Disparu il y a un peu plus de 100 ans, Félix Tournachon dit Nadar (1820 – 1910), dont l’art de portraitiste a souvent été célébré, reste l’emblème de la photographie du XIXe siècle. L’époque des années 1850 a vu la réalisation des portraits des plus grands artistes de la bohême parisienne, et la mise au point d’une recette qui assure le succès de l’atelier sous le Second Empire.
Sous la Troisième République, alors que Paul Nadar (1856 – 1939) accompagne l’entreprise paternelle puis lui succède, la standardisation du portrait apparaît souvent comme une dérive commerciale. L’exposition propose de réviser ce point de vue en considérant le rôle du succès des photographies d’acteurs et d’actrices de théâtre de l’époque comme une vision complémentaire de la société fin de siècle. L’atelier du photographe apparaît alors comme le carrefour de la norme et du caprice : portraits des figures illustres et représentations solennels du corps social côtoient grimaces et gesticulations, parades et mimodrames du monde du spectacle.
À travers les archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, riche du fonds des négatifs des ateliers Nadar père et fils, l’exposition relie et relit les deux aspects a priori opposés du portrait et montre qu’entre les "grands hommes" et les "tableaux vivants", l’imaginaire d’une société se retrouve face à l’objectif.
L’exposition propose d’évoquer la filiation entre Nadar et son fils Paul en restant au plus près des images, grâce à un parcours d’environ 200 tirages réalisés à partir des négatifs originaux, non retouchés et non recadrés, qui donnent à la norme et au caprice la saveur de l’archive.