« Le Marquis qui l’avait vue si touchée des seules beautés du salon et qui avait mieux à lui montrer, espéra que des objets plus touchants la toucheraient davantage, et se garda bien de l’empêcher de courir à sa destinée.» - Jean-François de Bastide, La Petite Maison, 1758
Avec l'exposition Home (very) Sweet Home, la galerie Thaddaeus Ropac imagine un appartement au sein duquel œuvres d’art et objets se mettent au service des sens, de l'émotion et de la Stimmung. Le spectateur reproduit les déplacements empruntés par le séducteur de La Petite Maison, une nouvelle signée Jean-François de Bastide (1758), où un libertin prend le pari de séduire une femme grâce aux beautés de sa petite maison. L’histoire montre la prise de possession graduelle de la domesticité qui accompagne celle du désir des deux protagonistes. Habiter l’espace avec des œuvres et des objets matériels ou immatériels sublime les valeurs associées aux corps, aux sensations et aux émotions. Notre perception de l’environnement est altérée par la vibration psycho-sensible qui répond à la notion d’architecture de l’intime, avancée par Condillac dans son Traité des sensations (1754) puis par Nicolas Le Camus de Mézières dans son ouvrage Le génie de l'architecture ou l'analogie de cet art avec nos sensations (1780). « Faisons régner l’illusion » écrit-il comme un écho à de Bastide, chez qui l'architecture sensualiste tient le premier rôle.
Les « affectations » relèvent ici d’une conception spatiale qui porte son accent sur les états émotionnels et insiste sur la dimension sensualiste du design et de l’art qui vise à éveiller des émotions vives. Dans ce voyage domestique où les frontières entre sphère intime, topographie et paysage mental s'estompent, le visiteur est invité à imaginer les transformations possibles de son identité et de ses comportements produites par le dialogue entre les œuvres.
Dans La Petite Maison, c’est l’architecte Jacques-François Blondel qui tirait les ficelles du libertinage afin d’inscrire l’architecture et les Arts Décoratifs dans les enjeux sociaux et moraux de son époque. C’est dans ce même esprit que Home (very) Sweet Home se propose de nouer un dialogue entre les artistes et les designers. Les œuvres accompagnant ainsi chaque spectateur, qu’il soit chasseur ou proie, dans une aventure sensuelle et intellectuelle de l’âme et du corps.
Reste à savoir si la conjugaison du design et de l’art peut servir d'instrument de persuasion galante ?
Liste des artistes et designers présentés (en cours) : Atelier Bow-Wow, Stephan Balkenhol, Benjamin Ben Kemoun, Philippe Bradshaw, Catherine Brand, Pierre Chareau, Nitzan Cohen, Tony Cragg, Timothé Deschamps, Marc Duplantier, Elger Esser, El Ultimo Grito, Sylvie Fleury, Maurizio Galante & Tal Lancman, Paolo Gnazzo, Benjamin Graindorge, Konstantin Grcic, Alex Katz, Robert Mapplethorpe, Jason Martin, Normal Studio, Jack Pierson, Eugène Printz, Raoul Raba, Cedric Ragot, Felipe Ribon, Laure Rogemond, Martha Rosler, Moritz Schmid, Camille Scherrer, Floris Schoonderbeek, Gaëtan Stierlin, Sturtevant, Not Vital, Andy Warhol…
Commissariat : Alexandra Midal et Matthieu Lelièvre
Galerie Thaddaeus Ropac
69, avenue du Général Leclerc, Pantin
Paris 93500 France
Tél. +33 (0)1 55890110
galerie@ropac.net
www.ropac.net
Heures d'ouverture
Mardi - Samedi
De 10h à 19h
Images liées
- Alex Katz, Cherry Blossoms, 2012, Oil on linen, 121.9 x 167.6 cm (48 x 66 in), Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent
- Baccarat, 1 carafe Harcourt Abysse, 2 Gobelets Etna, 2 verres Eve Harcourt (eau), 2 verres Eve Harcourt (vin), Flacon à Whisky Etna, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent
- Philippe Bradshaw, Pulp (after Hokusai), 2004/05, Anodised aluminium chains, 333 x 355 cm (131.1 x 139.76 in), Ed. 2/3, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent
- El Ultimo Grito, Peep Show, 1 lamp, 180 x 80 x 100 cm (70.87 x 31.5 x 39.37 in), Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent
- Sturtevant, Peinture à Haute Tension after Martial Raysse, 1969, Oil on canvas, 162 x 96.5 cm (63.78 x 37.99 in), Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent
- Tony Cragg, 4 p.m., 2010, Steel, 390 kg, 75 x 42 x 42 cm (29.53 x 16.54 x 16.54 in), Version 3, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photo: Philippe Servent