La galerie Michel Rein Paris est heureuse de présenter la 7ème exposition personnelle d’Armand Jalut après Palagonia POV (2016) ; Just say hello and leave it behind (Bruxelles, 2015) ; A piece of lace (2014) ; Armand Jalut (2011) ; Doigts, cannelés, chaton (2008) et Armand Jalut (2006).
« Shop the Most Beautiful Things on Earth » trône sur la page d’accueil du site où Armand Jalut glane et collectionne l’iconographie de nouveaux sujets. Il zoome et recadre les images qu’il capture, étudie les descriptifs, répertorie les caractéristiques et symptômes d’usure : Small rub mark, Hidden side zip up the side, Button closure at waistband, Pencil silhouette, Incredible dramatic pleated curved. Au fur et à mesure des aller-retours les algorithmes tissent un fil d’Ariane. Toutes les futures pérégrinations sont hantées par un défilé de jupes et de bottes dans des bandeaux horizontaux et verticaux rappelant les recherches récentes. Ces spectres se suivent en d’étranges combinaisons de couleurs pour venir vous saluer à chaque connexion. Armand Jalut succombe à ces mélodies rétiniennes.
L’intérêt que l’artiste porte à ces sujets fait écho aux séries de machines à coudre invoquant l’univers du prêt à porter made in Los Angeles et sa mythologie éroticopop. Il porte ainsi son regard sur un autre type de marchandise ici des bottes et des jupes de luxe vintage et questionne leur forme de mise en valeur. À la lumière d’études sociologiques comme celle de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre dans Enrichissement, Armand Jalut s’inspire des stratégies de valorisation de ces objets sur les plateformes de e-commerce: storytelling, rareté, collection, mise en scène, authenticité. En réaction à l’expérience paranoïaque que nous offre les algorithmes en devançant nos désirs, il construit un jeu de miroir déformant des stratégies de fétichisations marxienne et freudienne dont marchandises et oeuvres d’art font l’objet. En découle la représentation sérielle d’objets en cuir, devenant prétexte à des jeux d’échelle, de matérialités, de couleurs sophitiquées et de luminescence. Rappelant l’influence du cinéma de genre porté par Kenneth Anger (Puce Moment, 1949), John Waters (Polyester, 1981) ou Mario Bava, l’artiste formule avec son vocabulaire de peintre le potentiel d’ambivalence porté par la représentation d’objets de luxe, entre séduction et vanité. Peindre cette marchandise de seconde main est une manière de jouer avec leur subjectivité. Les répetitions de ces motifs sont soumis à de légères variations de disposition. Redondance et symétrie rythment les compositions comme un jeu d’accessoiriste. Les tableaux sont autant de fenêtres/vitrines où les accessoires rutilants, autoritaires par leur échelle, maquillés à outrance, affirment leurs stigmates, leurs textures, leurs odeurs. Les tableaux redécoupés (Work Well With), échantillons d’une pseudo virtuosité, jouent le rôle de reliques décoratives et de ponctuation ajustable de l’accrochage. Réévaluer à travers un médium organique et une stylisation faussement expressive, agencés presque arbitrairement, l’image/objet déploie alors son propre jeu d’ambiguités. Armand Jalut (né en 1976, vit et travaille à Paris) a exposé au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et Palais de Tokyo (Dinasty) (Paris), Centre d’art contemporain La Halle des bouchers (Vienne), Perm Museum of Contemporary Art (Russie), Musée de l’Abbaye de Sainte Croix (Les Sables d’Olonne), Les Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées (Toulouse), Le Creux de l’Enfer (Thiers), Galerie Édouard Manet (Gennevilliers), CNEAI (Paris).
Son travail est présent dans de nombreuses collections, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Fondation d’entreprise Colas (Paris), Musée de l’Abbaye de Sainte Croix (Les Sables d’Olonne), Fonds Municipal d’art Contemporain (Paris). Armand Jalut a participé au programme de résidence F.L.A.R.E.Paris//Los Angeles.