri Hernandez, et deux seulement aux canonniers, qui jouissent d’un goal-average légèrement supérieur (+48 contre +42).

On se dirige donc vers un trio de potentiels champions. La question, elle, demeure toujours la même : si Liverpool a le banc nécessaire pour éviter une éventuelle déconvenue, quid de l’équipe d’Arteta, qui va récupérer Jurrien Timber (blessé depuis l’été dernier) ? La bonne nouvelle est qu’en laissant reposer Bukayo Saka contre Luton, les Gunners ont montré qu’ils n’en étaient pas dépendants. Une victoire à laquelle a répondu City en s’offrant justement les Villans avec un Phil Foden de gala (4-1). Même plombés par le manque de réalisme de ses attaquants dans les grands rendez-vous, les Skyblues, spécialistes des finishs de folie, ont encore montré la qualité de leur profondeur de banc et seront, à coup sûr, présents jusqu’au bout.

Alors, l’Angleterre aura-t-elle un nouveau roi le 19 mai ?