Maguy Banq est née en 1954 à Marseillan dans le Sud de la France. Elle partage aujourd’hui son temps entre sa ville natale et San Luis Potosi, au Mexique, où est installé son atelier. Diplômée en 1992 de l’école des Beaux-arts de Mexico, elle a d’abord travaillé avec Jorge de Santiago à la réalisation de sculptures monumentales, avant d’amorcer son œuvre personnelle.
L’existentialisme est au centre de sa démarche : l’humain n’est prédestiné à rien, il cherche inlassablement son but, sa raison d’être. En conséquence, les personnages de Maguy Banq sont asexués, non caractérisés, afin d’appuyer leur universalité. Mis à part leur positionnement dans l’espace et leur posture, rien ne permet physiquement de les différencier les uns des autres – à tel point qu’ils pourraient tout aussi bien incarner les étapes successives, de l’errance d’un seul et même individu. L’association de ces figures humaines à des formes géométriques minimalistes relève du même procédé : le dépouillement de ces dernières souligne là-aussi une contingence, un questionnement, une angoisse originelle.
Le cercle et la sphère étaient jusqu’ici omniprésents dans le travail de Maguy Banq, en tant que relais symboliques du supplice de Sisyphe, condamné selon la mythologie grecque à devoir hisser au sommet d’une colline un énorme rocher, qui redescendait aussitôt en contrebas une fois l’homme arrivé à son but. Désormais, arrêtes et lignes droites ont remplacé les courbes. Pavés fictifs, briques factices servent de support et de décor aux sculptures de bronze, les engloutissent, les renferment… Si auparavant, la forme ronde évoquait le cycle, l’épuisement, la chute, le quadrilatère pose dorénavant la question de l’emprisonnement, de l’impasse, de l’aveuglement. Que se passe-t-il au-dehors, derrière les murailles ? Peut-on leur échapper autrement que par la mort ? Chaque individu cherche une issue au sein du labyrinthe et la seule qui soit visible se trouve au-dessus : le ciel, que le visiteur ne peut voir.
Le second glissement qui s’opère dans l’œuvre récente de Maguy Banq, touche les attitudes. Elles n’expriment plus le labeur, ni la recherche d’un équilibre, prétendument précaire. Ici, les figures ont l’assise sûre, leur position est stable, parfois même sereine. Les personnages ne sont plus solitaires, ils se touchent, ils se répondent, avec une affection évidente mais pudique. Même les lutteurs ne semblent pas faire preuve d’agressivité l’un envers l’autre, ils s’occupent. Leur confrontation artificielle n’est qu’un passe-temps face à l’attente d’une libération pourtant vaine, aussi lointaine et invisible que les veines sous les peaux de bronze patiné...