Tout a commencé par curiosité.
La quarantaine m'a enhardi et j’ai commencé à me regarder plus attentivement dans le miroir, découvrant petit à petit que mon front devenait argenté, et j’ai voulu continuer à observer à quoi ressembleraient mes cheveux gris. Avec étonnement, j'ai réalisé qu'ils me plaisaient. J'ai toujours pensé que quand j'aurais 60 ans je les permettrais de pousser, peut-être que plus tard je repousserais le moment... Un jour, en discutant avec ma mère par appel vidéo, j'ai réalisé que j'avais apparemment plus de cheveux gris qu'elle. C'était amusant.
Aujourd'hui, les cheveux gris chez les femmes sont socialement plus acceptés, pendant la pandémie, nous avons dû faire face à une situation qui, au début, nous semblait irréelle, mais d'un autre côté, cela nous a fait voir ce que nous sommes vraiment, des êtres qui vieillissons, que nous ne sont pas éternels et que nous sommes très vulnérables.
Avec la fermeture des coiffeurs et simplement parce que pendant la longue quarantaine nous n'avons vu personne, nos cheveux ont commencé à montrer une apparence que nous avons essayé de cacher et que nous n'avons pas affrontée : les cheveux gris. Cela, pour les hommes, a été plus facile car les cheveux gris chez eux, veut dire : « noblesse », un symbole d'expérience et d'intellectualité… uf ! Pour les femmes, socialement, il n'y avait qu'un sens : la vieillesse. Mais la pandémie nous a apporté la mode des cheveux gris chez les femmes et nous nous sommes libérées de l'esclavage de notre siècle, la teinture. Aujourd'hui, le sens de porter des cheveux gris est : Prise de pouvoir. J'ai vu avec étonnement des jeunes femmes porter des cheveux couleur poivre et sel, la mode à cette époque est de teindre les cheveux gris, ce que notre génération a essayé de cacher par tous les moyens possibles.
De nombreuses célébrités, post-pandémiques, ont arboré fièrement leurs cheveux gris, comme l'actrice Andie MacDowell, qui a déclaré dans une interview pour le magazine "Vogue" qu'elle se sentait puissante, honnête et très à l'aise avec son nouveau look. Elle est suivie par les actrices Helen Mirren, Jamie Lee Curtis, Diane Keaton. Le gris habille également des têtes couronnées telles que la princesse Carolina de Monaco, la reine Letizia d'Espagne, la princesse de Galles, Kate Middleton. Des stylistes comme la célèbre créatrice Carolina Herrera. De nombreuses célébrités latines comme l'actrice Victoria Ruffo, la grande Verónica Castro. La célèbre actrice Salma Hayek a surpris avec son message sur les réseaux sociaux « sois fière de tes racines » faisant allusion à ses beaux cheveux gris.
Parmi les Chiliennes, on trouve la grande artiste et chanteuse Mon Laferte, l'actrice Gabriela Hernández qui arbore de magnifiques cheveux argentés et l'écrivaine Isabel Allende parmi d'autres grandes femmes.
Pour briser les stéréotypes asservissants que la société nous impose depuis des siècles, il nous faut, à nous-même les femmes, les renverser, il faut être plus doux avec notre apparence, accepter les changements de notre corps, que le temps est implacable et qu'il passe joyeusement pareil pour tout le monde. Acceptez que, même si nous passons des journées entières au gym, nous n’allons pas récupérer le corps que nous avions à 20 ans et honnêtement, je ne voudrais pas l'avoir car le corps de mes 40 ans m'a rendu plus heureuse. Aujourd'hui, à 53 ans et avec les cheveux gris, je me sens pleine de couleurs, libre et détendue. J'ai ressentait une énorme angoisse quand j'ai voyait l'apparition de mes cheveux gris après 10 jours de teinture... Je dois admettre qu'au début, il était très difficile de voir comment ma tête toujours noire commençait à s'éclaircir et de voir comment mes cheveux commençaient à se remplir d'argent. Aujourd'hui j'aimerais me débarrasser au maximum de tout ce qui me stresse et vivre pleinement, sereinement et je sens que mes cheveux gris m'ont beaucoup aidé à atteindre cet état de calme. Aujourd'hui, je me sens autonome, grande, forte et indépendante. Aujourd'hui, j'ai l'impression de m'être libérée des stéréotypes qui ne faisaient qu'asservir mon apparence.
Quand j'étais jeune, ma grand-mère me disait que j'avais la "tête dans la lune", en faisant allusion à mon manque de connaissances ou à ma distraction. Aujourd'hui, j'ai le privilège de montrer les couleurs de la lune dans mes cheveux !
Traduit par Rubí Zuñiga