Galerie Thaddaeus Ropac a le plaisir de présenter une exposition de peintures inédites de l’artiste conceptuel Ilya Kabakov. Les œuvres, datant de 2014 à 2016, seront montrées pour la première fois à Paris. Ilya et Emilia Kabakov, artistes russes installés aux Etats-Unis, comptent aujourd’hui parmi les artistes les plus importants de la seconde moitié du XXème siècle. Considéré par l’historien d’art Robert Storr comme « l’un des grands conteurs de notre époque », Ilya Kabakov est reconnu pour avoir repensé drastiquement les notions de « conceptuel », d’ « environnement » et de « performatif » en art mais également pour avoir aborder la peinture elle-même à travers des formes narratives complexes. La « peinture collage » est emblématique de la manière dont il explore le potentiel conceptuel de la narration.
Les trois séries présentées dans I'exposition reflètent Ia reIation compIexe que I'artiste entretient avec Ie passé, en particulier avec les notions de mémoire individuelle et collective. Ilya Kabakov endosse à chaque fois la personnaIité d'un peintre diuérent, faisant ainsi cohabiter plusieurs niveaux de réaIité.
Dans la série Two Times (2014-2016), l’artiste fusionne des fragments visuels issus de l’imagerie soviétique avec des éléments de peintures baroques telles que L’Enterrement de Sainte Lucie (1608, Église Santa Lucia al Sepolcro, Syracuse) du Caravage et le Portrait de Charles Mouton (1690, Musée du Louvre) de François de Troy. L’artiste confronte deux styles de peinture, deux époques et deux réalités en un seul plan pictural. Depuis la chute du bIoc soviétique, Ies images stéréotypées de bonheur, de progrès et d'harmonie diffusées par Ia propagande ont été intégrées au folklore russe et ont gagné avec le temps un aspect folklorique d’une saveur douce-amère. Ces images, peintes dans des vignettes comme déchirées dans la toile, semblent jaillir des peintures historiques comme des pensées qui refont surface. Les compositions soigneusement réfléchies de lIya Kabakov reflètent directement les méandres de notre espace mental où d’entrelacent souvenirs communs et mémoire personnelle.
Les quatre scènes de In the Right Direction, Nr 4 (2014) sont composées comme une séquence: la première vignette montre le départ d’un navire, suivie d’un paysage de sport d’hiver des années 1950, un intérieur des années 1930 et enfin une infirmière. Bien que Ies scènes représentent des moments de bonheur et de Ioisir, eIIes laissent transparaître la déception inhérent à l’idéal utopique. La touche impressionniste de l’arrière-plan révèle le style de l’une des personnalités construites par Ilya Kabakov.
La série The Flying Painting During the Temporary Loss of Eyesight (2015) combine un vocabulaire abstrait fait de zones blanches et de pois avec des motifs urbains. L’artiste adopte ici la position d’un peintre qui désire créer un monde meiIIeur. Les pois rappeIIent Ie papier d'embaIIage des confiseries utiIisé dans des œuvres pIus anciennes. Répété uniformément sur toute la surface de la toile, ce motif est autant synonyme de douceur qu’une référence à la peinture conceptuelle. Paris occupe une place singulière dans la carrière d’Ilya et Emilia Kabakov. C’est notamment grâce à leur participation à Monumenta au Grand Palais en 2014 que leur travail a acquis une reconnaissance internationale. Parmi les autres projets d’importance majeure, on peut citer: Dream City, Power Station, Shanghai (X015), PaviIIon Russe, BiennaIe de Venise (1993), documenta lX, KasseI (1992).
L’année 2017-2018 est celle d’une consécration internationale. Leur exposition Not Everyone Will be Taken Into the Future à la Tate Modern de Londres (18 Octobre 2017 – 28 Janvier 2018) voyagera ensuite au Musée de l’Hermitage à Saint Petersbourg et à la Galerie Tretyakov à Moscou en 2018. Une exposition rétrospective des maquettes de leurs installations est également en cours au Hirshhorn Museum de Washington, D.C. jusqu’en mars 2018. Par ailleurs, la Galerie Thaddaeus Ropac de Londres montre jusqu’au 11 novembre 2017 trois installations historiques des Kabakov: Concert for A Fly (Chamber Music) (1986), Concert For A Fly (1993) and The Fallen Chandelier (1997).
lIya Kabakov est né en 1933 à Dnepropetrovsk en Union Soviétique. lI étudie à I'Académie des Beaux Arts Surikov à Moscou et commence une carrière d’illustrateur de livres pour enfants dans les années 1950. En parallèle iI travaiIIe en dehors du système artistique oficieI au sein d'un groupe d'artistes conceptueIs. Sa première exposition personnelle a lieu en Suisse en 1985. En 1987, une résidence de six mois au Kunstverein de Graz en Autriche l’amène à quitter l’Union Soviétique. En 1988 Ilya Kabakov commence à travailler avec Emilia Kabakov, avec laquelle il se marie en 1992. Leur travail devient dès lors collaboratif, à un degré variable en fonction des projets. Les Kabakov sont aujourd’hui reconnus comme les artistes russes les plus importants de la seconde moitié du XXème siècle.
Emilia Kabakov est née en 1945 à Dnepropetrovsk en Union Soviétique. Elle étudie la musique à Irkutsk puis la littérature espagnole à l’Université de Moscou. Elle émigre en Israel en 1973 puis à New York en 1975. Emilia Kabakov travaille aux côtés d’Ilya Kabakov depuis 1989.