L’anecdote rappellera certainement des souvenirs à certains mais, plus jeune, mes parents, devant mon intérêt pour ce liquide rouge me proposaient un deal. Un petit fond de verre mélangé à de l’eau. Les puristes, en lisant ça, crieront surement au scandale mais nous mettrons en avant l’excuse de l’âge et la technique de l’apprentissage en douceur. Les années passant la quantité d’eau diminuait mais bizarrement, en ayant le choix le rouge laissa place au blanc sans même avoir eu le temps d’en apprécier ses réelles qualités. Et voilà comment se sont cumulées les soirées au Tariquet doux ou sec pendant quelques années. Ce n’est pas faute d’avoir fait quelques tentatives de rouge aux repas de famille mais aucun effet en retour. Je ne faisais surtout aucune distinction ou différenciation sur ce que je buvais.
Le vin est un monde à part. Subtil et complexe qui nécessite un certain apprentissage, une connaissance et une assiduité dans la découverte de ses multiples facettes. On peut apprendre à travers les livres mais le mieux reste encore la pratique dès que l’occasion se présente. J’ai eu la chance de partager ma vie d’une part et de rencontrer d’autre part des passionnés ou amateurs confirmés qui m’ont permis de goûter, d’apprendre et de me sensibiliser à la nature d’un vin et plus particulièrement au rouge. Depuis 3-4 ans j’ai donc signé la rupture avec le blanc vers qui je ne reviens seulement que pour de rares occasions estivales. Au départ c’était le flou artistique sur toute la ligne mais quelques dimanches dégustation entre potes, quelques foires au vin et surtout un livre plus tard, le brouillard s’est dissipé et je n’ai quasi plus l’impression d’être une muette inculte non diagnostiquée au milieu d’avertis !
Ce livre est celui d’Ophélie Neiman Le vin c’est pas sorcier aux éditions Marabout. Initiatique et surtout pas réservé aux filles car certains mecs ont des rames de retard en la matière ! On y apprend avec humour que le vin peut aisément être comparé à une personne. Chaque vin à sa propre personnalité, sensibilité. Une couleur différente selon son caractère bien trempé ou bien plus doux. Pour les rouges par exemple plus clair il sera plus léger il se dévoilera et inversement en ce qui concerne le blanc. Un vin pleure à plus ou moins chaudes larmes. Ces larmes étant les traces laissées sur la paroi du verre par le vin. Plus il y en a plus votre vin est alcoolisé ou sucré. Un vin peut être sexy, rond et délicat comme gras, nerveux et bien en chair on dira alors qu’il a de la cuisse ! L’auteur et l’illustrateur du livre représente très bien cette image à travers différentes sortes de gambettes pour un visuel très parlant sur le style de sensations que l’on peut avoir en bouche.
On se rappelle tous, un jour après avoir mis notre petit nez dans le verre et avoir lâché un bon « ça pue ! » au grand désarroi de votre famille (amatrice de vin) et qui ne fonde, à ce moment-là, plus aucun espoir sur votre développement sensoriel buccal. Le désespoir laissant place à la résignation. Vive l’évolution de l’espèce qui engrange le plus souvent celle de la maturité !! On s’émancipe et si l’on est quelque peu intéressé par le sujet, notre palais nous suit pour nous faire apprécier tous les arômes qui peuvent se dégager du vin. Banane, noisette, compote, guimauve, violette, beurre, yaourth, patchouli, foin, paprika, goudron, terre, cuir, craie, sueur sont autant de termes (aussi bizarre que ça puisse paraitre) que vous pourrez ressortir lors d’une dégustation. Vous aurez plus de 50% de chance d’être pris au sérieux et peut être un peu plus de 80% de vous planter sur l’odeur existante mais ces senteurs-là font par contre réellement partis de la grande famille des arômes alors il ne faut pas hésiter à se lancer !
Le vin, c’est aussi au début une gymnastique des méninges (toute petite mais un peu fatigante au démarrage). Entre le cépage, le terroir, l’appellation, le château, le domaine, le millésime… beaucoup d’infos qui ont pourtant chacune leur importance. Pour finir sur un de mes cépages préféré je suis obligée d’expliquer rapidement de quoi il s’agit. Un vin peut être réalisé à partir d’une combinaison de plusieurs cépages sachant qu’un cépage peut se retrouver dans certaines régions de France et pas dans d’autres. « Le cépage désigne les différentes variétés de pieds de vignes cultivées pour produire du vin » selon l’auteure Ophélie Neiman. Chaque cépage a ses propres caractéristique et là où l’on reconnait un amateur c’est lorsqu’il réussit à nommer les différents cépages présents dans une bouteille seulement le temps d’une dégustation. Un de mes cépages préféré ; le Syrah, tannique autrement dit corsé, vif et puissant. On y retrouve des arômes de mûre, cassis, cerise noire, poivre blanc et noir. En vieillissant ces arômes se modifient pour se transformer en gibier, figue, tabac ou encore truffe. Une des bouteilles emblématique de ce cépage ; le côte-rôtie. Une bouteille à réserver pour un beau repas, une belle viande, des potes au top !
Un article n’est bien sûre pas suffisant pour découvrir ne serait-ce qu’un dixième de l’univers viticole. Cela dit n’étant pas tombée dans la marmite toute petite, je me suis laissée séduire au fil du temps par ce domaine plein de ressource et en constante évolution. Débutant ou curieux d’apprendre autrement je vous conseille donc ce livre de toute urgence. Une conversation en société, arrosée ou non est toujours bonne à sauver !