Perrotin Paris a le plaisir de présenter “Purple Cloud” la première exposition de Zach Harris à la galerie et en dehors des Etats-Unis. La pratique de l’artiste synthétise de nombreuses références à l’histoire de l’art et notamment à la peinture européenne c’est pourquoi cette première présentation de son travail en France est significative. Le travail de Zach Harris est présent dans plusieurs collections publiques, notamment au Hammer Museum, au Santa Barbara Museum of Art et au Princeton University Art Museum, ainsi que dans de nombreuses collections importantes telles que la Rachofsky Collection à Dallas (Texas). Parmi ses expositions personnelles passées, on peut citer Echo Parked In A No Vex Cave à la galerie David Kordansky, Los Angeles; Central Park In A No Vex Cave chez Zach Feuer à New York en 2013 et Must Chill, chez Feuer/Mesler Gallery, New York, NY en 2015. Son travail a aussi été montré lors des expositions collectives Made in L.A, au Hammer Museum, Los Angeles, CA en 2012 et Unorthodox au Jewish Museum, New York, NY en 2015.
Des déesses ; et par d’idolâtres peintures, À leur ombre enlever encore des ceintures : Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté, Pour bannir un regret par ma feinte écarté, Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide Et soufflant dans ses peaux lumineuses, avide D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.
(Stéphane Mallarmé)
A étudier le travail obsessionnel et mystérieux de Zach Harris, on découvre que la surface de ses panneaux de bois, aux tons éclatants et aux formes inquiétantes, révèle en réalité un travail subtil comme la gravure au laser ou la sculpture à la main, faisant écho à une certaine sensibilité américaine pour l’artisanat. Les craquelures et découpes à la surface de l’œuvre dévoilent une sous-couche composée d’une multitude de scénettes, esquissées au crayon ou au stylo bille, représentant tantôt des scènes érotiques évoquant l’iconographie des miniatures perses ou moghols, tantôt des scènes de batailles où les saints et les hommes semblent tirés du Jugement Dernier de Michel-Ange. La pratique artistique de Zach Harris révèle une tension entre le macro et le micro, entre l’imagerie de l’épique et l’attention raffinée accordée au détail, entre la surface virtuose et captivante et la sous-couche méticuleuse et obsédante.
Qu’il représente des calendriers Maya ou des horloges solaires évoquant L’Homme de Vitruve et ses proportions parfaites, qu’il aligne étoiles et personnages mythiques, ou qu’il dépeigne des éclairs et des livres en flammes sur le bord de ses panneaux de bois, Zach Harris démontre une ferveur particulière pour la cosmologie et les systèmes cycliques, ainsi qu’une réflexion profonde et insolvable sur l’ordre et le chaos. Cette approche systémique fait écho à celle du peintre américain Paul Laffoley, dont le langage pictural teinté de symbolisme et de paranoïa fait référence au mysticisme, tandis que les couleurs vives et l’imagerie excentrique qu’il s’approprie évoquent la science-fiction. De manière similaire, Zach Harris nourrit sa pratique d’une étude presque compulsive des structures calendériques, et plus particulièrement du nombre ‘2020’, qui représente à ses yeux un alignement de chiffres exemplaires ou encore la date possible d’un futur idéal.
L’univers visuel de Zach Harris et sa représentation du monde semblent traduire une fascination pour la peinture européenne. Les couleurs vives et les formes géométriques de ses panneaux aux multiples facettes évoquent le post-impressionnisme. Une de ses peintures, figurant une fenêtre en forme de guillotine sculptée dans le bois, fait explicitement référence au tableau de Pierre Bonnard de 1921 La Fenêtre Ouverte. Les visions mystérieuses de Zach Harris semblent également convoquer le symbolisme de Gustave Moreau, mais teinté d’une touche de psychédélisme californien. Observer les œuvres de Zach Harris nous entraîne aux confins de la contre-culture californienne, là où la tradition américaine de la peinture paysagiste visionnaire se confronte aux illusions optiques. Ici les tons psychédéliques et les personnages underground se mêlent à des symboles occultes – pyramides ou yeux – dans une atmosphère apocalyptique. Les peintures de Zach Harris sont hantées par des nuages pourpres, des couchers de soleil orangés, des levers de soleil rosés, et une étrange magie semble émaner de leur halo. C’est la vison d’un Gustave Moreau brûlant d’amour pour Salomé, tous deux vêtus de costumes français, filant en décapotable dans l’or du soir de Malibu Beach.