Lorsque le mot patrimoine est lié à une structure donnée, il laisse entendre que ses éléments architecturaux sont imprégnés d’un caractère unique et d’une histoire riche. Le nombre d’années de vie d’une structure définit sa valeur culturelle rare. Mais même les merveilles architecturales atteignent un âge révolu. À leur tour, ils succombent à la démolition pour laisser place à de nouveaux développements et à la gentrification. Tandis que certains ne laissent que de la poussière derrière eux, d’autres militent pour leur préservation, c’est le cas du dévouement de la récente diplômée d’OCAD, l’artiste Cassie Paine.
Le désir de préservation de Paine est représenté par un matériau de construction simple mais fondamental : la brique. Bien qu’elle soit omniprésente et souvent négligée, chacune d’entre elle conserve le récit de la structure dont elle faisait partie. Afin de s’assurer que l’histoire ne disparaisse pas complètement, Paine récupère des blocs jonchés sur les ruines d’édifices patrimoniaux et les transforme en Archive de Brique. Tout cela constitue une collection de briques récupérées, d’importants sites canadiens et réutilisées à des fins de préservation.
Il y a deux ans, la première brique rentrée aux archives fut une brique rouge que Paine avait sauvée du site de démolition de l’église historique de Saint-George-de-Windsor (1955) et de Church Hall (1921). La brique a ensuite été dupliquée via une impression 3D et sa reproduction a été utilisée pour créer une série de 60 impressions qui sert maintenant de façade et s’intitule 1949 Devonshire court. Chaque brique a été réalisée à l’aide de la gravure à la taille douce, puis imprimée sur du papier de soie fin, générant ainsi une installation si délicate qu’elle vacille sous le mouvement du spectateur et symbolise ainsi la fragilité des bâtiments patrimoniaux.
Je voulais prendre un objet concret, mais le montrer dans une situation éphémère », explique Paine. “Parce qu’il y a un risque que le récit de l’endroit soit perdu.
L’installation Archive de Brique s’appuie sur sa précédente proposition le 1949 Devonshire court et en développant une toute nouvelle façade avec des briques provenant de différents sites de Windsor et Toronto. Outre les briques gravées et sérigraphiées, l’installation est complétée par des versions 3D afin que les visiteurs puissent voir comment l’objet est passé de physique à numérique en passant par une méthode d’impression.
L’étude sur les paysages urbains est au cœur des travaux de Cassie Paine. En tant que sculpteur, graveur et artiste d’installation, elle explore les stratégies de planification urbaine, les systèmes qui réglementent à la fois les piétons et les véhicules, ainsi que le contraste entre les espaces privés et publics afin de mettre en évidence le caractère autoritaire de ces outils et de réfléchir à la rigidité de l’environnement humain.
Dès lors, Paine espère que ceux qui utilisent les Archives de briques prennent conscience de l’importance de la conservation. Malgré la sauvegarde d’une partie de l’histoire grâce à une documentation imprimée, son installation démontre que l’avenir des structures patrimoniales terminent finalement entre les mains des grues et des bulldozers.
Archive de brique est une véritable évocation du passé et souligne l’importance de veiller à ce que l’histoire poursuive son chemin dans l’avenir.
Cassie Paine était participante de l’édition 2018 de Peinture fraîche et Nouvelle construction. Nous sommes heureux de lui consacrer une exposition solo, afin de déployer l’étendue de ses recherches, entourée des nouvelles propositions des étudiants de l’édition 2019.