Un médecin du sport, Yannick Guillodo, a écrit 100 pages aux éditions Baudelaire pour attester que le smartphone tuait.

Le smartphone tuerait-il?

De nombreuses études l'ont plus ou moins confirmé, cependant il tuerait de façon indirecte. L'exposition aux radiations, la distraction au volant et les problèmes de sommeil liés à son utilisation alertent les médecins et scientifiques dans un contexte où les smartphones sont de plus en plus utilisés et dès le plus jeune âge.

L'exposition aux radiations

Les téléphones portables émettent des radiofréquences, une forme de rayonnement non ionisant, qui pourraient être liées à l'apparition de tumeurs cérébrales.

En 2011, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a déterminé, à la suite d'une étude, que les champs électromagnétiques de radiofréquences émis par les téléphones portables étaient “peut-être cancérogènes pour l'homme”. Les preuves étaient toutefois limitées.

Une étude internationale (Interphone), publiée en 2010, confirme une légère augmentation du risque de gliome, un type de tumeur cérébrale, chez les utilisateurs intensifs de téléphones portables.

À en croire une étude réalisée en 2018 par NTP (National Toxicology Program), les rats développeraient, à l'exposition à des niveaux élevés de radiofréquences, des tumeurs cardiaques. Chez les mâles et les femmes, le risque de tumeurs cérébrales serait augmenté.

En revanche, Cosmos, une étude européenne, lancée en 2010, n'a pas trouvé de lien clair entre l'utilisation prolongée d'un smartphone émetteur de radiofréquences et le risque de développer un cancer.

“Les preuves sont limitées mais suffisamment solides pour justifier la classification des radiofréquences comme peut-être cancérogènes”, insiste Jonathan Samet, épidémiologiste et président du groupe de travail du CIRC qui a évalué les risques des radiations des téléphones portables.

Anthony Miller, épidémiologiste et membre de l'équipe de recherche Interphone, préconise, quant à lui, des mesures de précaution comme l'utilisation de kits mains libres ou la limitation du temps d'appel.

Plus ferme, le chercheur principal de l'étude du NTP, John Bucher, pense que les résultats de son étude sont de prime importance: “ces résultats suggèrent une association entre l'exposition aux radiofréquences et certains types de tumeurs”.

Outre l'exposition aux radiofréquences des smartphones, la distraction au volant liée à l’utilisation d’un smartphone fait beaucoup parler d’elle.

La distraction au volant

Appels téléphoniques, envoi de SMS, navigation GPS et autres utilisations du téléphone portable augmentent considérablement le risque d'accident.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 1,35 million de décès sont enregistrés chaque année dans le monde en raison des accidents de la route. Une proportion importante de ces accidents sont causés par la distraction liée au téléphone portable. Cette dernière multiplie par quatre le risque d'accident de la route.

Bien que les téléphones portables puissent nous connecter au monde, ils peuvent également nous déconnecter de notre attention sur la route. David Anderson, entrepreneur et inventeur américain connu pour avoir cofondé la société de technologie de sécurité automobile, DriveSafe Systems l’a expressément admis: “un téléphone portable peut vous connecter au monde, mais vous déconnecter de la route”.

Plus largement, on peut dire que la sécurité routière est l’affaire de tous. Des distractions comme le téléphone portable, le maquillage ou la nourriture peuvent vous coûter la vie, mais aussi coûter la vie à des passants ou d'autres automobilistes.

Une écrivaine et militante de la sécurité routière, Emma Wilson nous sensibilise sur la nécessité de prendre ses responsabilités: “La distraction au volant est une décision dangereuse, pas une coïncidence”.

Certains experts ou politiques, à l'exemple de Mike Johanns, homme politique américain qui a été gouverneur du Nebraska et sénateur des États-Unis, ne se sont pas montrés insensibles à la problématique de l'insécurité routière liée à l'utilisation du téléphone portable: "La priorité numéro un au volant doit toujours être la sécurité, pas le téléphone”.

D'autres se sont penchés plus particulièrement sur l'utilisation du téléphone portable avant le coucher.

Les troubles du sommeil

Pourquoi l'utilisation excessive du téléphone portable entraîne t-elle des problèmes de sommeil?

La lumière bleue supprime la production de mélatonine, une hormone qui régule le sommeil. Le rythme circadien, l'horloge interne du corps humain prenant la forme d'un cycle d'environ 24 heures et régissant certains processus physiologiques comme le sommeil et l'alimentation, en est perturbé.

Filter la lumière bleue pour un sommeil plus réparateur est possible via des applications comme f.lux,Twilight ou encore Blue Light Filter.

Mais pour nous endormir, nous avons besoin de détente. Or, l'utilisation du téléphone portable stimule le cerveau: l'endormissement devient difficile.

Quand on ressent le besoin de dormir, l'utilisation du téléphone portable constitue une distraction. Il retard notre endormissement et perturbe notre cycle du sommeil. Le Dr Jean Twenge, psychologue américaine et professeure à l'université d'État de San Diego, constatait déjà en 2010 comment les technologies modernes peuvaient perturber notre rythme de sommeil en nous tenant éveillés plus tard que prévu: "Les médias sociaux et les téléphones portables sont devenus les voleurs de sommeil modernes, nous tenant éveillés bien après l'heure du coucher".

D'autre part, l'anxiété et le stress ne font pas bon ménage avec la détente et l'endormissement. Le téléphone portable, dont l'utilisation excessive crée une dépendance, induit stress et anxiété.

Une psychologue et sociologue américaine, ainsi que professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sherry Turkle note dans Reclaiming conversation: the power of talk in a digital age (2015):

Les téléphones portables rendent l'anxiété plus gérable en nous donnant la possibilité de rester connectés en permanence. Mais cela crée également une dépendance et une pression constante pour être joignable et disponible en tout temps, ce qui peut augmenter le stress et l'anxiété.

En d'autres termes, l’impact des technologies sur la société et les relations humaines peut être quelquefois destructeur.