Le travail de Bonnie Tchien Hwen-Ying procède du désir d’établir des liens entre la culture chinoise traditionnelle et l’art contemporain.
Artiste pluridisciplinaire, ses œuvres se construisent à partir d’éléments emblématiques de la culture de son pays d’origine, Taïwan, qu’elle réinterprète. Choisis notamment pour leur dimension symbolique, ils constituent la matière même de ses performances comme de ses installations.
Le processus artistique réside dans cette incorporation des éléments du passé de la culture chinoise et de leur actualisation dans la culture occidentale contemporaine. Ainsi lorsqu’elle revisite la tradition du Tai-Chi dont elle déplace les codes, celle-ci constitue une source d’inspiration d’une danse contemporaine centrée sur le rythme lent et ample du geste qui confère au corps une légèreté proche d’une forme d’apesanteur dans une sorte du suspension du temps et de l’espace. Chaussée de très hauts talons aiguilles, elle défie les lois de l’équilibre de sorte que les mouvements de son corps se déploient comme autant « d’errances cristallines » ainsi que le suggère le titre d’une performance réalisée avec Davide Napoli en octobre 2016.
De même, lorsque Bonnie Tchien Hwen-Ying convoque l’esthétique de l’Opéra chinois, celle-ci lui permet d’élaborer des chorégraphies dont elle conserve la dimension rituelle.
Elle trace une voie poétique tant les performances sont le lieu de métamorphoses, tantôt femme animal, femme élément… Ses propres créations de costumes confèrent aux performances une théâtralisation à travers lesquelles elle exprime sa singularité.
Les performances frappent par l’état méditatif dans lequel tout son être semble plongé, celui-là même auquel conduit le Yin et le Yang. De cette recherche de l’harmonie en soi, fondée sur les combinaisons des contraires, l’artiste suggère une formule : « prenons la vie comme une performance ».
Les installations fonctionnent sur le même principe, ce même processus d’élaboration en forme de dialogue entre deux cultures.
La plupart du temps la couleur rouge, autre symbole, domine. Elle apparaît comme la composante essentielle.
Bonnie Tchien Hwen-Ying fait référence à des aspects concrets de la société traditionnelle de la Chine Impériale notamment relatifs aux coutumes du mariage et à la situation de la femme dans son ensemble.
L’installation Mille e tré de 2012 renvoie à la sphère intime d’une salle de bain. Elle se présente comme un condensé de détails qui renvoient aux attributs de la séduction et qui évoquent ces traditions ancestrales qu’elle détourne et transpose dans un décor contemporain. Cette opération de décontextualisation confère à l’installation une dimension critique, du moins une certaine ironie. Dans cet espace il est d’avantage question de « glamour » que d’aliénation de la femme.
Bonnie Tchien Hwen-Ying prolonge sa réflexion en puisant dans d’autres traditions qui vont de la broderie à l’art culinaire.
En opérant une série de déplacements de la culture chinoise du passé, qui nourrit sa création, vers la culture occidentale contemporaine, en entremêlant les deux, en les faisant interagir, Bonnie Tchien Hwen-Ying entraîne le spectateur vers un espace imaginaire qui entre en résonnance avec celui de la poésie.
Biographie
Ses performances ont notamment été vues à la galerie Zurcher de New York, au Musée National de la littérature roumaine de Bucarest, à l’occasion de foires d’art contemporain au Carreau du Temple à Paris, au Marché de la poésie avec Les éditions Transignum dirigées par Wanda Mihulea, Place Saint-Sulpice, Paris ; à la Halle Saint Pierre à Paris, à la galerie Satellite.
Bonnie Tchien Hwen-Ying, allias Miss China est aussi commissaire et galeriste. Elle vit et travaille à Paris.
Elle est la fondatrice et directrice :
-du Cabaret de la Performance, 52 rue Jean-Baptiste Pigalle, Paris France ;
-de la résidence d'artistes « Chantons Aux Vaches », Migné, France ;
-de Rue Française by Miss China, France.
En attendant la réouverture « officielle » de son espace Rue Française en 2021 elle a eu la remarquable initiative de confier à des artistes des cartes blanches : « une semaine, un événement ».