L’essai consistera à présenter une réflexion sur un ensemble de sujets en considérant que les sujets sur lesquels aujourd’hui les philosophes se penchant embrassent la totalité des préoccupations essentielles de nos civilisations. Actuellement dans la philosophie telle qu’on peut la rencontrer, on trouve des essais qui traitent séparément, sur plusieurs centaines de pages, chacun des sujets que je vais aborder. Je considère qu’il existe un art de l’analyse radicale permettant d’être lisible, lu et réfléchi en exprimant le nécessaire et suffisant en peu de pages, pour mieux comprendre sans avoir à s’arrêter démotivé par l’énormité anti-ludique et le pensum des 199/200 pages éditorialement requises. Je m’en suis également servi dans mon art, mais je vais aussi l’utiliser dans une réflexion sur une grande partie de l’ensemble de nos préoccupations.
Art, innovation :
Dans l’art il y a un problème radical, qui est qu’à partir du milieu du 19e siècle, l’industrie dans le monde occidental s’est constituée comme un business qui avait besoin de vendre. Qui pour vendre produisait, mais avait besoin de vendre. Pour pouvoir continuer à vendre après avoir satisfait un besoin, la solution du monde industriel a été l’innovation. Pour vendre des produits, quand on a livré des produits qui satisfont des besoins, on va en faire des nouveaux, revendiqués comme supérieurs ou différents, pour continuer à produire, à vendre et à faire du bénéfice. Il se trouve que, exclus des académies officielles, les artistes ont commencé à produire avec un code différent. La façon de produire la peinture et la sculpture qui a été celle, d’abord des romantiques, puis des impressionnistes, a été de remettre en question le code classique. Le code classique était la perfection, la virtuosité d’exécution, la fidélité à la nature et des sujets réputés de haute tenue morale et intellectuelle. Les romantiques ont commencé à s’occuper d’autres choses que des sujets de haute tenue morale, que des allégories et des événements historiques, d’autres choses que des grands hommes et des grands mythes. Ils ont commencé à s’occuper de la vie courante, vulgaire, populaire et même populacière (art du XIXe) et ils ont vendu parce qu’ils ont copié le modèle marketing, le modèle commercial industriel. C’est-à-dire l’innovation. Et on a considéré qu’un artiste est un créateur, et un créateur c’est un innovateur.
La première vague d’artiste a créé le Romantisme (Corot, etc.), puis sont venus les Impressionnistes, qui ont commencé à quitter la figuration, ensuite sont apparus une succession d’écoles dont chacune remettait en question la précédente. Chacune innovait, contestant radicalement l’école précédente : après l’Impressionnisme, le Symbolisme, ensuite du Fauvisme, de l’Expressionnisme, du Dada et du Surréalisme, du Cubisme, de la figuration naïve, du minimalisme, des « installations ». En 1882, on a copié deux fois le monochrome, suivi ensuite par des centaines d’épigones, à la fois des monochromes (Aurélie Nemours après Yves Klein), ensuite est venu les Ready-made en pagaille sous les deux formes proposées par Marcel Duchamp, c’est-à-dire le canular institué œuvre d’art.
Et là est arrivée une rupture : l’Abstraction. La rupture est que l’Abstraction pose un problème : il n’y a plus de code. Alors, comment distinguer un bon tableau abstrait d’un barbouillage ? Où commence l’imposture et quand le roi devient-il nu ?
Dans l'évolution artistique du 20ème siècle, où chaque nouveau mouvement à la fois innovait et s’opposait aux précédents le contenu, la forme et surtout l’audience de l'art l'a révolutionné. Après l'Abstraction par le Pop Art qui garde encore une forte empreinte sur ses 3 successeurs et dérivés : le Design d’art, la bande dessinée, le street-art (graffiti), ces nouveaux courants ont reçu le statut du domaine de l'art pour exposer en galeries, musées, et foires d'art : la photo, suivie de la vidéo, et maintenant les NFT virtuels.