Le Jeu de Paume consacre une importante exposition à l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili (Casablanca, 1975). Le travail de l’artiste en film et installation vidéo, photographie et sérigraphie, s’organise autour de plateformes mises en œuvre par l'artiste depuis lesquelles des membres de minorités performent leurs stratégies de résistances face à l’arbitraire du pouvoir.
À travers ses propositions artistiques, Bouchra Khalili articule récits singuliers et histoire collective interrogeant les relations complexes entre subjectivité et prises de position civique pour penser une communauté à venir. « Blackboard », son exposition personnelle au Jeu de Paume réunit, pour la première fois en France, une sélection d’œuvres de ces dix dernières années.
Au fil de l’exposition sont présentées The Seaman (2012), récit d’un marin philippin méditant sur les mécanismes du commerce mondialisé depuis sa perspective de travailleur en perpétuel exil, The Mapping Journey Project (2008-2011) et The Constellations Series (2011), cartographie alternative de huit voyages forcés en Méditerranée, The Speeches Series (2012-2013), trilogie de vidéos – Mother Tongue, Words on Streets et Living Labour –, faisant dialoguer différentes formes d'appartenance : communauté linguistique, citoyenne et identification à la classe ouvrière.
À travers le corpus Foreign Office, composé d’un film, d’une série de photographie et d’image en sérigraphie, Khalili revient sur la décennie 1962-1972, pendant laquelle Alger a accueilli des mouvements de libération d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, des États-Unis ainsi que des organisations antifascistes européennes, questionnant les modalités narratives et visuelles d'une transmission d’une histoire des utopies.
La série de photographies Wet Feet réalisée en 2012 à Miami s’attache aux traces laissées par les déplacements des exilé.e.s qui ont réussi à gagner l’Amérique par la Floride. Présentée pour la première fois à la documenta 2017, The Tempest Society, œuvre clé dans le travail de l'artiste, propose la synthèse d'une réflexion entamée de longue date autour de la question de l'égalité radicale et de l'art comme espace civique.
Le nouveau film de l’artiste, Twenty-Two Hours, est présenté pour la première fois en France au Jeu de Paume. Il revient sur l’engagement de Jean Genet auprès des Black Panthers et sur la relation essentielle que l'écrivain n'a cessé de tisser dans les vingt dernières années de sa vie, entre poésie, émancipation collective et solidarité envers les proscrits et les « ennemis déclaré·e·s » de l'ordre social.