En collaboration avec André Magnin, expert en art africain, la galerie Perrotin a le plaisir de présenter une exposition dédiée aux aloalo d’Efiaimbelo et de ses disciples. Efiaimbelo, sculpteur malgache décédé en 2006, tenait ses savoirs de son arrière-grand-père Soroboko. Il a développé et transmis son art à son fils Jacques Jean Efiaimbelo ainsi qu’à son petit fils, Jean Colombe Efiaimbelo, devenus à leur tour des « initiés ». Aujourd’hui, cinq membres du clan perpétuent cet art unique au monde, dans le style de leur « prestigieux » inspirateur.
L’aloalo est généralement taillé dans le mendorave, une espèce sacrée de bois rare et très dur, dont la coupe est exclusivement réservée aux sculpteurs. L’aloalo est une sculpture verticale d’environ deux mètres de hauteur composée de deux parties. La base de cette sculpture est un poteau. La moitié supérieure présente une succession de huit (chiffre de la plénitude) motifs étagés et peints de couleurs vives. Les sept premiers sont une succession alternée de deux figures aux airs de losange et de double croissant, représentant respectivement, selon la tradition, un « front » de zébu et un chien assoupi. Le huitième motif est une pleine lune « en soleil » évoquant la lumière, la vie et l’éternité.
Figures aux airs de losange et de double croissant, représentant respectivement, selon la tradition, un « front » de zébu et un chien assoupi. Le huitième motif est une pleine lune « en soleil » évoquant la lumière, la vie et l’éternité. Ce poteau est surmonté d’un plateau horizontal, de dimensions
variables, représentant une scène figurative, sculptée en ronde- bosse. La sculpture d’aloalo est pratiquée par les Mahafaly du
grand sud de Madagascar depuis le 18ème siècle. Les aloalo sont érigés afin d’honorer un défunt en même temps qu’ils couvrent les vivants de prestige. Eifiambelo fut le premier à moderniser les aloalo en les peignant et en diversifiant les « scènes » combinant savoirs et histoires traditionnelles. Chaque aloalo figure une scène inspirée de la vie quotidienne, d’un conte ou d’une légende, de connaissances ancestrales ou encore d’histoires partagées par le clan Temaromainte et son bienfaiteur Soroboko Avisoa. Comme l’a écrit l’anthropologue malgache Paul Rabibisoa Rovoay: « L’artiste Mahafale Efiaimbelo a placé l’aloalo au centre de son art. En plus d’avoir enrichi cet art avec l’immensité de sa créativité, il a aussi joué un rôle significatif dans l’introduction de la couleur et dans le renouvellement des thèmes. On trouve des éléments récurrents dans l’aloalo tels le zébu, peint en rouge et blanc ou en noir et blanc, qui représente la passion et le prestige; le guerrier qui représente la souveraineté; une paire d’oiseaux qui exprime l’amour et la loyauté; le policier qui incarne la justice et la force du nouveau régime; ou encore un taxi, une Les descendants d’Efiaimbelo, membres du clan Temaromainte vivent sur la terre des Ancêtres, parmi les « invisibles », à Androka. Leurs maisons consistent en quelques cases protégées par les épineux et les cactus. Les sculptures d’Efiaimbelo furent exposées pour la première fois en 1989 lors de l’exposition « Les Magiciens de la Terre », à la Grande Halle de la Villette, Paris. Le travail d’André Magnin aux côtés d’Efiaimbelo, des enfants, de sa famille, au sein du clan Temaromainte dont il est devenu membre (Soroboko Avisoa), a permis d’exposer leurs œuvres notamment aux Galeries nationales du Grand Palais, Paris (2011); au musée Guggenheim de Bilbao (2007); au Museum of Fine Art, Houston (2005); au Grimaldi Forum (2005); à la fondation La Caixa, Palma de Majorque; au Palais de la Virreina, Barcelone (1994-1995); au Groningen Museum (1992); au Centro de Arte Contemporáneo, Mexico (1992); à la Saatchi Gallery, London (1992); au Centro Atlántico de Arte Moderno, Las Palmas de Gran Canaria (1991).