2024 pourrait être la dernière année au plus haut niveau pour le Majorquin. Auteur d’un retour encourageant à Brisbane en janvier puis forfait à Indian Wells après un an sans jouer, l’espagnol aborde la dernière ligne droite avant l’ultime rendez-vous pour lui, Porte d’Auteuil. À quoi doit-on s’attendre ? Éléments de réponse.

2024 serait-t-elle la dernière étape de Rafael Nadal ? La question se pose un peu plus chaque jour. L’éternel blessé ira-t-il jusqu’à se produire à Roland-Garros cette année ? Là aussi, on peut s’interroger, tant l’état d’esprit du natif des Baléares est aléatoire, voire, ces derniers jours, pessimiste. Présent actuellement au tournoi de Madrid, qui précède Rome, il a d’abord battu Darwin Blanch, adolescent américain de 16 ans (6-1, 6-0). Solide ensuite face à Alex De Minaur (7-6, 6-3), le même qui l’avait battu voilà dix jours à Barcelone, Rafa avance doucement mais sûrement vers Paris. Toujours dans le doute, certes, mais avec des motifs d’encouragement. Meilleur au service, létal en revers, l'Ibère a même laissé entrevoir de belles promesses pour la suite. De quoi rêver de le voir soulever le trophée des Mousquetaires pour la quinzième fois le neuf juin prochain sur le Chatrier ? Ce serait peut-être aller un peu vite en besogne…

L’art de la résilience

Il se disait surpris de gagner ce samedi, dans la chaleur de la Caja Magica, face à un De Minaur d’abord confiant, puis hésitant et finalement écœuré par les coups de lasso de l’espagnol. Un premier set accroché, terminé au tie-break (7-5) pour la première fois depuis des lustres, a donné le ton de la rencontre. On n’avait plus vu le taureau de Manacor aussi fringuant et démonstratif dans son attitude depuis son retour aux affaires aux antipodes au tout début de l’année, quand il avait corrigé successivement Dominic Thiem (7-5, 6-1) puis Jason Kubler (6-1, 6-2) avant de tomber face à Jordan Thompson, jeter l’éponge jusqu’en mars pour le Netflix Slam à Vegas face à Carlos Alcaraz et de renoncer à Indian Wells dans la foulée.

Le retour du fameux et désormais mythique « Vamos ! » a été le symbole d’un deuxième acte maîtrisé et remporté aisément malgré quelques coups droits finissant dans les couloirs. Est-on en train de retrouver le vrai Rafa ? Le format en deux sets gagnants nous donne l’impression de lui laisser davantage de latitude avec le temps de mettre son jeu en place. Mais quid du format en cinq manches que lui imposera la deuxième levée du Grand Chelem dans un mois ? Difficile à dire aujourd’hui, tant les conditions de jeu dans la capitale espagnole sont différentes de celles du court central et quoiqu’il arrive, elles le seront encore plus dans quelques jours au Foro Italico de Rome - sauf accident de parcours - pour apporter de concrètes preuves de l’énième retour de l’ancien numéro un mondial dans la cour des grands.

Une perte de poids bluffante, pour mieux résister aux blessures ?

C’est la principale information de la semaine madrilène. La perte de poids saisissante du natif de Manacor en a impressionné plus d’un. Plusieurs dizaines de kilos en moins et un corps radicalement différent de ce que les puristes ont pu observer ces dernières années. Déjà en octobre dernier, on pouvait l’apercevoir sur un cliché posté sur le réseau Instagram avec un « sparring partner ». Sept mois ont passé et Rafa arbore désormais un physique aminci, davantage sculpté qui rappelle les toutes premières sorties de sa carrière. Doit-on pour autant en conclure qu’il est déjà prêt pour la grande échéance du 20 mai prochain ?

Deux heures d’autonomie dans les jambes

Peu à son aise le 17 avril dernier en Catalogne, battu en deux sets dont un cinglant 6-1, on se demandait quelle pouvait donc être la recette pour voir l’espagnol revenir à un niveau décent sur sa surface de prédilection. On sait (depuis le temps) qu’en 20 ans de carrière au plus haut niveau dont 22 Grands Chelems, à quel point la machine a besoin de temps pour être efficiente. Là où un Djokovic se comportera en véritable missile pour se lancer, Nadal aura toujours un temps de latence. À bientôt 38 ans (il les aura à Roland), le gaucher est passé d’un marathonien du fond du court à un boxeur expérimenté avec deux heures d’autonomie. Si le physique suit, que son genou récupère correctement et que ses abdos le laissent enfin tranquille, on peut légitimement penser le voir monter en puissance ces prochaines semaines. Nouveau test ce lundi de fin avril face au modeste argentin Pedro Cachin, 91è mondial et tombeur de Frances Tiafoe en 32ème de finale. Une défaite serait dans la logique des choses, signifierait le long chemin qu’il reste à franchir, alors qu’un nouveau succès confirmerait le retour en grâce et l’évidente montée en puissance. Après tout, un grand joueur ne joue jamais un deuxième match de suite de la même façon et De Minaur est bien placé pour en parler.