Né en 1511 à Arezzo et mort en 1574 à Florence, Vasari est un peintre, architecte et écrivain italien de la Renaissance.
Issu d’une famille modeste, il va d’abord travailler dans l’atelier d’un verrier français Guillaume de Marcillat à Arezzo puis, à partir de 1524, il fréquente les grands ateliers florentins d’Andrea Del Santo et de Michel Ange.
Toute sa formation et son intention étant tournées vers l’étude du dessin, Vasari part à Rome en 1532 et 1538 pour copier les œuvres les plus célèbres de la renaissance italienne. En effet, pour lui, l’inspiration du peintre est paralysée par son souci du contenu et de l’effet alors qu’en utilisant la plume, le lavis ou la pierre noire le dessinateur a une plus grande liberté d’expression.
Il défendra ainsi l’art du dessin tout au long de sa vie et fonde l’Accademia delle arti del disegno en 1563 et sera le 1er collectionneur de dessin à les présenter dans des encadrements de son invention. À Rome, il se fait alors introduire dans le cercle des humanistes réunis autour du cardinal Alexandre Farnèse pour qui Vasari exécute L’Allégorie de la justice.
Au cours de cette période, l’artiste réalise plusieurs œuvres parmi lesquelles le Portrait du duc Alexandre, la Déposition du Christ ou encore l’Immaculée conception qui est l’œuvre la plus connue de l’artiste. Très jeune, il participe aux fêtes princières et se lie avec les Médicis. Il est ainsi appelé en 1554 à Florence par Cosme 1er de Médicis pour organiser l’aménagement de l’ancien palais de la seigneurie. Entre 1560 et 1584, il restaure l’église Santa Croce à Florence qu’il décore d’autels classiques selon les vœux de Cosme 1er de Médicis.
L’artiste va aussi travailler pour Pie V à la fin de sa vie pour lequel il réalise la Sala Regia au Vatican de 1572 à 1573.
Vasari n’est aujourd’hui plus vraiment connu pour son travail artistique, mais pour ce qu’il a légué à l’histoire de l’art avec Le Vite, texte fondateur de ce que sera l’histoire de l’art moderne.
La première édition Le Vite de' più eccellenti architetti, pittori et scultori italiani, da Cimabue infino a' tempi nostri (en français, Les Vies des meilleurs architectes, peintres) comporte les biographies des artistes décédés pendant l’écriture de son ouvrage à part Michel Ange soit environ 200 artistes. La deuxième édition de 1568 comporte également plusieurs notices avec des observations sur les œuvres ou encore des anecdotes et une autobiographie de l’auteur.
Cet ouvrage n’offre pas une réelle classification ni hiérarchisation des différentes périodes artistiques ; Vasari ne propose pas d’analyse d’œuvre à proprement parler, il s’agit plutôt d’un répertoire descriptif et d’un état des lieux. Son intention première était véritablement de retranscrire les motivations des artistes à différentes époques pour déceler l’essence même de leurs œuvres.
On peut aujourd’hui critiquer sa subjectivité puisque l’auteur n’hésite pas à être soit complaisant soit virulent selon les artistes avec qui il avait plus ou moins d’affinités !
Avant Vasari, Cennino Cennini (1370-1440), peintre toscan, avait rédigé le premier traité de peinture Libro dell’arte (en français, Livre de l’art ou Traité de la peinture) en 1390. Il y offre une vision globale et théorisée du métier de peintre dans laquelle il décrit un art manuel et intellectuel utile à la vie de la cité qu’il embellit. La peinture selon lui sert la dévotion, est là pour convaincre, et les artistes doivent être passionnés. L’auteur décrit ainsi une liste de prérogatives à respecter parmi lesquelles être patient, écouter son maître, étudier le corps humain et surtout copier, méthode aujourd’hui encore d’actualité.
L’art passionne en réalité depuis l’Antiquité au travers de nombreux traités philosophiques sur la beauté notamment et se conçoit sous le prisme de l’histoire dès la Renaissance.
Cette histoire de l’art ne cesse ensuite de se développer, se modifier en fonction des tendances et esthétiques des époques et du contexte historique dans lequel s’inscrivent les productions artistiques. De Vasari à Winckelmann en passant par la critique d’art avec Diderot, des théories philosophiques de Hegel à l’histoire de l’art de Riegl, la théorie a aussi bien alimenté l’art que l’inverse.
Mais alors aujourd’hui, à l’ère contemporaine où le pluralisme artistique est roi, l’histoire de l’art qui classifie, stigmatise, est-elle finie ?