Glossy Side Up est une exposition individuelle de l’artiste Julia Lia Walter, basée à Berlin. Depuis le début de ses études, son amalgame particulier des technologies numériques et analogiques a élargi la définition même de la peinture traditionnelle. Ayant recours à des projections de lumières, ainsi qu’à de la peinture acrylique sur des surfaces transparentes composées de plastique, Walter crée des œuvres abstraites et multi-dimensionnelles qui explorent les notions de temps, de nature et d’harmonie de manière complexe et innovatrice. Avec sa recette unique d’émulsion iridescente, elle peint les deux faces de fragments en plexiglas ou de larges feuilles de film transparent. La logique et les règles de l’espace étant déconstruites, le public doit reconsidérer la dimensionnalité de la peinture et de ce que constitue un canevas.
Dans les plus petites œuvres de Julia Lia Walter, la lumière pénètre chaque couche de la composition selon des angles différents et crée ainsi des réfractions et des ombres qui s’harmonisent et se complètent. La géométrie des lignes droites et des angles vifs est contrebalancée par le balayage ondulatoire des coups de pinceaux visibles et expressifs de l’artiste. S’inspirant des structures environnementales, des écosystèmes et des formations naturelles en croissance constante, les couleurs et les formes de Walter rappellent des terrains de glace, des spécimens de minéraux, des pétales de fleurs qui se déploient ou des anneaux concentriques composant le tronc des arbres. Lorsqu’elles sont vues en série, les aquarelles sur papier de Julia Lia Walter témoignent d’une authenticité discrète et d’une qualité analytique qui rappelle les études d’histoire naturelle. Chaque forme est déterminée par le pigment minutieusement positionné au sein d’un seul coup de pinceau précis et distinct.
Dans Very very slightly (VVS1) (2018), Walter altère l’épaisseur de ses traits de peinture pour manipuler la souplesse ou la rigidité apparente de la structure de film transparent. De multiples plans de matérialité se superposent, de sorte que les limites entre la forme sculpturale, l’acrylique appliquée et la projection de lumière sont à peine perceptibles. De subtils changements de couleurs et de formes, en interrelation les unes avec les autres, se modulent selon la perspective du spectateur et répondent à l’espace de la galerie environnante. L’œuvre possède une qualité surnaturelle, transcendante et semble être suspendue dans un univers différent, une temporalité alternative comme si elle était submergée dans les profondeurs de l’océan ou envolée dans l’espace. Le spectateur est invité à s’immobiliser et se glisser dans un état contemplatif d’observation géologique, céleste ou glaciaire.
Julia Lia Walter (1984) a grandi dans la région du lac de Constance, située dans la partie sud de l’Allemagne. Elle a d’abord étudié à l’Académie des arts de Mayence et a ensuite obtenu une maîtrise en Beaux-Arts à l’Université des arts de Berlin, sous la tutelle de Pia Fries. Après avoir reçu la bourse d’études supérieures du DAAD en 2016, Walter a entrepris une résidence de trois mois à Tokyo, laquelle s’est terminée par deux expositions individuelles à la Gallery Cave, Tokyo et Paradise Air, Matsudo. Ayant profondément influencé son travail, les expérimentations de Walter au Japon l’ont menée à produire des installations de grande échelle incorporant des projections vidéo et des boucles sonores. Walter a aussi exposé à travers l’Europe à de nombreuses reprises, notamment des expositions individuelles et collectives au DISPLAY, à Berlin, au Goethe-Institut Paris, au musée Wiesbaden, au musée Boppard et à la fondation Art & Culture Opelvillen Rüsselsheim. En 2017, elle a reçu le prix Emy Roeder du Kunstverein Ludwigshafen pour l’ensemble de son œuvre.