Question provocatrice, mais redondante, telle la vague maritime qui va et vient incessamment… En effet, nous voyons un nombre croissant de coaches sur internet qui poussent comme des champignons en automne invitant les individus à aller chercher leur voie, ne plus subir le « métro boulot dodo » …
Débat même… Pour certains, la grande majorité, et même pour notre modèle sociétal, éducatif et pour notre inconscient collectif, le travail doit être ce qui apporte la sécurité financière avant tout… Que n’ont-ils raison, lorsque ce même système est bâti sur le principe de l’égalité suivante « service équivaut à argent ». Et argent équivaut à service rendu ou bien argent équivaut à matériel. Et que doit-on réaliser selon notre modèle économique pour gagner cet argent ???? Un travail … Même si ce modèle est toutefois quelque peu bousculé par internet et ses nouvelles possibilités qui défient les limites imposées par le paradigme économique en place dans nos sociétés occidentales… En effet, nous voyons un nombre croissant de consultants auto-proclamés qui promettent la richesse facile grâce à leur méthode révolutionnaire, utilisant les mêmes possibilités du web… ou encore d’autres méthodes faisant appel à la magie des chaînes relatives à la cryptomonnaie… A travers ces tendances rendues possibles par internet, on comprend que ce que recherche l’individu, c’est non seulement la sécurité, qui se situe juste après les besoins physiologiques selon la pyramide de Maslow… mais aussi l’argent facile, le temps libre, la liberté financière, la belle vie.
Que recherche l’individu alors ? Et que fera-t-il de son temps libre s’il atteint toutefois cet idéal de vie promu par les vendeurs de rêves sur internet ? Il ira aux Maldives, ou autres endroits paradisiaques, il ira faire son tour du monde fantasmé depuis toujours dans les hôtels cinq étoiles, et puis il commencera à s’ennuyer, à s’enivrer… Bref, quel est donc le sens de la vie ? Cette question de plaisir professionnel soulève en réalité une vraie question existentialiste. Comment l’être humain doit-il occuper son temps ? Que doit-il chercher ? Est-ce en cherchant le bonheur qu’il trouvera l’abondance financière ou est-ce en cherchant l’abondance financière qu’il trouvera le bonheur ? Telle est donc la question…
De nombreux exemples de personnages riches, célèbres, ne manquant de rien, vivant dans une extrême abondance nous montrent que l’état de bonheur n’est pas lié aux circonstances extérieures ou à l’état du compte en banque. Certaines personnes ont tout, en effet, mais restent torturées, et vont chercher le bonheur dans des plaisirs éphémères procurés par des pratiques addictives, ou sexuelles extrêmes, ou les deux, pratiques qui ne connaissent les limites que celles de la mort, des accidents, de la dépression et de la déchéance psychologique. Pourtant ces célébrités exercent une activité qui leur plait en principe… Ce schéma soulève alors une autre question des dérives de l’extrême abondance pour l’être humain… À force de satisfaire un égo insatiable, l’être humain en oublie la gratitude de la simple vie et sa fragilité aussi. Celui-là devrait se tourner vers les autres, et y trouver les réponses que son être propre ne lui fournit pas.
A l’opposé, peut-on vivre pour autant heureux dans un habitat insalubre, car les fins de mois sont trop difficiles… la recherche du diplôme bac + quatre garantit-elle cette sécurité tant recherchée par l’individu ? Quel prix doit payer l’individu pour cette recherche de sécurité ?
Le système éducatif pousse les enfants à la compétition, à atteindre le meilleur, à poursuivre les études au plus haut niveau… Mais ce plus haut niveau aujourd’hui est atteint par un grand nombre et perd aussi par ricochet de sa valeur. Il y a vingt ans, détenir un bac plus quatre relevait encore d’une minorité certaine, alors que de nos jours cela relève du commun… Cela n’abaisse-il pas la valeur du diplôme ? Ceci est encore une autre question. Le système éducatif pousse les enfants au stress, à la pression, dès le plus jeune âge … pour quoi faire ? Chercher l’Eldorado du travail qui rémunérera bien… Où est donc la voie ? Chercher les trois lettres miraculeuses du CDI qui sont censées délivrer la sécurité ? L’obtention d’un prêt bancaire… Le CDI est aujourd’hui ce qu’était l’emploi dans la Fonction publique alors… La sécurité de l’emploi, la tranquillité de l’esprit… cette tranquillité de l’esprit pour le terme… mais au quotidien… qu’est-elle ? Que doit-on accepter ? Où est la limite de l’acceptable ? Burn out ? Bore out… suicides …. Le mal-être est évident partout !
Internet, et plus récemment la pandémie nous ouvrent les yeux sur de nouvelles formes de travail, sur de nouveaux modèles qui peuvent en effet être des alternatives intéressantes au plus large modèle proposé… mais ont-elles un sens si ce sont des coquilles vides ? Que nous disent nos jeunes, quel modèle nous enseignent nos start-up ? Ils nous parlent de plaisir au travail, d’un environnement bienveillant…
Ce que chacun d’entre nous doit rechercher avant tout c’est son propre plaisir au travail de sorte que ce même travail devienne une activité, une activité qui rémunère et qui pourvoit les besoins essentiels de sécurité, d‘équilibre financier, et psychologique. Quid du petit boulot dont les tâches ne sont ni agréables, ni satisfaisantes ? Un tremplin passager, sans oublier sa voie. Inacceptable sera donc le harcèlement moral, par exemple, d’un manager malveillant au nom du sacro-saint CDI, inacceptables seront donc les difficultés mensuelles… Où est la clé ? où est l’équilibre ?
Rechercher sa voie pour le long terme, tel est le chemin du bonheur qui fera accepter les petits jobs, car nous savons qu’ils n’ont qu’un temps, qui fera dépasser nos limites, et chercher de nouveaux diplômes… Rechercher son bonheur au quotidien, et veiller à ce que son travail et son environnement nous apportent satisfaction personnelle, et confort matériel.