La galerie Perrotin de Paris a le plaisir d’annoncer Paris, 3020, une exposition d’œuvres récentes de l’artiste new-yorkais Daniel Arsham, qui se tiendra du 11 janvier au 21 mars 2020.
Dans cette exposition, Daniel Arsham présente une nouvelle série de sculptures composée de bustes, de bas-reliefs et de statues emblématiques de l’Antiquité classique. Daniel Arsham a eu l’opportunité de collaborer étroitement avec l’atelier de moulage de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN) pour lequel il a eu un accès privilégié. Cet atelier historique, en fonction depuis le 19e siècle, reproduit les chefsd’œuvre des plus grands musées d’Europe. L’artiste a ainsi eu accès aux moulages de certaines œuvres les plus symboliques des collections du musée du Louvre à Paris, du musée de l’Acropole à Athènes, du Kunsthistorisches Museum à Vienne et de la basilique San Pietro in Vincoli de Rome sur lesquels reposent sa nouvelle série. Intéressé par la manière dont les objets traversent le temps, Arsham a sélectionné des œuvres à tel point déterminantes qu’elles ont transcendées leur statut de simple objet d’art pour s’intégrer dans notre mémoire et notre identité collectives.
Allant du Moïse assis de Michel-Ange à la Vénus de Milo, les pièces ont été moulées dans du ciment de gypse pour obtenir une réplique à l’échelle de la sculpture originale, un processus qui partage des qualités formelles avec le procédé historique du moulage à la cire perdue. Arsham a utilisé des pigments naturels similaires à ceux employés par les sculpteurs classiques, comme de la cendre volcanique, du bleu calcite, de la sélénite et du quartz. Ensuite, des érosions individuelles ont été pratiquées sur la surface du ciment de gypse en hommage aux techniques des sculpteurs de la Renaissance. Enfin, Arsham a appliqué son procédé de cristallisation qui fait sa signature personnelle.
Arsham est surtout connu pour ses interventions sur des objets du quotidien datant de ces 50 dernières années qu’il transforme en artefacts donnant l’impression de s’éroder. Dernièrement, la pratique de l’artiste s’est concentrée sur des objets associés au souvenir et à la mémoire comme un ordinateur Apple Macintosh de 1984, un téléphone fixe vintage Mickey Mouse emblématique des années 70, des appareils photo argentique Leica... L’archéologique fictive, démarche entamée par l’artiste il y a plus de 10 ans, trouve son origine dans une expédition archéologique consacrée à une statue Moai menée sur l’île de Pâques. Autour de cette sculpture, les archéologues ont trouvé des outils abandonnés par une autre équipe de chercheurs, près d’un siècle auparavant. Inspiré par la dissolution du temps entre ces paysages distincts, Arsham a commencé à explorer l’idée de l’archéologie comme compte rendu fictif du passé, ainsi qu’un outil permettant de synthétiser le passé et le présent. Ce concept est devenu le fil conducteur de sa pratique. Composée des sculptures classiques, cette nouvelle série fait l’expérience de l’intemporalité de certains symboles, approfondissant les recherches précédentes menées par l’artiste.
L’exposition Paris, 3020, emprunte les stratégies scénographiques du musée traditionnel: des socles et des piédestaux mettant les œuvres en valeur, des éclairages tamisés et des espaces d’exposition en enfilade. En reprenant les codes muséographiques, Daniel Arsham déroule une narration qui lui est propre. Il nous interpelle sur la manière dont les musées exposent et participent à la mise en place de la typologie de l’Histoire de l’art. Le musée en tant que vecteur de la valorisation des objets d’art est ainsi questionné. Dans l’exposition, la première salle présente deux œuvres emblématiques de l’Antiquité classique représentant des femmes. Il s’agit de la déesse Aphrodite et de Lucille, la fille de l’empereur romain Marc Aurèle, plus connues sous le nom de Vénus d’Arles et Tête de Lucille. Dans la pièce suivante, Arsham poursuit sa référence aux chefs-d’œuvre de l’art occidental en présentant une version érodée du Moïse assis de MichelAnge et de la Vénus de Milo se faisant face. Les deux œuvres sont entourées d’une série de bustes et de sculptures grandeur nature, incluant le buste de Caracalla en cuirasse et l’Athéna Casquée. Cette combinaison met en avant deux aspects chers à l’Antiquité: la royauté et la divinité, souvent associées. À côté des œuvres sculpturales, Arsham présente une série de dessins qui illustrent son processus de travail.
Ces croquis de figures de l’Antiquité nous rappellent le parcours d’étudiant en art de Daniel Arsham et nous montrent également son processus de création qui passe par le dessin. Cette étape primordiale dans l’élaboration de chacune de ses œuvres et aussi le moyen pour lui de se réapproprier les maitres anciens tout en y apportant son propre langage artistique. Ainsi mise en scène, cette exposition questionne notre rapport au temps. Elle évoque le passé, parle du présent et interroge le futur.