La Galerie Nathalie Obadia a le plaisir de présenter We owe this considerable land to the horizon line, la première exposition en France de l’œuvre de Shahpour Pouyan, l’un des artistes iraniens les plus importants de la scène contemporaine. Shahpour Pouyan est né à Ispahan en 1979, une année marquée par la révolution islamique iranienne, et a grandi à Téhéran pendant la guerre contre l’Irak. Il vit et travaille actuellement entre New York et Téhéran.
La pratique de Shahpour Pouyan reflète une réflexion autour des notions de pouvoir, de domination et de possession à travers les formes de langages culturelles et matérielles. L’artiste réalise aussi bien des dessins que des installations et des sculptures. Grâce à ces différentes techniques, il aborde la question de son expérience de vie hybride entre l’Iran et les Etats-Unis. Shahpour Pouyan est l’auteur d’une oeuvre vaste et importante qui explore un ensemble de symboles et d’influences hérités des traditions de l’art persan, de la culture iranienne mais aussi des grands maîtres de l’architecture tels que Etienne Louise Boullée ou Claude Nicolas Ledoux.
Au sein même de l’exposition, Shahpour Pouyan présente douze miniatures. Il s’agit de reproductions de véritables miniatures persanes racontant l’ascension du Prophète Mahomet. En combinant diverses techniques telles que l’impression jet d’encre et l’acrylique, il masque intentionellement les figures et certains codes telles que les auréoles ainsi que des éléments irréels et les transforme en images abstraites ou en de simples scènes architecturales. Ces miniatures imprimées sur papier de riz japonais, parfois ornées de dorures, présentent ainsi des récits abstraits.
Dans l’espace principal de la galerie, Shahpour Pouyan propose une série de vingt-huit dômes, tours, mausolées, minarets et bunkers militaires en céramique présentés sur des socles de différentes hauteurs. Le délicat travail à la main de la céramique, la finesse de leurs gravures et la fragilité des objets répartis dans l’espace imprègne la salle d’une atmosphère religieuse. Les formes de ces monuments, dystopies modernes, ne sont pas sans rappeler l’architecture brutale et fasciste de l’avant-guerre ou celle du modernisme corbuséen, mais également les formes architecturales préislamiques et de l’Iran moderne. Cependant, l’absence de portes, d’entrées ou de sorties dans la plupart des œuvres leur confère une qualité sculpturale venant perturber leur apparente identité en tant que structures.
Ces constructions, toutes de couleur sable, sont typiques de l’architecture islamique. Disposées à différents niveaux, elles évoquent aussi bien un mauvais présage que des menaces passées et composent un paysage urbain inhabité au sein de la galerie. En faisant fondre ses pièces puis en les cuisant trois fois à une température très haute, ce processus vient altérer l’aspect des monuments. L’effet ainsi obtenu donne une impression surréaliste comparable à un mirage.
Alors que les miniatures révèlent une influence du passé, des traditions ancestrales et produisent des images abstraites dépourvues de toute forme humaine, les sculptures en céramique évoquent quant à elles un futur abandonné construit sur des fondamentaux historiques et une architecture futuriste. Shahpour Pouyan construit un paysage sculptural d’un point de vue omniscient influencé par Ibn Shakir, un miniaturiste du XIIIème siècle qui monta tout en haut d’un minaret. Depuis son perchoir, il observa Bagdad tomber sous l’armée Moghole : un point de vue comparable à celui de Dieu.
Depuis son enfance, la Tour de Babel est l’un des mythes favoris de Shahpour Pouyan. Ce conte biblique, racontant l’érection par les hommes d’une tour qui monterait jusqu’au ciel, parcourt son œuvre en filigrane. Ce paysage chimérique dépeint par l’artiste nous alarme contre les promesses utopiques des empires passés et des projets de construction de nations idéales en désignant l’architecture comme une interprétation de l’ambition humaine débridée.
Shahpour Pouyan est né à Ispahan (Iran) en 1979. Il vit et travaille entre New York (Etats-Unis) et Téhéran (Iran).
Il est diplômé de l’Art University de Téhéran (Iran, 2004-2007) où il a étudié la peinture, de l’Iranian Institute of Philosophy de Téhéran (Iran, 2005), où il a étudié le néoplatonisme, ainsi que du Pratt Institute de New York (Etats-Unis, 2012), en pratique intégrée et nouvelles formes.
Son travail est actuellement exposé au Aga Khan Museum de Toronto (Canada) dans le cadre de l’exposition intitulée Rebel, Jester, Mystic, Poet: Contemporary Persians.
L’œuvre de Shahpour Pouyan a fait l’objet d’un grand nombre d’expositions personnelles telles que History Travels at Different Speeds à la Copperfield Gallery de Londres (Royaume-Unis, 2015), PTSD en 2014 et Full Metal Jacket en 2011 à la Lawrie Shabibi Gallery de Dubai (EAU).
Il a également participé à de nombreuses expositions collectives d’envergure telles que Home Land Security au Fort Winfield Scott de San Francisco (Etats-Unis, 2016), Jameel Prize et Memory and Continuity au Pera Museum d’Istanbul (Turquie, 2016), Global/ Local à la Grey Art Gallery NYU de New York (Etats-Unis, 2016), Jacob’s Ladder à l’Untitled Art Fair de Miami (Etats-Unis, 2015), Young Collectors au Elgiz Museum d’Istanbul (Turquie, 2014), Chambres à Part VII: Dark to Light à la Tour de Londres (Royaume-Uni, 2013).
Shahpour Pouyan a aussi participé à plusieurs biennales telles que la Biennale du Yinchuan, For an image, faster than light (Chine, 2016), la Biennale de Kochi-Muziris, Whorled Explorations (Inde, 2014), et la Biennale de Mykonos (Grèce, 2013). Sa participation est également annoncée à la Biennale de Pékin (Chine, 2017) intitulée The Silk Road and World’s Civilizations.
Le travail de Shahpour Pouyan est présent dans un grand nombre de grandes collections publiques telles que le Metropolitan Museum of Art, le Tehran Museum of Contemporary Art, la Grey Art Gallery, et depuis peu, le British Museum.
Shahpour Pouyan a bénéficié de plusieurs prix et résidences notamment à la Fondation Civitella Ranieri d’Umbertide (Italie, 2016), à l’Elizabeth Foundation for the Arts de New York (Etats-Unis, 2014), à la Pegasus Art Foundation d’Hyderabad (Inde, 2011), et à la Cité des Arts de Paris (France, 2007).