Ce n’est plus une surprise, depuis quelques années l'Arabie Saoudite investit massivement dans le sport et en particulier le football.
Le championnat de football d'Arabie Saoudite est en train de se métamorphoser sous nos yeux, passant d'une ligue relativement méconnue à une compétition de premier plan de plus en plus attractive. Alors que le monde du football est en constante évolution, l'Arabie Saoudite s'est engagée dans un ambitieux projet visant à propulser sa ligue au sommet du football asiatique et mondial.
À court terme, l'objectif est de consolider la position du championnat de football d'Arabie Saoudite en tant que destination attractive pour les joueurs internationaux de haut niveau. Les clubs saoudiens visent à remporter des compétitions continentales, comme la Ligue des champions de l'AFC, pour prouver leur compétitivité.
Puis à moyen terme, l'Arabie Saoudite vise à améliorer encore son classement FIFA et à devenir un acteur majeur sur la scène asiatique. Cela implique de maintenir des investissements constants dans les infrastructures et la formation, tout en continuant d'attirer des talents internationaux.
La folie des grandeurs
L’Arabie Saoudite a fait une percée spectaculaire cet été sur le marché des transferts dans le football masculin, se hissant au deuxième rang des pays les plus dépensiers derrière l’Angleterre, selon un rapport publié par la Fifa. Les clubs saoudiens, qui ont attiré le Ballon d’Or Karim Benzema, Neymar Jr, Ronaldo et j’en passe, ont déboursé plus de 900 millions de dollars en trois mois de mercato. C’est la deuxième plus grosse dépense pour un championnat derrière la Premier League anglaise qui a déboursé 2.8 milliards d’euros.
L’arrivée de Neymar en provenance du PSG est la plus grosse dépense d’un club saoudien, 90 millions d'euros. C’est au niveau des salaires que l’on réalise qu’aucun club au monde ne peut rivaliser. 4 joueurs à plus de 100 millions d’euros la saison, Kanté, 97 M, Neymar Jr, 160 M, Benzema, 200 M et enfin Ronaldo, 205 M. Plus d’une quarantaine de joueurs venus d’Europe ont débarqué cet été dans ce championnat pour des raisons diverses et variées.
VRP de luxe, diplomates…
L'investissement massif de l'Arabie Saoudite dans le football, bien qu'il ait contribué à faire progresser ce sport dans le pays et à l'échelle régionale, suscite plusieurs problèmes et controverses. L'Arabie Saoudite a parfois été accusée d'utiliser le football à des fins politiques et de soft power, en particulier pour améliorer son image internationale. Le royaume a été critiqué pour ses antécédents en matière de droits de l'homme, y compris des questions liées à la liberté d'expression, à la discrimination et aux droits des femmes. On est en droit de se poser la question si participer au championnat de football en Arabie Saoudite peut légitimer ou occulter ces problèmes.
Les différences culturelles peuvent parfois provoquer des controverses, notamment lorsque des joueurs étrangers ne respectent pas les normes de conduite ou les règles religieuses locales. Neymar Jr, présent depuis seulement deux mois, n'en est pas à son premier scandale. Il est surveillé par l'État saoudien qui n'hésitera pas à prendre des sanctions s’il est pris en flagrant délit de jouer au poker en ligne alors qu'il est dans le Royaume. En cas de non-respect de cette obligation, le Brésilien pourrait même aller en prison car cette pratique est punie jusqu'à six ans d'emprisonnement.
Il reste tout de même libre de ses mouvements, le club lui fournit un jet privé, tout comme Cristiano Ronaldo, ainsi qu’une résidence luxueuse et un personnel à sa disposition. Chaque story réalisée et postée sur ses réseaux pour promouvoir le pays lui rapportera environ 500 000 euros. Les deux icones sont des VRP de luxe pour un pays qui ne compte pas changer ses valeurs sur le statut de la femme ou sur les droits de l’Homme. Véritables idoles des jeunes, ils vont servir d’influenceurs pour le royaume grâce à leur grande communauté sur les réseaux sociaux. L’aspect marketing de leur venue est non négligeable. Ce sont de véritables outils promotionnels dont il a bien fallu calculer le prix à payer et le retour sur investissement.
La venue de ces stars à la dimension planétaire peut aussi avoir des répercussions géopolitiques. L’Arabie Saoudite joue un rôle important dans les relations internationales, notamment au Moyen-Orient. Cela fait quelques années qu’il était devenu impensable qu'un match entre un club saoudien et et un club iranien puisse à nouveau se dérouler. Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques depuis 2016. Il y a encore fort à faire avant que les dirigeants des deux pays ne se rencontrent. En septembre, Ronaldo a débarqué dans la capitale iranienne comme ambassadeur d'un nouveau genre pour le compte d’un match de la phase de groupe de la ligue des champions asiatique entre Al-Nassr et Persépolis, symbole de l’apaisement des tensions entre les deux pays.
Et le football dans tout ça ?
La Saudi Pro league est un championnat de 18 équipes avec un champion en titre, Al-Ittihad qui s’est renforcé cet été avec l’arrivée de Benzema, Kanté, Jota et Fabinho. Ils seront aux prises avec Al-Hilal de Neymar, Milinko-Savic, Koulibaly, Malcom et Mitrovic. Sans oublier Al-Nassr, l’équipe de Ronaldo et Sadio Mané qui peut venir jouer les trouble-fête. Ce championnat s’annonce passionnant, Canal+ a sauté sur l’occasion en achetant les droits du championnat pour les diffuser en Europe.
Des équipes aux allures de dream-teams, un spectacle au rendez-vous, des stades en folie… Les stars assurent l’essentiel, Ronaldo est là pour battre des records, il y a bien des choses qui ne changent pas, même pour tout l’or du monde. Les stades, récents pour la plupart, sont prêts à accueillir de grands événements comme la coupe du monde des clubs ou la coupe d’Asie dans quelques années.
À la différence du Qatar qui a remporté le droit d’organiser sa coupe du monde en coulisse, l’Arabie Saoudite a pour objectif de gagner la sienne sur le terrain en démontrant que c’est un pays de football. Ils ont 10 ans pour parvenir à cet objectif et nul doute que le royaume mettra tout en œuvre pour y arriver. Rendez-vous en 2034 !