Avant de définir ce qu’est un digital learning manager et pourquoi il est selon moi un acteur capital dans le futur de l’apprentissage, il est nécessaire de faire une rétrospective du e-learning et mieux appréhender sa place actuelle ainsi que ses perspectives d’évolution.
Au cours des 20 dernières années, nous avons assisté à la démocratisation de la technologie la plus puissante que l’humain ait eu l’opportunité de concevoir et c’est sans équivoque; Internet.
Nous sommes tous déjà des cyborgs, disait Elon Musk lors d’une interview au sujet de son controversé Neuralink, et je le rejoins au moins sur ce point.
Aujourd’hui, le fait d’avoir accès à un monde où l’espace n’existe pas et où l’on peut passer d’une source d’information à une autre de manière illimitée et sans temps de latence est devenu quelque chose de tout à fait naturel dans nos vies. Un concentré d’informations accessibles à toute heure et en tout endroit, voilà ce qu’est le web.
On serait tenté de se demander pourquoi nous n’avons pas plus tôt songé à la toile informatique comme un outil de formation efficace et viable sur pléthores de sujets. Il nous a fallu une crise mondiale et des confinements prolongés dans la plupart des grandes villes du monde occidental pour que le E-learning connaisse son premier réel essor.
Le travail constitue la part majeure de nos quotidiens. Même lorsque l’on est salarié, nos journées se passent en bonne partie entre transports et lieu de travail. En rentrant chez soi, le premier réflexe n’est donc pas de chercher à aller vers l’approfondissement de connaissances technico-fonctionnelles mais bien de reposer son cerveau un tant soi peu. Ainsi le divertissement est plus attirant à ces moments de la journée. Du moins, voici la réalité qui régnait en hégémonie avant l’arrivée de la pandémie mondiale du Covid-19 et ses répercussions sur nos rythmes de vie.
Beaucoup d’entre nous ont été pour la première fois depuis bien longtemps exposés à quelque chose dont nous disposions que très peu auparavant; du temps pour nous-même. Ce temps pour réfléchir à nos objectifs, à notre place dans nos environnements respectifs, à nos réelles priorités. Ce temps pour se réaliser…
Cela a donc été un coup de sonnette d’alarme pour beaucoup. Les réseaux sociaux ont évidemment participé de ce mouvement d’éveil et l’on a vu naître et croître un intérêt jamais vu auparavant pour la formation en ligne. Cela peut s’expliquer par l’envie des personnes de changer de perspective et d’aller vers des choses qui leur ressemblent davantage mais je pense surtout que ce temps d’arrêt a éveillé en chacun d’entre nous l’envie d’être meilleurs, que ce soit professionnellement ou dans nos relations humaines.
En école comme en entreprise, le constat est le même. L’émergence de solutions digitales pour la formation et l’évaluation des collaborateurs fait mouche : 80% des entreprises utilisent des formations en ligne et 30% de la formation professionnelle se fait sous forme de e-Learning. L’AFINEF (Association des industriels du numérique de l’éducation et de la formation), note que 93% des entreprises participant à l’enquête déclarent utiliser le numérique dans leurs formations (une augmentation de 30% depuis 2015), et cela avec des usages de plus en plus importants. 73% ont équipé leur salle de formation de tableaux interactifs, de vidéo projection, etc…
En 2015, l’emploi du numérique avait pour objectif prioritaire de réduire les coûts de formation. Depuis, d’autres enjeux sont apparus. Aujourd’hui l’usage du digital dans l’apprentissage vise à améliorer l’efficacité pédagogique. L’autre intérêt est de rénover les approches de formation avec le besoin d’avoir une vraie disponibilité des dispositifs. Les outils les plus utilisés sont les quiz et les sites de partage d’information de type vidéo, podcast…
Nous réalisons collectivement le pouvoir de la formation en ligne. Le E-learning n’a donc plus besoin de faire ses preuves.
Il présente l’avantage de mettre à disposition de l’apprenant, toutes sortes de supports pédagogiques, tutoriels vidéos, articles spécialisés, webinaires ou tables rondes mais également les célèbres MOOC ou Massive Open Online Courses qui sont pour la plupart des formations certifiantes avec des modules vidéos et des quiz en temps réel. Cette liste est bien évidemment non exhaustive. Les solutions sont donc extrêmement variées.
Cependant, les modalités pédagogiques du e-learning semblent encore parfois basées sur les débuts de la formation à distance. De nombreuses études démontrent que l'absence d'interaction entre les intervenants et les apprenants entraîne beaucoup moins d’engagement et d’investissement de ces derniers. Il ne suffit donc pas pour réussir une formation de mettre en place des ressources ludiques et un cursus flexible. Les équipes pédagogiques se doivent désormais de réfléchir collectivement à de nouveaux moyens de garantir la meilleure expérience et permettre aux apprenants de se concentrer sur leur unique objectif; accroître leurs connaissances.
Au niveau des dispositifs, le blended learning qui conjugue les aspects du présentiel et du distanciel arrive aujourd’hui en tête. Cette solution semble se présenter comme celle qui va se pérenniser dans le temps.
En entreprise, les modules de formation sur-mesure sont désormais de plus en plus populaires. Ils sont créés directement par un concepteur pédagogique qui imagine le programme de formation en collaboration avec un chef de projet.
Ce concepteur pédagogique, on l’appelle digital learning manager. Son rôle principal est de concevoir les parcours et objectifs pédagogiques mais il tient aussi de sa responsabilité d’user des outils auteurs disponibles sur de nombreuses solutions pour déterminer comment adapter les messages à son audience et ainsi proposer le meilleur projet de formation possible. C’est un travail collaboratif qui allie UX et Gestion de projet permettant aux apprenants d’acquérir de nouvelles compétences grâce à l’enseignement à distance.
Les modules sur-mesure présentent deux avantages, pouvoir orienter l’expérience d’apprentissage autour de l’entreprise qui les produit, de ses méthodologies, son organisation et ses valeurs. Le second avantage étant que cela permet par la même occasion de réfléchir à une expérience utilisateur sur-mesure pour palier au manque d’interactivité qui est le fléau des Mooc ou autres modules vidéos de formation par exemple.
Les outils se diversifient de plus en plus; la réalité virtuelle et la réalité augmentée par exemple séduisent de plus en plus les sociétés. Ils sont efficaces pour améliorer le rendement des formations et ajouter cet aspect d’interactivité et de gamification qui manquent cruellement aux Mooc ou aux modules vidéos par exemple.
Le rôle du digital learning manager de demain sera sûrement de réfléchir à créer une nouvelle expérience autour des outils qu’ils ont à disposition voire de les créer et ainsi faire entrer, par la même occasion, le blended learning dans les usages quotidiens de l’entreprise. La formation continue devient de plus en plus courante. Avec l’essor de ses nouveaux outils, le blended learning a de beaux jours devant lui.
Dans la suite de cet article, nous nous attarderons davantage sur le blended learning et la place centrale que le digital learning management aura dans son évolution.