Christian Sicault est né pour être mosaïste. Il s’inspire d’une technique ancestrale, magnifie grâce à son doigté, la lumière et la matière. Il nous a ouvert les portes de son atelier près de Melle.
La magie d’une technique ancestrale
Comment restituer l’art dans toute sa splendeur avec les mots parfaits ? Là réside la difficulté car un art parfait ne peut s’expliquer. On sait qu’un art, à son apogée, respecte des règles : une théorie et une pratique. Les deux, associés, permettent à l’homme de réaliser de grandes choses : ouvrages, sculptures, musique. Les œuvres magnifiques resteront gravées dans l’Histoire car leur présence parle. Elle raconte une époque, un imaginaire. Il faut alors acquérir un sens de l’observation aigüe et une finesse dans sa pratique pour explorer l’essence de ces choses. Christian Sicault a choisi un art particulier ou peut-être est-ce l’art qui l’a choisi : la mosaïque. La mosaïque est une technique qui demeure à travers le temps et qui continue d’intriguer les hommes. Cette technique, ancestrale, est restée la même. Elle prend en compte la pierre, le marbre, bref la matière ; l’astronomie car il faut étudier le soleil afin de savoir comment disposer les pièces pour qu’elles resplendissent le plus possible. C’est là toute l’œuvre de Christian Sicault : jouer avec la nature, jouer avec la lumière. C’est dans son grand atelier près de Melle qu’il nous a accueillis. En regardant ses yeux qui pétillent et ses mains d’artisan, on est certain que l’Art l’a choisi et qu’il a trouvé sa voie. Cela épaissirait un peu plus le mystère de la Création. Il eut, étant jeune, une révélation devant une mosaïque à Ravenne. Quoi de plus beau que l’Italie, berceau de l’art occidental pour tomber sous le charme de la mosaïque ? C’est à Ravenne également que Christian Sicault fut formé en 1976 par le maître mosaïste Sergio Cicognani. Il ouvre ensuite l’atelier Emblema en 1989 pour proposer ses services de création et de restauration de mosaïques.
L’inspiration romaine
« Les Grecs utilisaient des galets pour réaliser les sols de leurs demeures. Progressivement, la mosaïque s’élève avec les Romains sur les fontaines qui agrémentent les jardins consacrés aux Muses, d’où l’origine de son nom » peut-on lire sur le site de Christian. Vitruve est un architecte romain qui vécut au 1er siècle avant J-C. Il écrivit sur l’art et sur la technique de la mosaïque. Grâce à sa technique Christian Sicault a réussi à façonner son œuvre et par-là même sa vie, car elle est intimement liée à cette belle matière qu’est le minéral. L’Homme manque parfois de mot devant la beauté des choses, et de force pour porter l’héritage historique. La mosaïque possède une Histoire, elle offre à nos yeux des vestiges, souvenirs du passé qui permettent de comprendre le présent, de le fabriquer et de puiser dans l’imagination débordante et fascinante des Anciens. Christian Sicault prend part, humblement, à la poursuite de cette Histoire. Il faut le voir pour le croire. Il façonne de ses mains différents types de sculptures gracieuses : zouaves, artistes. Il chemine et conçoit un désert, deux figures s’admirant, s’aimant ? Ou joue avec la lumière et donne matière à réfléchir autour d’un halo.
Les héritages du passé sont fragiles. Il faut les cajoler, les admirer, les déchiffrer pour en extraire toute leur beauté. Subjugués, nous serons ainsi tentés d’imiter les plus belles œuvres pour renouveler cette flamme qui habite les hommes et qui s’appelle Beauté. C’est ainsi que naît une révélation.