La galerie Eric Mouchet présente 2 Cups Stuffed, permière exposition personnelle de Pierre Gaignard à Paris, du 30 janvier au 5 mars 2016.
Pierre Gaignard est ce que l’on pourrait appeler un nomade. Il se délocalise en permanence pour développer aussi bien des projets de films que des projets sculpturaux. Bercé par la culture américaine de la télévision des années 1990, son travail est imprégné de clichés fantasmes et s’inscrit entre le réel et la fiction, comme s’il réalisait un scénario au service de l’intrigue de sa propre vie.
Le titre de l’exposition 2 Cups Stuffed fait référence à l’un des hits de Young Thug, rappeur célèbre d’Atlanta qui commence à percer sur la scène européenne. Fasciné par cette nouvelle icône du rap US, Pierre Gaignard réalise un biopic fictionnel à partir d’images récupérées sur internet. Au plus près du réel grâce à ce corpus de photographies intimes puisées sur la toile, le film n’est en fait que le fruit d’une histoire fantasmée par l’artiste, autour de deux protagonistes : Young Thug et son frère, le narrateur de l’histoire. À travers le regard du frère, le récit suit la vie du rappeur à Atlanta, enivré par la démesure de cette ville monde.
Dans certaines de ces vidéos piratées, Pierre Gaignard est intrigué par une machine supposée tester l’usure des baskets dans les laboratoires de la marque Adidas. Il la reproduit, comme pour la posséder, lors d’une résidence en 2015 à Summerlake, Annecy, sous le commissariat de Thierry Mouillé, et la baptise Mouvement vers une sémantique de Fils2pute (D’après Adidas Lab).
Métaphore critique d’une société capitaliste en incessante activité, l’imitation de cette machine signée Adidas met aussi en évidence l’intérêt qu’il porte à toute forme de contrefaçon. La violation des droits est en effet une problématique récurrente dans l’ensemble de l’oeuvre de Pierre Gaignard comme les vidéos piratées pour la réalisation du biopic sur Young Thug ou encore le film Tutta la mia Roba (2015) projetté dans l’exposition.
Lors d’une résidence de Pierre Gaignard dans les Abruzzes en Italie, l’artiste assiste à la fabrication artisanale des Arrosticini (brochettes de brebis). Au cours de cette expérience anthropologique, l’éleveur lui avoue son trafic de silex. Pierre met alors en scène cette déclaration, jonglant toujours entre Tutta la mia roba, 2015 simulations et dissimulations et plaçant l’humain au coeur de son oeuvre.