Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie (Sédimentalisme en 2016 mêlait
énergies fossiles et nostalgie), Camille Ayme présente un travail sur la matière et les
matériaux de construction.
L’exposition conte une histoire de matières et de finitions. Dans le Grand Paris, des
tractopelles gros comme des éléphants retirent des montagnes blanches vieilles de 40 millions
d’années. Au sud-est des vestiges du siège de Sarajevo, l’un des deux derniers morceaux de
forêt primaire d’Europe enserre une sculpture blanche, facettée comme une pierre précieuse
alors que le long de la route des maisons défilent dans leur brutalité de terre cuite.
Les associations entre les matières (acier et gypse, brique et email, papier et pin) ne cessent de
remettre en question des couples bien établis. Malgré son absence physique, l’humain est
omniprésent, dans l’état non fini des constructions.
Mélancholie du moellon est une proposition plastique mettant en regard des matières
devenues matériaux, des forêts en sursis et des champs où poussent des amoncellements de
parpaings sous un vernis neigeux.
Bio :
Diplômée de l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette puis de l’Ecole d’Art de Paris-Cergy,
Camille Ayme poursuit un travail plastique autour des composantes de la ville moderne et de la
mobilité.
Après sa participation en 2012 au Salon de Montrouge où elle présentait notamment la
photographie aérienne d’une ville américaine mort-née –California City– elle est lauréate en
2013 de la bourse Delano-Aldrich de l’American Institute of Architecture. Elle axe alors sa
recherche sur les typologies de la route américaine et des formes urbaines qui découlent de
son usage. Cette vision du paysage en translation est décomposée dans ses Paysages
Résilients, tandis que What Else Is There mêle imagerie du roadtrip et économie automobile .
Cette recherche aboutira à une exposition à quatre mains avec Nelson Bourrec Carter, Here
With Me, présentée en 2015 à la galerie Ygrec à Paris et à une participation à la Biennale du
design de St Etienne, dans l’exposition collective « Tu nais, tuning, tu meurs ». Lauréate en
2017 de la commande photographique « Les regards du Grand Paris », dirigée par le CNAP et les
Ateliers Medicis, elle utilise la lumière artificielle pour évoquer une histoire oubliée de la
première guerre mondiale, à l’intérieur de pavillons en construction. En novembre 2018, elle
commence une thèse en création, co-dirigée par l’Ecole Nationale Supérieure de la
photographie d’Arles et l’université Aix-Marseille, qui a pour objet les paysages des carrières
d’extraction.