Une étonnante alchimie lie les nouveaux bronzes de Sylvie Mangaud aux calques rehaussés d’or d’Alexia Tailleur. On les croirait rapportés de deux expéditions poétiques. L’une en pleine savane, parmi les hautes herbes ; l’autre en pleine ville, à l’écart des grands axes. Les deux n’ayant pour seuls instruments que le regard et l’attention. De ces lointaines et proches expéditions, Sylvie Mangaud et Alexia Tailleur ont rapporté des impressions et images auxquelles le bronze, l’or, la photographie et le calque donnent aujourd’hui forme.
Sylvie Mangaud, dont les premières silhouettes longilignes sont devenues une signature, semble ici sculpter le passage. Sa tension, sa fugacité et sa grâce. Ses bronzes, loin de figer les actions, rendent compte du mouvement, de sa fluidité et de sa beauté. Les éléphants avancent d’un pas sûr et tranquille. Les babouins volent d’une branche à l’autre. Les hérons s’apprêtent à quitter le nid. Les guépards rôdent... Leur élan et leurs intentions sont palpables.
D’or, d’argent, de calque et parfois de résine, le travail d’Alexia Tailleur accorde lui aussi une place prépondérante à la matière. En photographe et plasticienne qu’elle est, formée à la technique des icônes, Alexia Tailleur donne visibilité et valeur à ce qui, d’habitude, reste dans l’ombre. Ses vues, prises sur le vif dans les quartiers de Marseille et de Perpignan, sont imprimées sur d’épais calques et partiellement rehaussées d’or. Alexia Tailleur capte notre attention en apportant éclat et valeur, à ce qui aux yeux de beaucoup en paraît dépourvus.
L’une comme l’autre manient, volontairement ou pas, les paradoxes. Sylvie Mangaud sculpte des bronzes aériens et dynamiques quand Alexia Tailleur, elle, sacralise le profane, celui de la rue et d’aujourd’hui.