La Galerie Thaddaeus Ropac a le plaisir de présenter une exposition de nouvelles œuvres d’Adrian Ghenie.
Le titre de l’exposition « Jungles in Paris » est emprunté à celui de la rétrospective consacrée par la Tate Modern à Henri Rousseau en 2005-06 (présentée ensuite au Grand Palais, Paris puis à la National Gallery, Washington D.C). La tension visuelle créée par la juxtaposition de deux environnements totalement opposés, le caractère urbain et sophistiqué de Paris et la jungle exotique indomptable, est au centre de cette nouvelle série.
La peinture du Douanier Rousseau (1844-1910), caractérisée par un traitement distancié de la surface et composée de plans et de motifs juxtaposés, annonce beaucoup d’aspects du Modernisme et fascine depuis longtemps Ghenie, qui le considère comme « le premier artiste abstrait ». L’artiste autodidacte qu’est Rousseau a fait l’objet d’un culte et était révéré par de nombreuses figures artistiques des avant-gardes dont Picasso, Brancusi, Delaunay et Apollinaire qui affichaient ouvertement leur admiration pour sa peinture d’un style naif très personnel.
La fascination de Ghenie pour la texture des sujets et des objets qu’il choisit de peindre est plus présente que jamais dans cette nouvelle série d’œuvres. Selon Ghenie : « Ce n’est jamais le motif qui m’intéresse mais plutôt la texture de mes sujets et comment le temps transforme celle-ci et dévoile une histoire secrète. »
Sa palette vive, faite de nuances turquoises, jaunes et vertes apposées en contraste à des tons plus terreux de brun, d'ocre et de blanc cassé, capture la chaleur et la lumière de la forêt et de la jungle. Des motifs en forme de vrilles rouge vermillon et jaune cadmium se faufilent à la surface complexe des toiles. Parfois cachés dans le paysage ou dans le feuillage, des bêtes sauvages, des animaux étranges, et des carcasses en décomposition semblent en cours de métamorphose, de façon plus ou moins nette. La superposition d’une présence humaine et d’éléments urbains perturbe souvent le caractère sauvage de la scène.
Un tuyau de gaz rouillé jaune toxique, la clôture en tôle ondulée d'une favela, des panaches de fumée âcre et même la présence d’un champignon atomique créent une friction non seulement sur le plan conceptuel mais également dans le contraste de textures. C'est l'interface entre la nature et l'empreinte toxique de l'humanité qui crée cette tension inquiète à l’œuvre dans le travail de Ghenie. Le spectateur est à la fois séduit par sa technique picturale et son utilisation voluptueuse de la couleur et déconcerté par la noirceur physiologique qui émanent des images.
Un groupe de neuf collages sur papier, technique essentielle à la compréhension du travail de l’artiste, est présenté en parallèle. Tirées d’Internet puis imprimées en studio, des images aussi diverses qu’une fourrure d’animal, des écailles de poisson en putréfaction ou la surface brillante des membranes de mucus, toutes choisies pour leurs textures spécifiques, deviennent les éléments constitutifs des compositions de l’artiste. Chaque œuvre commence par un collage. Formes, compositions, textures et tonalités sont rigoureusement étudiées dans ces œuvres de petit format pleines d’énergie servant de point de départ à ses toiles de grande dimension.
Une série de grisailles au fusain de taille plus importante est présentée au premier étage de la galerie. Si l’artiste est d’abord connu pour sa technique picturale et son utilisation de la couleur, cette nouvelle série d’œuvres démontre ses talents de dessinateur et inaugure un nouveau champ d’expression. Ghenie trouve dans l’utilisation du fusain une spontanéité libératoire qui contraste avec le processus hautement élaboré et contrôlé de ses peintures.
Né à Baia Mare en Roumanie en 1977, Adrian Ghenie est diplômé de l’Université d’Art et de Design de Cluj en Roumanie. Il vit et travaille à Berlin.
En 2015, il a représenté la Roumanie à la 56ème Biennale de Venise. Ghenie a eu d’importantes expositions monographiques dans le monde entier : Villa Medici, Rome (2017), Centro de Arte Contemporaneo, Málaga (2014), Museum of Contemporary Art, Denver (2012), Stedelijk Museum voor Actuele Kuns (S.M.A.K.), Ghent (2010), Musée National d’Art Contemporain, Bucarest (2009).
Il a également participé à des expositions collectives au Palazzo Grassi, Venise ; Fondation Van Gogh, Arles ; Tate Liverpool ; Biennale de Prague ; Musée d’Art Moderne, San Francisco ; Fondazione Palazzo Strozzi, Florence.
Son travail est présent dans d’importantes collections publiques : Tate Modern, Londres, Centre Pompidou, Paris ; Metropolitan Museum of Art, New York ; Hammer Museum, Los Angeles ; Long Museum, Shanghai ; MOCA, Los Angeles ; Museum van Hedendaagse Kunst, Antwerp, le SFMOMA, San Francisco ; S.M.A.K., Ghent.