Quand on écrit dans la solitude des mots et que l’on souhaite être publié, dans la majorité des cas, on s’adresse à un éditeur. On patiente plusieurs mois, quand enfin une réponse nous parvient. Souvent, les missives se ressemblent. Elles soulignent « les qualités du projet », dans un premier temps, puis se terminent ainsi, « malheureusement nous regrettons de ne pouvoir donner suite ». Margaret Atwood, Frank Baum, William Blake, Ken Blanchard et Marcel Proust, devant le refus des éditeurs de leur époque, ont trouvé une solution. Ils ont sorti leur manuscrit de l’anonymat en prenant en charge eux-mêmes la confection et la diffusion d’une de leurs œuvres. Aujourd’hui, cette alternative est très répandue. Il existe des plateformes qui permettent à toutes celles et ceux qui portent en eux un désir d’écriture de donner à leur rêve une concrétisation numérique ou papier. Ainsi, dix milles titres paraissent chaque année grâce à l'autoédition, beaucoup resteront dans la discrétion.
Laure Manel, a un temps fait partie de ces romancières et romanciers qui se sont d’abord répandus sur la toile. Dans un labyrinthe d’auteurs anonymes, elle est parvenue à trouver un lectorat fidèle et nombreux. Elle est aujourd’hui une auteure à succès publiée par les éditions Michel Lafon.
Comment l’écriture est-elle venue à toi ?
Elle est venue à moi très jeune, avec le goût (de raconter) des histoires et le goût des mots, en parallèle de mes lectures. J’ai suivi un cursus littéraire (licence de lettres modernes). Je suis restée éloignée de l’écriture pendant une quinzaine d’années (beaucoup de choses à faire et à vivre), et j’ai eu un déclic suite à une épreuve de la vie… Je me suis un peu cherchée (écrire un roman me semblait très ambitieux) : formations d’écriture de scénarios, ateliers d’écriture, concours de nouvelles, activité d’écrivain public… Et en 2014, j’ai décidé de terminer mon premier roman (commencé 2 ans plus tôt), un roman épistolaire par mails.
Tu as dans un premier temps choisi l’autoédition, pourquoi ?
Avant de savoir que cela existait, j’ai bien sûr envoyé mon manuscrit à quelques éditeurs, histoire de tenter ma chance et de ne pas avoir de regrets. Puis j’ai eu connaissance de l’autoédition en numérique et de la success story d’Agnès Martin-Lugand. Je me suis donc lancée dans cette aventure avec l’espoir d’être découverte un jour par un éditeur mais aussi avec la satisfaction d’avoir de premiers lecteurs. C’est mon troisième roman, « La délicatesse du homard », qui a changé ma vie.
Penses-tu que les réseaux sociaux sont indispensables pour rencontrer son lectorat ?
C’est important d’être visible et de se faire connaître. Si je comptais sur la presse pour ça, ce serait difficile ! Et puis c’est un plaisir de recevoir des retours directs et de nouer des liens. Certaines rencontres virtuelles sont de très belles rencontres. C’est aussi une façon d’informer les lecteurs de notre présence ici ou là, pour les dédicaces. En bref, c’est un moyen de communication primordial.
A quel moment les éditeurs sont-ils venus à ta rencontre ?
En novembre 2016, suite à la publication de mon troisième roman autoédité, qui s’est retrouvé assez vite numéro 1 des ventes numériques.
Qu’est ce qui nourrit ton inspiration ?
La vie… Tout ce qui fait notre vie, les relations humaines, la psychologie… J’écris selon mon envie, mais souvent en lien avec ce qui m’interroge ou me touche.
Dans ton dernier roman, Ce que disent les silences, tu évoques les secrets de famille, tu emmènes tes lecteurs dans l’ile de Ouessant, quel rapport as-tu à la Bretagne ?
J’aime la Bretagne d’amour ! C’est une région incroyablement belle, variée, sauvage, mystérieuse… J’aime ses paysages qui changent en fonction de la météo, de la lumière et des marées… C’est un fabuleux décor pour des romans. Et Ouessant est vraiment une île particulière (d’où mon souhait de lui rendre hommage à travers ce livre).