Dingue de Padel depuis qu’il est éloigné des terrains, le natif de Clamart, qui fêtera ses trente-huit ans en mars prochain, anime toujours autant l’éternel débat de l’enfant surdoué à la qualité technique hors norme. Mais, au regard de sa carrière, peut-on le considérer comme un gâchis à part entière ?
On ne l’a plus revu sur un terrain depuis plus de deux ans et pour cause : sans avoir officiellement annoncé son retrait, il s’est mis au padel où il brille et a intégré, au mois de mai dernier, le top 1000 des meilleurs joueurs français en utilisant ce qui a fait sa force au football, une bonne patte gauche et des changements de direction à foison. Associé à l’ancien attaquant des Bleus Sylvain Wiltord, l’ex-lyonnais et marseillais se donne les moyens d’évoluer dans la cour des grands, jusqu’à travailler « trois à quatre heures par jour » selon un de ses anciens coachs.
Seulement, Hatem, le gamin de Clamart, autrement surnommé le Leo Messi des équipes de jeunes chez Les Tricolores, est-il passé à côté d’une immense carrière dans le monde du ballon rond ? La question se pose depuis son éclosion, il y a vingt ans.
L’histoire d’un soliste
Les superlatifs ne manquent pas pour décrire le joueur, ils n’ont d’ailleurs jamais manqué. Talent exceptionnel au caractère bien trempé, Hatem Ben Arfa fait malheureusement partie de ces solistes uncoachables, le genre à qui on doit donner les clés du camion pour obtenir des résultats.
Ses différents entraîneurs n’ont jamais réussi à en tirer la quintessence, ni à l’Olympique Lyonnais, ni chez l’ennemi marseillais, pas plus en Premier League où ses passages à Newcastle et Hull City se sont soldés par des éclairs de génie sans lendemain. Il faut attendre la saison 2015-2016 et son année chez les Aiglons pour le voir gagner un minimum en régularité.
Ses slaloms du pied gauche et ses dribbles chaloupés ont émerveillé une Ligue 1 qui n’aime pas les artistes et, pendant quelques mois, a subi son talent, comme ce récital offensif au Roazhon Park ou encore cette percée plein axe au Parc des Princes conclue par un enroulé du pied gauche dans la lunette de Salvatore Sirigu. Hatem a ensuite choisi de rejoindre le PSG et de s’y enterrer sur le banc, refusant de s’adapter au collectif et, de ce fait, placardisé.
Le Stade Rennais en sauveur
C’est ainsi qu’à l’été 2018, HBA tente l’expérience bretonne. Les Rouges et Noirs, qui jouent l’Europa League, l’accueillent pour une nouvelle aventure. L’entraîneur Julien Stéphan lui donne alors la liberté qu’il souhaite et le parisien de naissance permet au club d’Ille-et-Vilaine d’aller jusqu’en huitièmes de finale de la petite sœur de la Ligue des Champions, battu finalement par les Gunners d’Arsenal (3-1, 0-3).
Pour couronner une saison correcte, Ben Arfa remporte la Coupe de France, une première pour les Bretons depuis 1965, face au PSG de Neymar (2-2), victoire aux tirs au but (6-5). C’est alors qu’il quitte la région pour Valladolid, Bordeaux puis Lille où son jeu tombera cette fois dans la caricature.
À entendre les journalistes, entraîneurs et divers dirigeants des clubs dont il a porté les couleurs, le meneur de jeu à la trentaine bien tassée a gâché sa carrière à cause d’un comportement inadapté au plus haut niveau, incapable de s’intégrer durablement et s’évertuant à vouloir faire la différence seul.
Quand le talent ne suffit pas…
Bernard Lacombe, légende de la maison lyonnaise et consultant pour OLTV au milieu des années 2000, ne tarissait à l’époque aucune éloge le concernant, soulignant en direct la facilité du jeune homme à éliminer les défenseurs adverses comme de vulgaires plots d’entraînement.
Entre manque de maturité et entêtement, Hatem Ben Arfa a tout de même été sélectionné avec les Bleus sans, là encore, réussir à s’y imposer malgré la volonté des hommes en place d’en faire un élément solide, que ce soit sous Raymond Domenech ou Laurent Blanc. Son duo avec Karim Benzema à Lyon a un temps été prometteur, avant que ce dernier ne signe au Real Madrid pour la suite qu’on connaît. Était-il l’exemple à suivre ? Possiblement.
La nature lui a offert un don qu’il n’a assumé qu’avec parcimonie tandis que son coéquipier chez les Gones a compris l’importance de s’adapter à la machine à gagner qu’est le plus grand club du monde, avant d’être couronné d’Or voilà deux ans.
Moralité : le talent ne suffit pas quand la tête ne suit pas.