Florence Lazar (née à Paris en 1966) est artiste, cinéaste et photographe. Elle s’attache dans son œuvre à faire surgir des récits minoritaires dans des contextes géographiques et sociaux particuliers. Le recours à l’enquête et l'attention portée au processus de transmission de l'histoire sont au cœur de son travail.
L’exposition de Florence Lazar au Jeu de Paume propose une mise en perspective de son œuvre à travers une sélection de films et de photographies datant de 2000 à aujourd’hui. À la fin des années 1990, au sortir des guerres en ex-Yougoslavie, Florence Lazar se saisit d’une caméra vidéo et se rend sur place. Elle a besoin de comprendre ce qui vient d’avoir lieu sur ce territoire tout à la fois proche, par son histoire familiale, et étranger, parce qu’elle vit en France et n’en parle pas la langue. La forme documentaire fait ainsi irruption et s'impose durablement dans son œuvre. L'artiste a ainsi réalisé un ensemble de films sur différentes situations issues du conflit en ex-Yougoslavie (la fin de la guerre, la chute de Milošević, la création d’une cour spéciale à Belgrade pour juger les crimes de guerre, la réécriture de l’histoire en République serbe de Bosnie). Parallèlement, elle a exploré d'autres contextes géographiques et sociaux, en s'intéressant à la restructuration urbaine d’une ville de la banlieue parisienne, Montfermeil, ou plus récemment, aux conséquences de l’usage massif du pesticide Chlordécone dans les bananeraies antillaises.
L’ensemble de ces œuvres propose une relecture des évènements et questionne la notion de transmission dans des contextes d’entravement ou d’effacement de la mémoire collective. Ces problématiques se poursuivent dans son travail photographique où sont réanimés les débats nationaux et transnationaux autour de la période de la décolonisation et des fragments de l’histoire de la gauche autogestionnaire française.
L’enjeu de l’exposition est de rendre perceptible ces positions minoritaires et leur acuité, aussi bien dans l'urgence de la crise ou de la lutte qu’au regard de l'Histoire. Dans le film Les Paysans tourné en 2000 au sortir de la guerre, un paysan serbe livre sa vision du régime de Milošević. Kamen [Les Pierres] (2014) retrace la manière dont la falsification de l’histoire s’impose comme prolongement de l'épuration ethnique dans l’actuelle République serbe de Bosnie. Faisant entendre une voix dissidente et féministe, le groupe de parole des Femmes en noir (2002) montre un hors-champ de la guerre en ex-Yougoslavie. Dans Confession d’un jeune militant (2008), le père de l’artiste présente sa bibliothèque et redessine un cheminement intellectuel et militant à travers la gauche française.
Conjointement à cette sélection d’œuvres anciennes, l’exposition dévoile la nouvelle création conçue pour l'occasion par Florence Lazar en Martinique. L’artiste y montre le combat d'une agricultrice pour un système qui tienne compte des spécificités et des besoins locaux.