Deux jours après le 3 mars on a accueilli le Carême, en célébrant, chez moi, en Grèce, le jour de Kathari Deutera, qu'on traduit littéralement Lundi pur. Ce premier jour de Carême est appelé Lundi pur parce que, dans le passé, les ménagères passaient la matinée à laver les ustensiles de cuisine et à nettoyer leur cuisine après les préparations des repas et les événements de Carnaval. Le jour du Lundi pur marque la préparation à une période de jeûne de quarante jours.
En Grèce, plus ou moins partout dans le pays, on organise des repas. En général, on mange des produits végétaux, du lagana ‒ qui est un pain traditionnel sans levain, cuit seulement pour ce jour-là ‒, des fruits de mer, de la tarama ‒ qui est une spécialité de notre cuisine et de la cuisine turque à base d`œufs de poisson ‒, des olives, des dolmades ‒ feuilles de vigne farcies avec le riz ‒, et des autres petites bouchées délicieuses. De plus, on mange le traditionnel halva, un gâteau d'origine arabe, qui avec ses types et formes différentes a déjà fait le tour du monde et est intégré dans les différentes cultures.
Une autre coutume de ce jour ce sont les cerfs-volants de couleurs et dessins différents, qui emplissent le ciel. Les grands et les petits prennent un grand plaisir à les faire voler. Dans quelques cas les adultes les fabriquent eux-mêmes pour leurs enfants.
Le jour festif de Lundi pur est le dernier jour de fête et de repas après quarante jours de préparations, de jeûne et de privation qui nous amène au jour de la Résurrection du Christ et de la Pâque, quand on est prêt, d'après la philosophie et la culture du Christianisme, à revenir à ses habitudes nutritionnelles.
Pendant tout le Carême il y a beaucoup de manifestations chrétiennes qui ont une importance profonde et vive pour les fidèles et un intérêt culturel pour ceux qui aiment la tradition. Après le Lundi pur ce sont les orthodoxes pratiquants qui entrent dans une période de jeûne qui dure les quarante jours du Carême et ceux de la Semaine Sainte (c'esta-a- dire quarante-sept jours). Pendant le jeûne, en grec nistia, il y a des règles vraiment très strictes qui préparent et purifient les chrétiens. On ne consomme aucun produit d'origine animale (viande, volaille, poisson) parce qu'ils contiennent sang ou dérivés de l'animal (œufs, lait, fromages).
Cette réglementation religieuse a crée l’espace pour la création d'une tradition culinaire qui bien qu'elle ne soit très variée et qu'elle soit aux saveurs exquises comprenant surtout les féculents (lentilles, haricots), toutes sortes de légumes, mollusques (poulpes, seiches, calmars), crustacés. Bien sûr, on doit admettre que le caractère de la nistia est spirituel et symbolique et chacun peut, s'il veut, adopter les habitudes alimentaires et les privations qu'il choit.
La célébration des fêtes pascales débute le samedi après la Semaine Sainte, le Samedi de Lazare. Le lundi suivant débute la Semaine Sainte, en grec Megali Evdomada, qui se déroule avec des cérémonies religieuses qui concernent évènements importants de la condamnation à mort du Christ jusqu'à sa résurrection, destinées à préparer les fidèles à vivre la victoire de la vie sur la mort, la purification du monde ancien, et à accueillir la Nouvelle Lumière.
C'est le Mercredi Saint que les ménagères préparent les brioches traditionnelles, tsourekia, et les biscuits secs, koulouria, qu'on fait surtout pour les fêtes pascales.
Le Jeudi Saint les femmes et les jeunes filles préparent l'épitaphe ‒ un cercueil en forme de lit à baldaquin en bois, décoré d'une multitude de fleurs ‒ en vue de l'enterrement du Christ. C'est aussi ce jour-là qu'on rend les œufs rouges, représentant le sang du sacrifice du Christ. Le Vendredi Saint, jour de deuil, les chrétiens commémorent par l'adoration de la croix la mort et la passion du Christ. Le prêtre de chaque église port la croix dans le dos (un mouvement symbolique du sacrifice du Christ) et fait le tour de l'église. Après, les fidèles se prosternent devant l'epitaphe pour reçoir sa bénédiction.
Le Samedi Saint il y la grande messe de la Résurrection. Dans toutes les églises du pays les fidèles prennent la Lumière Sainte qui arrive de Jérusalem par avion et est accueillie par l'archevêque de Grèce.
Le Samedi Saint, au soir, les fidèles peuvent manger après quarante-sept jours de la viande. On se retrouve à table autour de la mayiritsa, soupe d'entrailles d'agneau et laitues, plat pascal par excellence, et on battre les œufs rouges. Le dimanche pascal se déroule dans une ambiance de réjouissances et de festivités. On rôti l'agneau pascal à la broche, on boit du vin, on mange de la viande et on célèbre la résurrection du Christ et la victoire de la vie. C'est un jour très caractéristique que les grecs aiment et qui organisent avec beaucoup de plaisir.