Enfant surdoué, prodige du ballon rond que j’ai vu éclore au plus haut niveau, bluffant en Espoirs, incroyable à Arsenal car biberonné par Arsène Wenger puis auréolé de titres avec son club formateur, le FC Barcelone, Cesc Fabregas a raccroché les crampons après vingt et un ans de carrière.
Après des passages moins retentissants à Chelsea ou Monaco, et terminant même en deuxième division italienne, à Côme (où il va désormais entraîner les U19), après un épisode sur le Rocher, c’est à 36 ans que Cesc Fabregas a choisi de dire stop. L’ex-milieu organisateur des Gunners et du Barça aura tout connu au cours d’une riche carrière. Des hauts, des bas, mais surtout des choix de cœur. D’abord, il est arrivé à l’âge de dix ans à la Masia, dans la même génération que Gérard Piqué et un certain Andres Iniesta. Après quelques années chez les jeunes du célèbre centre de formation barcelonais, il choisit de rallier l’Angleterre pour rejoindre Arsenal, séduit par le discours d’Arsène Wenger. Le tout à seize ans. Avec les Gunners, il débute en FA Cup et devient rapidement une des clés de voûte du onze londonien. Wenger devient son mentor et en fait un élément moteur de son équipe avec Samir Nasri et Robin Van Persie. Ainsi, en huit années dans le nord de la capitale anglaise, “Fabulous Fab”, tel le doux surnom que lui a attribué à l’époque un commentateur de la BBC, dispute 304 matchs pour 57 buts. Mais au-delà des chiffres, on découvre alors un joueur doté d’une finesse technique et d’une vision du jeu rare. Deux actions mémorables qui resteront dans les esprits : sa reprise du droit en Ligue des Champions face à l’AC Milan à San Siro et surtout son rush incroyable face à l’ennemi juré Tottenham en octobre 2009, dans un Emirates grondant son nom.
Car “Cesc”, outre le fait d’être un buteur occasionnel, est surtout connu pour son art de la dernière et de l’avant-dernière passe. Celle qui casse les lignes (ou la ligne), qui met sur orbite les attaquants pour faire la différence, le Playmaker, celui qui fait jouer les autres, les sublime autant qu’il se sublime parfois lui-même. Wenger, dont le talent inné pour dénicher les futures stars du football des années 2000 n’est plus à démontrer, avait vu en lui dès le départ un joueur capable de devenir sa plaque tournante. L’arracher à Barcelone a été l’occasion pour Fabregas de lui donner raison. Et trois cent matchs plus tard, avec une seule FA Cup dans la besace comme titre majeur, l’espagnol a choisi de revenir dans son club formateur et surtout, dans le grand Barça de Pep Guardiola. Retour au bercail.
Des hommages de Piqué, Puyol et Messi
Il n’aura pas son jubilé, ni même de statue devant le nouveau Spotify Camp Nou, mais Fabregas aura une place privilégiée dans le cœur des fans de ses deux clubs. Car avant de terminer par Monaco et Côme, le champion du Monde 2010 a aussi été l’un des rares à avoir signé à Chelsea sans connaître la haine des supporters des Gunners. C’est dire la côte d’amour qu’il a gagnée sur les bords de l’Emirates Stadium. Sur les réseaux, à l’annonce de sa retraite, des hommages marquants sont apparus. Gérard Piqué, avec qui il a remporté la Ligue des champions 2011 (entre autres), Carles Puyol et bien sûr Lionel Messi. Justement, cette Coupe du Monde africaine, parlons-en. C’est lui qui délivre l’Espagne en finale face aux Pays-Bas, offrant à Andres Iniesta le but de la victoire en toute fin de prolongation.
L’art et la manière de rentrer dans l’Histoire du football ibérique
Régulièrement appelé en sélection, “Cesc” fait partie de cette génération dorée qui a fait le triplé Euro 2008 - Mondial 2010 - Euro 2012. Époque exceptionnelle pour la péninsule qui n’avait plus rien gagné depuis l’Euro 1964 et qui, malgré de valeureuses générations depuis, vient seulement de remporter un nouveau titre, en l’occurrence la Ligue des Nations, après onze ans de disette. Fabregas a donc eu la chance de figurer dans cette époque formidable pour le foot espagnol et dans laquelle il a su s’imposer. Les connaisseurs retiendront évidemment cela, même s’il restera toujours cette époque barcelonaise où il n’aura pas eu la reconnaissance attendue.
Merci Cesc et bon vent.