L’art contemporain est un vaste territoire d’explorations où les artistes, à travers une diversité de médiums et de techniques, questionnent le monde et ses multiples facettes.

De l’abstraction à l’art conceptuel, en passant par les installations et l’art urbain, cette mouvance ne cesse de se réinventer, repoussant sans cesse les limites de la création.

Dans un monde en constante mutation, il offre une respiration, un espace de réflexion et de remise en question sur nos modes de vie, nos croyances et nos perceptions.

C’est dans cet univers en perpétuelle mutation que nous rencontrons Aurélien Hild, artiste plasticien français, né en 1992 à Lyon où il réside aujourd’hui partageant aussi son temps entre Paris, Marrakech et Marseille.

Son travail singulier s’inscrit à la croisée des chemins entre l’art ancestral et les expressions contemporaines. Installé dans son atelier, cerné de ses œuvres hybrides, il nous livre sa vision et son processus de création:

Mon travail est instinctif, affranchi de toute règle préétablie, explique-t-il en manipulant la terre. Je me vois comme un passeur, un intermédiaire entre le visible et l’invisible, un explorateur des dualités qui façonnent notre existence.

À travers ses séries d’œuvres – Terres, Résidus urbains, Objets de curiosité ou encore Fractures – Aurélien Hild nous entraîne dans un univers où se côtoient l’archaïsme et la modernité. Ses sculptures de masques en terre cuite, influencées par l’art vaudou et primitif, sont façonnées à la main dans un processus physique et méditatif.

Le contact avec la matière brute est essentiel. Battre la terre, la creuser, lui donner une forme, c’est comme inscrire une mémoire, une trace vivante.

Mais Aurélien Hild ne s’arrête pas là. Il exploite également l’espace urbain avec ses œuvres issues d’affiches récupérées et métamorphosées. Par un travail d’arrachage et de collage, il leur offre une seconde vie, une résurgence artistique où se mêlent hasard et intention.

Chaque affiche raconte une histoire, parfois effacée, altérée, et mon rôle est de la révéler autrement.

En nous guidant à travers son atelier, il nous présente ses Objets de curiosité, des assemblages d’éléments chargés d’une aura mystique, qui évoquent des talismans contemporains. À leurs côtés, sous des cloches de verre, des fragments d’affiches urbaines semblent figés dans le temps, transformés en reliques précieuses.

Il s’agit de donner un nouveau statut à ces objets, les élever au rang de témoins, leur accorder une sacralité inattendue.

Enfin, avec la série Fractures, Aurélien Hild explore la rupture et la reconstruction, jouant sur l’ambiguïté entre peinture et sculpture. Posés sur un support plat, des morceaux de la série Terres, volontairement brisés, créent du relief et projettent des ombres, apportant une présence physique forte à l’œuvre.

Je cherche à brouiller les frontières entre tradition et modernité, entre art et rituel.

Tel un "Ganga", chef spirituel façonnant des fétiches, Hild transcende l’objet utilitaire pour l’inscrire dans une esthétique contemporaine. Loin de se contenter de matériaux trouvés, il détourne l’esprit de cueillette en choisissant avec soin des éléments achetés – bois, enduits, feuille d’or, pastels haut de gamme – affirmant ainsi une démarche résolument actuelle.

Avec Fractures, il brouille une nouvelle fois les frontières entre tradition et modernité, art et rituel, combinant instinct, maîtrise et symbolisme.

Dans son travail, l’implication du corps est une constante. Que ce soit dans l’acte de modeler la terre, d’arracher une affiche ou de peindre en grand format, chaque œuvre porte la trace de son geste, de son énergie vitale.

Dans une société dominée par le numérique et l’instantanéité, des artistes comme Aurélien Hild transcende les matériaux pour explorer des thèmes universels tels que la mémoire, la transmission et la relation complexe entre l’homme et son environnement.

Une démarche profondément actuelle, qui résonne avec les enjeux de notre époque, où ces interrogations occupent une place centrale dans les débats artistiques et sociétaux.

L’artiste nous rappelle ainsi l’importance du geste, du temps long et de la matière. Son travail nous invite à ralentir, à observer, à ressentir pleinement l’impact d’une œuvre sur nos émotions et notre réflexion.

En quittant son atelier, on emporte avec soi l’intensité qui imprègne ses créations, cette quête d’authenticité qui fait de son art un véritable pont entre passé et présent, entre visible et invisible. L’artiste ne se contente pas de créer ; il donne une âme à la matière :

J’aimerais que les collectionneurs de mes œuvres leur parlent !.

Une invitation à repenser notre rapport à l’art, à son essence, à ses limites, et plus largement, à la vie elle-même.

Plus qu’un simple moyen d’évasion, l’art contemporain est un outil puissant pour interroger le monde et soi-même : il nous pousse à remettre en question nos certitudes, à voir au-delà du visible et à nous reconnecter à des sensations primordiales.